Préféré à Antoine Maurice pour être le chef de file des écologistes en vue des Municipales 2026, Régis Godec travaille maintenant à mobiliser les forces politiques de gauche pour une liste unique à Toulouse, dès le premier tour ; il se dit même « disponible » pour en prendre la tête. Pour cela, il tire les leçons des échecs de 2020. Interview.
Régis Godec, ce 12 novembre dernier, vous avez été élu, par les adhérents d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), chef de file des écologistes Toulouse pour les Municipales 2026. Concrètement, quel est votre rôle ?
Je vais maintenant animer la campagne des élections municipales pour les écologistes. J’en serai le porte-parole et le leader. Notre volonté première étant de parvenir à constituer une liste d’union des gauches dès le premier tour, je serai ainsi le premier des candidats écologistes sur celle-ci, et même la tête de liste si elle est conduite par les écologistes. A Toulouse, la gauche et les écologistes sont majoritaires sur toutes les élections nationales, et ce depuis des années. Pour autant, ils perdent les Municipales. Si l’on veut mettre un terme au “paradoxe toulousain” comme le nomment les commentateurs politiques, la bonne recette est l’union dès le premier tour. C’est une proposition que nous faisons à nos potentiels partenaires politiques. Alors, oui, je suis disponible pour conduire cette liste. En revanche, ce n’est pas un prérequis ni une condition incontournable. Nous sommes donc prêts à discuter d’autres configurations.
Dans ces discussions, sur quels points EELV ne transigera pas ?
Sur le projet du RER métropolitain notamment. Nous avons, à Toulouse, une étoile ferroviaire que nous pourrions remettre en chantier et qui nécessite une grande coopération entre collectivités locales. Nous pensons qu’il pourrait être le projet phare de la Métropole. De même, nous ne cèderons pas sur les questions du renouvellement démocratique et de l’implication des citoyens dans les politiques publiques. La démocratie participative à Toulouse est largement insatisfaisante et nous devons faire des propositions pour améliorer la place du citoyen dans la gouvernance de la cité.
Régis Godec, vous n’exigez donc pas d’être tête de liste d’une éventuelle liste d’union de la gauche au premier tour des Municipales 2026 à Toulouse ?
Non, car cela serait contradictoire de vouloir discuter avec l’ensemble des forces de gauche pour trouver nos points de convergences, identifier nos divergences, pour faire une liste commune, tout en disant que, dans tous les cas de figure, nous conduirons la liste. Quand on commence à travailler comme ça, et certains le font, on ferme la discussion dès le départ. Nous souhaitons, au contraire, ouvrir les négociations avec toute la gauche de Toulouse, mais aussi de la métropole puisqu’il y a des élections dans les 37 communes qui la composent.
Et si l’union que vous espérez tant ne se concrétise pas au premier tour, vous serez tête de liste d’une candidature EELV ?
L’union se fera car nous avons déjà des partenaires, la seule question est son périmètre. Nous sommes d’ores et déjà en capacité de déposer une liste qui dépasse les seuls rangs EELV, mais notre volonté va au-delà d’une liste à quelques-uns au premier tour, pour ensuite tenter de se rabibocher avec le reste de la gauche dans la nuit. Nous souhaitons vraiment rallier toute la gauche, car nous n’avons aucun intérêt à présenter des listes séparément. Nous devons mettre de côté les questions nationales qui sont des points de divergence, car sur le plan local, nous avons beaucoup en commun. Toutefois, aujourd’hui, les conditions du dialogue ne sont pas très bonnes : tout le monde s’accorde à dire que nous devons travailler ensemble, mais on ne voit pas de mécanisme de convergence se mettre en place.
Tout comme en 2020, où le Parti Socialiste et Generation.s avaient fait cavaliers seuls. Pourquoi seraient-ils plus à même aujourd’hui d’accepter cette union ?
Dès la semaine dernière, nous avons tendu des mains et essayer de créer les conditions d’un dialogue sincère avec le PS, La France Insoumise, Generation.s, Place Publique, les communistes, Archipel Citoyen. le Printemps Toulousain… Des rendez-vous sont d’ores et déjà prévus avec certaines formations politiques dont je tairais les noms. Car, aujourd’hui, dans un contexte de forte montée du Rassemblement National, nous aurions tout intérêt à être responsables et à montrer que nous savons travailler ensemble.
A Toulouse, “l’ennemi commun” à la gauche est-il le Rassemblement National ou Jean-Luc Moudenc ?
Dans la Ville rose, on imagine pas que le RN puisse constituer une majorité, mais leur progression est réelle. Quant à Jean-Luc Moudenc… Si nous voulons pouvoir proposer une alternance politique, nous n’avons d’autre choix que de nous unir. Malheureusement, l’ennemi majeur de la gauche… c’est la gauche elle-même. On a une fâcheuse tendance à partir tout seul, à ne pas se ménager des conditions de dialogue intéressantes, à jouer la posture des gauches irréconciliables. Et cela nous amène fatalement à l’échec. C’est d’ailleurs la raison du “paradoxe toulousain”. Si la municipalité est à droite depuis des années, à une exception prêt en 2008 (élection de Pierre Cohen, NDLR) c’est parce que la gauche n’a pas su travailler ensemble.
C’est selon vous, la raison de l’échec en 2020 ?
Il est en partie dû à ce manque de dialogue, oui. Nous avons offert la victoire à Jean-Luc Moudenc. Nous lui avons permis de diaboliser son adversaire. Il a d’ailleurs passé plus de temps à en dire du mal qu’à dire du bien de son propre projet. Et nous avons prêté le flanc. A nous d’en tirer les leçons !
De même, les discussions d’entre-deux-tours à gauche ont été difficiles pour aboutir à une fusion d’Archipel Citoyen avec Generation.s de Pierre Cohen et le PS, mais sans la tête de liste socialiste qui s’est retirée (Nadia Pellefigue, NDLR) ; sans oublier que le numéro 2 de la liste socialiste (Michel Lacroix, NDLR) a soutenu Jean-Luc Moudenc au second tour… Ça a été tellement douloureux que l’élan du premier tour n’a pas pu se confirmer au second. A cela s’ajoute le confinement dû au Covid-19, qui a coupé la dynamique à gauche.
Ces discussions douloureuses ont-elles une chance d’aboutir en 2026, dès le premier tour ?
C’est ce que nous allons vérifier ! L’une des raisons de ma désignation par les militants pour devenir chef de file des écologistes face à Antoine Maurice est sans doute que, en tant qu’acteur impliqué depuis longtemps dans le paysage toulousain, j’ai acquis en crédibilité. Les politiques, même mes opposants, et les associations me respectent et me reconnaissent un travail sérieux. J’ai également une expérience dans l’exécutif puisque j’étais dans l’équipe municipale en 2008, puis dans l’opposition en 2014. J’espère alors que ma capacité à travailler avec tous les partenaires permettra d’aller vers l’union. J’ai peut-être plus de chance d’y parvenir aussi parce que je n’incarne pas les rivalités de ces dernières années. En toute modestie, je souhaiterai être le catalyseur du rassemblement de la gauche et des écologistes. Toutefois, si nos partenaires nous répondent qu’ils ne travailleront jamais avec nous, nous en prendrons acte. Nous n’allons pas passer des mois à essayer de constituer une liste commune si la gauche n’en veut pas.
Quelles sont les prochaines échéances dans votre calendrier électoral ?
Nous souhaiterions être capable, début 2025, d’organiser un rendez-vous commun pour confronter nos projets. Ensuite, courant du premier semestre 2025, nous officialiserions le nom des forces de gauche décidées à s’unir avec les écologistes pour faire liste commune au premier tour. En quelques mois, nous voulons créer une dynamique de rassemblement. Il faut accélérer le travail ! La campagne a commencé !
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