Occitanie. Les médecins salariés comme remèdes aux déserts médicaux
Face aux déserts médicaux, la solution des médecins salariés par les différentes collectivités est en train de fortement se développer en Occitanie.
En France, dans une ville sur neuf, il faut attendre en moyenne 21 jours pour obtenir un rendez-vous chez un généraliste pour un nouveau patient, sans notion d’urgence. Pour les consultations chez les spécialistes, ce délai peut atteindre jusqu’à plus de cinq mois. Si le constat des déserts médicaux n’est pas nouveau, l’enquête réalisée par le magazine Marianne au début du mois d’octobre avait pour but d’en mesurer l’ampleur dans 314 villes françaises. Et en la matière, l’Occitanie n’est pas épargnée avec des villes comme Condom dans le Gers (265ème du classement), Saint-Gaudens en Haute-Garonne (239ème) ou encore Albi (269ème) où les délais d’attente sont parmi les plus longs de toutes les communes observées. Les Métropoles sont également concernées par la situation. Légèrement mieux classée, Toulouse arrive tout de même à la 100ème position selon l’enquête de Marianne.
Un Groupement d’intérêt public bientôt créé
Pour remédier à cette problématique, une des solutions les plus prisées à l’heure actuelle, et qui est train de se développer fortement en Occitanie, est d’avoir recours à des médecins salariés. Durant la campagne des élections régionales, Carole Delga présidente de la Région, avait fait du sujet un de ses projets phares. Evoquant notamment le recrutement de 200 généralistes financés par la collectivité. “Nous avançons rapidement avec la prochaine création du Groupement d’intérêt public (GIP) qui permettra d’embaucher les médecins. Cette structure réunira la Région et les différents partenaires comme les Départements et les communautés de communes. Des lettres de manifestations d’intérêt ont été envoyées aux collectivités, nous serons prêts juridiquement aux alentours de l’été 2022”, confie Vincent Bounes, vice-président de la Région en charge de la santé.
Réduire les inégalités d’accès à la santé
Ces futurs médecins salariés pratiqueront au sein de centres de santé qui ouvriront au fur et à mesure en Occitanie. “Plusieurs structures ont déjà été identifiées, dans des territoires ruraux, mais aussi des centres de villes plus importantes. Ces centres fonctionneront avec un noyau de 3 à 5 médecins généralistes plus d’autres praticiens. D’ici courant 2022, une dizaine ouvriront leur porte”, précise Vincent Bounes. Parmi les collectivités intéressées par la démarche, le Département du Gers est déjà en ordre de bataille. Philippe Martin, président du Conseil départemental, a récemment désigné quatre premiers territoires qui accueilleront des médecins salariés en 2022, en collaboration avec la Région. Le premier centre territorial de santé du Gers est ainsi prévu à Fleurance pour le premier trimestre de l’année prochaine. Suivront ensuite Vic-Fezensac, Gondrin ou encore Plaisance. Selon Philippe Martin, c’est la volonté de “réduire les inégalités d’accès à la santé” qui poussent le Département à salariés des médecins généralistes, puis, certainement dans un deuxième temps, des spécialistes.
“Un évolution qui correspond aux besoins des jeunes médecins”
“Ce n’est pas “la” solution qui va régler tous les problèmes mais une des solutions, confirme Vincent Bounes. C’est une évolution qui correspond à la demande et aux besoins des jeunes médecins pour lesquels le salariat représente moins de contraintes. Pour la plupart, ceux-ci se retrouvent moins dans le mode d’exercice libéral des générations précédentes. Ils hésitent également à franchir le cap de l’installation qui nécessite un lourd investissement. Le but n’est évidemment pas d’opposer médecine libérale et salariée. Les centres ouvriront dans des endroits où il n’y a pas ou plus de médecins libéraux”.
Des conditions de travail confortables
Concrètement, le GIP initié par la région Occitanie fournira les locaux et tous les équipements aux futurs médecins qui seront salariés à 35 heures. Hormis la somme de départ investie par les collectivités pour monter les centres, ceux-ci seront ensuite financés par les consultations des praticiens qui y travaillent. Des conditions confortables pour ces derniers qui n’auront pas à gérer l’aspect comptable et administratif d’un cabinet. “De plus, ils seront totalement partie prenantes du projet médical des centres de santé. Le salariat leur permettant par exemple de prendre le temps de faire des actes longs et compliqués. Ce sont eux qui définiront leur orientation en toute indépendance”, précise l’élu. Leur contrat stipulera tout de même quelques impératifs, comme le fait de participer aux gardes, afin d’assurer la permanence des soins, ainsi que le fait d’assurer des soins non programmés ou des visites à domiciles et en EHPAD. La Région fournira à cet effet des voitures électriques.
Environ 60 médecins déjà identifiés
Preuve que les conditions d’exercice sont plus déterminantes que la zone géographique d’installation dans le choix des médecins actuels, un soixantaine jeunes généralistes, mais aussi de jeunes retraités ayant envie de poursuivre leur activité à temps partiel, a déjà fait part de son intérêt pour intégrer un des futurs centres de santé.