Pour des routes plus sûres – Edition du 5 juillet 2018

C’EST L’HISTOIRE D’UN AUTOMOBILISTE … qui ne voulait plus conduire

J’étais jeune et con, comme on dit ! Je venais d’acquérir ma première voiture et je me sentais tout puissant. Je pouvais enfin aller et venir comme bon me semblait. La liberté de me déplacer sans demander l’aide de personne, l’ivresse de la vitesse, et le bonheur de frimer avec mon nouveau bolide. Un véhicule puissant qui me procurait une sensation d’invincibilité. Mais il ne s’agissait que d’une impression car un soir d’été, après un barbecue bien arrosé, je n’étais plus en capacité de conduire. Mes amis m’ont bien prévenu. Pourtant, j’ai pris le volant, ignorant leurs avertissements. Vingt minutes plus tard, j’ai eu un accident, grave.

Plus de peur que de mal pour moi mais, dans la voiture que j’ai percutée, se trouvait quatre personnes dont l’une est aujourd’hui paraplégique. Je pensais réellement pouvoir rentrer chez moi, me disant que cela n’arrive qu’aux autres. Je connaissais la route par cœur, j’aurais pu la faire les yeux fermés… Mais pas ivre apparemment. C’était il y a 20 ans, et depuis, je vis en sachant que j’ai gâché la vie de quelqu’un et de tous ses proches. De mon côté, je suis conscient que j’ai eu de la chance de m’en sortir mais je ressens une culpabilité indescriptible. Si seulement j’avais écouté mes amis. Si seulement j’avais été prudent et raisonnable. Si seulement… Je ne toucherai plus jamais une voiture de ma vie, c’est certain. J’ai trop peur des conséquences et je ne me fais plus confiance. La liberté que je pensais avoir trouvé m’en a en réalité privé.

Laurent, 42 ans