Ce jeudi 21 janvier, les victimes présumées du Lévothyrox sauront si la Cour d’appel de Toulouse leur accorde, comme elles le demandent, une expertise pharmacologique complémentaire.
Le changement de formule du Lévothyrox, un médicament produit par le laboratoire Merck, est-il à l’origine des effets secondaires indésirables chez des milliers de malades ? Voilà la question que se posent, depuis plus de quatre ans, les 17 000 victimes présumées de ce traitement contre les problèmes de thyroïde. Ce jeudi 21 janvier, la cour d’appel de Toulouse devrait donc se prononcer sur la nécessité de mener, ou non, un complément d’expertise pharmacologique.
La seule manière, pour les victimes, de lever définitivement leurs soupçons et de mettre un terme au scandale sanitaire qu’elles dénoncent. « En première instance, nous n’avons obtenu qu’une expertise des malades, qui s’est d’ailleurs très mal passée. Mais pas celle du médicament, ce qui paraissait pourtant une évidence. Si le laboratoire Merck n’a rien à se reprocher pourquoi refuse-t-il systématiquement une telle étude », s’interroge Maître Lévy, qui représente plusieurs victimes à Toulouse.
En effet, ces dernières contestent l’objectivité et la pertinence d’une étude, émanant du laboratoire lui-même, prouvant la bio-équivalence des deux formules du médicament dont la composition a été modifiée en 2017. Ainsi que du rapport final de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) concluant à l’absence « d’arguments en faveur d’une toxicité propre de la nouvelle formule du Levothyrox ». Les malades ayant bénéficié d’un traitement à base de Lévothyrox, et mal réagi à la nouvelle formule, sont convaincus que, pendant une période au moins, l’usage d’un excipient ou la présence d’impuretés a mis leur santé en danger.
« À partir du moment où celle-ci a été commercialisé, je suis tombée dans un état d’épuisement tel que je ne pouvais plus conduire. Certains malades ont des séquelles neurologiques ou ont perdu leurs cheveux. Bizarrement, ces symptômes ont disparu avec l’arrêt du traitement ou le retour à l’ancienne version », raconte Sylvie Chéreau, l’une des victimes. Lors de la première expertise, l’ANSM avait conclu a un effet Nocebo, une conséquence psychologique indépendante de la molécule, ou à des troubles dépressifs.
Des conclusions irrecevables et tirées d’une étude inexacte selon Maître Lévy. D’autant que les effets secondaires ont significativement disparu en décembre 2018. « Nous avons la preuve que la composition à été de nouveau modifiée à cette période, mais nous ne pouvons pas obtenir de détails sur la nature de ce changement », précise l’avocat des victimes qui demande à ce que des tests détaillés soient effectués sur des lots de Lévothyrox datant de 2016 (ancienne formule) ainsi que 2017 et 2019 (chacune des deux versions de la nouvelle formule). « Le laboratoire à corrigé sa formule au moment où nous avons révélé le scandale. Je suis convaincue que nous avons servi de cobaye et été empoisonnés », se révolte Sylvie Chéreau qui attend beaucoup de ces nouvelles analyses.
« Cela permettrait de faire toute la lumière sur la question. Si les excipients sont mis hors de cause et que des laboratoires indépendants ne décèlent pas d’impuretés qui auraient pu nous rendre malade, alors Merck serait blanchi et l’affaire serait close. Mais tant que le doute persiste, nous continuerons à mener le combat », assure-t-elle.
La décision de la Cour d’appel de Toulouse pourrait donc, en cas d’avis favorable, permettre aux victimes de recourir à des laboratoires indépendants pour mener à bien une étude pharmacologique plus poussée. Dans le cas contraire, celles-ci devront attendre le verdict du tribunal de Lyon, juridiction dont dépend le siège de Merck, où Maître Lévy a lancé une procédure similaire.
Commentaires