La coopérative Consign’Up vient d’ouvrir un centre de lavage de bouteilles en verre près de Toulouse pour développer le réemploi du verre dans la région. Un dispositif inédit en Haute-Garonne.
Autrefois courant, le système de consigne a bien failli disparaitre en France. Mais, depuis quelques années, celui-ci fait son retour, notamment en Haute-Garonne. Pour preuve, la coopérative Consign’Up, dédiée au réemploi des bouteilles en verre, vient d’ouvrir un centre de lavage de 720 m2 pour ces contenants près de Toulouse, précisément à Portet-sur-Garonne. Il s’agit du premier dans le département. « On en trouve en Dordogne, dans l’Hérault ou en Loire-Atlantique. Mais en Haute-Garonne, il n’y avait que du lavage de contenants en verre autres que des bouteilles », indique Jodie Martin, directrice opérationnelle de Consign’Up. Et la différence est importante. « Ici, le lavage se fait par immersion et non par aspersion, comme dans un lave-vaisselle. En clair, nous plongeons les bouteilles dans un bain chauffé à 80 degrés, avec 2% de soude, pour nettoyer la bouteille à l’intérieur et à l’extérieur et décoller l’étiquette qui est apposée. Après ça, la bouteille va être rincée à l’eau claire », détaille-t-elle.
Un procédé aux avantages non négligeables pour l’environnement, car il ne faut pas confondre “réemploi” et “recyclage”. « Le réemploi permet d’économiser 55% d’eau et 80% de CO2 par rapport au recyclage des bouteilles en verre », informe Jodie Martin. Pour rappel, le recyclage consiste à briser les bouteilles en morceaux, à les laver puis à les fondre à 1500 degrés pour en fabriquer de nouvelles. La directrice opérationnelle tient toutefois à souligner que « le recyclage, c’est très bien ». « Mais cela reste énergivore parce qu’au lieu de chauffer un bain à 80 degrés, on fait monter un four à 1 500 degrés. Et celui-ci fonctionne en continu, alors que le lavage ne dure que 20 minutes », note Jodie Martin.
Avec cette unité de lavage, Consign’Up serait en capacité de laver « six millions de bouteilles par an, à une cadence de 3 000 par heure », révèle-t-elle. Pour le moment, la coopérative n’en collecte pas suffisamment pour atteindre la pleine capacité de l’unité de lavage. « Cette année, nous en avons récupéré 180 000. L’année prochaine, nous prévoyons d’atteindre les 550 000 bouteilles lavées. Et, notre objectif, à horizon 2027, est de dépasser le 1,5 million », annonce Jodie Martin. Pour cela, Consign’Up va devoir travailler avec davantage de producteurs, au nombre de 50 actuellement. Parmi eux, on retrouve des brasseries comme Le Veilleur de Bières, des vignerons à l’instar de Maison Ventenac, mais aussi La P’tite Ferme qui vend du lait en bouteilles et La ferme de Métou, des jus. « Nous voulons multiplier le nombre de producteurs partenaires par deux », affirme-t-elle.
Un objectif qui ne semble pas insurmontable pour la coopérative qui, pour le lavage des bouteilles, « s’appuyait jusqu’à présent sur le réseau de France Consigne ». « Ce collectif, dont nous faisons partie, regroupe dix opérateurs de réemploi, dont certains disposent de centres de lavage, qui se sont mis en lien pour définir un standard de bouteilles. Il fallait effectivement les normaliser pour faciliter le nettoyage. Un cahier des charges règlemente par exemple les étiquettes collées sur les bouteilles afin qu’elles puissent se décoller dans n’importe quel centre de lavage. Chacun de ces opérateurs accompagne désormais des producteurs partenaires de sa région dans la mise sur le marché de ces bouteilles qui sont ensuite récupérées dans les magasins membres du réseau », informe Jodie Martin. Consign’Up dispose, de son côté, d’un réseau de 70 points de collecte, tels que les magasins Biocoop, Drive tout nu et Le Fourgon. Là encore, la coopérative veut augmenter leur nombre.
Tout un travail de sensibilisation auprès des consommateurs est également à réaliser. « Aujourd’hui, seules 45% des bouteilles consignées reviennent dans les points de collecte. Il faut augmenter ce taux de retour », révèle la directrice opérationnelle qui compte ainsi « travailler sur la visibilité de l’offre à travers des compagnes de communication » pour que les consommateurs prennent l’habitude de ramener ces bouteilles. « Nous mettons à leur disposition des casiers dans les magasins partenaires pour qu’ils puissent les stocker et les ramener. Comme nous pratiquons la consigne financière dans nos points de collecte, le consommateur va être remboursé de 30 centimes au retour de ses bouteilles », spécifie Jodie Martin. Ensuite, Consign’Up fait appel à des sous-traitants logistiques « pour mutualiser le transport de ces bouteilles » à récupérer dans sept départements de la région : Haute-Garonne, Tarn, Tarn-et-Garonne, Gers, Hautes-Pyrénées, Ariège et Aude. Puis, une fois qu’elles sont lavées, la coopérative les revend à ses producteurs partenaires. Et la boucle du réemploi est bouclée.
Afin de « soutenir l’ouverture de ce centre de lavage », la coopérative a lancé une campagne de financement participatif avec pour objectif de lever 100 000 euros. « Cela permettra de couvrir les coûts d’exploitation du centre de lavage mais aussi d’investir pour développer l’activité et, d’ici 2027, pouvoir doubler les effectifs afin d’augmenter la cadence de lavage », envisage-t-elle. Actuellement, quatre personnes en CDI travaillent sur l’unité de lavage. « Une personne dispose les bouteilles sur le tapis roulant qui les conduit à la laveuse, une s’assure que la bouteille est bien propre et qu’il n’y a pas de résidus d’étiquette, ni de colle et qu’elle n’est pas ébréchée, une autre met les bouteilles sur la palette et la dernière personne range celle-ci », décrit la directrice opérationnelle de Consign’Up, entreprise qui a parcouru du chemin depuis sa création en 2019. Au départ association, elle est devenue une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) qui regroupe à présent 90 sociétaires, dont des producteurs, magasins, consommateurs, grossistes, entreprises d’insertion et salariés. Et son évolution n’est donc pas terminée…
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