Par Nicolas Mathé
MARQUE-PAGES. La rentrée, c’est une tonne de pépites littéraires à découvrir. Plusieurs libraires toulousains ont accepté de nous aiguiller dans cette jungle en partageant leurs coups de cœur.
Roselyne Gutierrez, de la libraire Renaissances
« Trois romans m’ont particulièrement interpellé. Le premier est Sucre noir de Miguel Bonnefoi (Éditions Rivages). L’histoire est en apparence très classique ; le naufrage d’un bateau pirate avec un trésor. Mais le rythme et l’intrigue en font un livre passionnant ancré dans des préoccupations contemporaines. Ensuite, je conseille Glaise de Franck Bouysse (Manufacture des livres), un roman rural se déroulant durant la Première Guerre mondiale. Une belle histoire sur la vie de la ferme qui reposait sur les femmes, tandis que les hommes étaient à la guerre. Enfin, mon 3e coup de cœur est l’œuvre d’une Toulousaine, Rachel Corenblit. Dans Les attachants (Éditions du Rouergue), elle décrit sous une forme romanesque le travail d’une institutrice auprès de gamins loin d’être issus des hautes sphères. Un livre plein de tendresse sur la manière de faire son métier, tout en se révoltant. »
Hervé Floury, de la libraire Floury Frères
« J’ai été très emballé par le dernier Yannick Haenel, Tiens ferme ta couronne (Gallimard). Un personnage qui vit en marge de la société a une obsession : trouver un producteur pour le scénario qu’il a écrit sur la vie d’Herman Melville. Une quête d’absolu très drôle, bourrée de références cinématographiques, en même temps qu’une réflexion sur la puissance de la littérature. J’ai aussi adoré Taba- Taba (Seuil), de Patrick Deville, un autre auteur que je suis avec attention. Il revient sur les traces généalogiques de sa famille. Passionnant et magnifiquement écrit. Je pourrais citer également L’avancée de la nuit (Éditions de l’Olivier), de Jakuta Alikavasovic, une histoire d’amour sur fond de conflit yougoslave dans les années 1990, Black Village (Verdier), de Lutz Baltman, alias Antoine Volodine ou encore le dernier roman de Marie-Hélène Lafon, Nos vies (Buchet/Chastel), qui est une petite merveille. »
François-Xavier Schmit et Céline Minard, de la libraire L’Autre Rive
François-Xavier Schmit: « Mon premier coup de cœur est L’invention des corps (Acte Sud), de Pierre Ducrozet. L’histoire d’un jeune prof rescapé du massacre des étudiants d’Iguala, au Mexique, qui se réfugie en Californie et se vend comme cobaye dans une entreprise de la Silicon Valley pour subsister. Une réflexion passionnante sur l’absurdité des rêves contemporains. Il y a également le roman de Colson Whitehead, Underground Railroad (Albin Michel), qui a été couvert de prix aux États-Unis, et c’est plus que mérité. On y suit une jeune esclave qui s’enfuit vers le Nord grâce à un réseau clandestin. Je conseille aussi fortement Tangwald (Rouergue), d’Olivier Kemeid, un auteur québécois ; et Souvenirs de marée basse (seuil), de Chantal Thomas.
Céline Minard : « De mon côté j’aimerais mettre en avant Les buveurs de lumières (Métailié), de Jenni Fagan, ainsi qu’un roman ado de Susan Nielsen : Les optimistes meurent en premier (Hélium). L’histoire d’une jeune fille de 16 ans devenue phobique suite à un drame familial et qui reprend confiance grâce à une rencontre. C’est très fort et très juste. »
Les conseils BD de Yoann, de la libraire Terres de légendes
« Il ne faudra pas rater en octobre le 3e tome de Hip-hop family tree, d’Ed Piskor, un auteur de comics alternatifs. Un documentaire sur l’histoire du hip-hop passionnant, même si l’on n’est pas amateur du genre. Et au rayon jeunesse, je conseille vivement la série Supers, dont le scénariste Frédéric Maupomé, est Toulousain. Cela parle de trois enfants ayant des super-pouvoirs, dont on suit la vie ordinaire, dans le monde contemporain. Ça se lit dès sept ans et c’est très intelligent.
Commentaires