SANTÉ – Cette action collective engagée contre le laboratoire Merck par des avocats toulousains vise à obtenir une indemnisation rapide pour les malades de la thyroïde, victimes d’effets indésirables qui seraient liés à la nouvelle formule du Lévothyrox. Les dossiers de plaintes pourront être déposés jusqu’au 15 février. – Axelle Szczygiel
© Franck AlixÀ l’issue d’une courte audience mardi 19 décembre 2017, le tribunal d’instance de Lyon a annoncé que le procès de l’action collective engagée contre le laboratoire Merck, fabricant du Lévothyrox, aurait lieu le 1er octobre 2018. « Ce calendrier a le mérite de rendre possible une décision de la justice dans l’année de sa saisine, ce qui est déjà important », a immédiatement réagi maître Christophe Lèguevaques. L’avocat toulousain avait assigné le laboratoire le 25 octobre 2017 en déposant les 108 premiers dossiers de cette action collective d’une ampleur rare. « Plus de 500 nouvelles assignations ont été enregistrées mardi, 2 000 autres sont en attente de l’être et nous devrions atteindre rapidement les 3 000 », indique-t-il.
Dans cette affaire, les plaignants sont des malades de la thyroïde qui se disent victimes des effets indésirables liés, selon eux, à la nouvelle formule d’un médicament, le Lévothyrox, mise au point par le laboratoire Merck et commercialisée depuis mars 2017. « Si la majorité des 2,7 millions de personnes qui prennent du Lévothyrox – qui n’est pas un traitement de confort mais bien vital – ont plutôt bien supporté cette modification, cela n’a pas été le cas pour 3 à 10% d’entre eux », précise Me Lèguevaques. « Des effets secondaires sont apparus allant des crampes aux maux de tête en passant par une fatigue extrême, des vertiges ou encore des pertes de cheveux. Certains ont même dû être hospitalisés pour des problèmes cardiaques graves. » Tout cela, « sans qu’aucune information préalable sur les effets indésirables pouvant résulter de cette nouvelle formule n’ait été portée directement à la connaissance des patients. »
L’avocat toulousain réclame donc pour chacun des malades une indemnité forfaitaire de 10 000 euros pour la réparation des préjudices moraux : 5 000 euros pour le défaut d’information et 5 000 euros pour le préjudice d’angoisse. Reste à monter les dossiers de tous les plaignants pour les déposer devant le tribunal d’ici le 15 février prochain. Un travail colossal pour l’équipe de quatre avocats qui portent l’action collective, même si celle-ci a été ralliée par quelques autres avocats répartis sur le territoire national. « Tout va dépendre maintenant de la motivation des plaignants et de leur réactivité pour nous fournir les pièces justificatives (certificat médical, ordonnances…) », indique Me Lèguevaques. « Si des dossiers nous parviennent après le 15 février, il faudra penser à une deuxième procédure, non jointe à la première, avec à la clé une décision plus tardive. »
Une procédure distincte sera par ailleurs lancée prochainement pour permettre aux victimes d’obtenir la réparation de leurs préjudices corporels. « Sachant qu’on ne pourra pas solliciter une expertise pour chacun des 3 000 plaignants, il faudra selon moi la réserver aux dossiers lourds, lorsqu’il y a eu hospitalisation, arrêt de travail… », poursuit l’avocat, la bataille ne fait donc que commencer, d’autant que Me Lèguevaques s’engage sur un troisième terrain. Le 14 novembre dernier, il a écrit à Agnès Buzyn, ministre de la Santé, pour lui demander d’enjoindre le laboratoire Merck, à produire l’ancienne formule du Lévothyrox pour l’ensemble des patients français…
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