Edition du 21 février 2019
C’EST L’HISTOIRE D’UN SERVICE… victime de son succès
“Le week-end à Toulouse, les gens n’ont pas 36 possibilités. Entre faire appel à SOS Médecins et avancer le montant de la consultation, ou se rendre aux urgences pour un service gratuit, le choix est vite fait pour une grande partie de la population. C’est véritablement devenu un réflexe et les structures comme les Maisons médicales de garde ne sont pas suffisamment connues.
Nous sommes de plus en plus sollicités et, quand arrivent des épidémies comme ce fût le cas récemment avec la grippe, nous sommes systématiquement débordés. Les équipes médicales sont jeunes et manquent de stabilité. Nous nous retrouvons régulièrement avec des personnels à qui l’on demande d’enchaîner une deuxième garde ou que l’on appelle pour combler les trous du planning alors qu’ils sont en repos. Normalement, nous sommes là pour prendre en charge les urgences vitales et orienter les autres.
Ce qui me déplaît le plus, c’est de devoir stocker des patients sur des brancards dans l’attente de lits qui n’arrivent pas. Dans ces cas-là, j’ai l’impression de leur apporter plus d’inconfort qu’autre chose et de ne pas faire correctement mon travail. Régulièrement, les familles me reprochent de ne pas leur donner de nouvelles. Mais je n’ai pas le temps ! Le plus frustrant est que cette situation est le fruit d’une réalité dont on ne parle que très peu. Avec la chirurgie ambulatoire, le service des urgences est celui qui rapporte le plus d’argent à l’hôpital. La logique économique rend inintéressant le refus d’un patient, même si son état n’a rien d’urgent.”
Sonia, infirmière dans un service des urgences à Toulouse