Depuis le mois de septembre, des souffleurs d’images viennent régulièrement au Pavillon Blanc Henri Molina à Colomiers afin d’accompagner des personnes malvoyantes. Une méthode idéale pour rendre la culture accessible à des publics en situation de handicap visuel.
Tout le monde a droit à la culture. Depuis le mois de septembre, le service de Souffleurs d’images de l’association Souffleurs de Sens a investi les événements culturels de la médiathèque, le Pavillon Blanc Henri Molina à Colomiers. Les bénévoles viennent accompagner des personnes malvoyantes selon les besoins, proposant ainsi une solution d’accessibilité pour ces publics défavorisés face à la culture. Le principe est simple : comme des guides, les souffleurs d’images décrivent les œuvres scéniques ou artistiques aux visiteurs en situation de handicap visuel.
Un service à ne pas confondre avec l’audiodescription comme l’explique Victor Dobin, responsable du dispositif Souffleurs d’images « En général, une audiodescriptrice est présente en régie pour toute une salle de concert ou préenregistre un message lors d’une exposition. Elle connaît l’œuvre et communique via un micro avec les personnes malvoyantes qui portent un casque. En soufflage, c’est différent. Nous découvrons les œuvres en même temps que la personne que nous accompagnons. Et notre service est individualisé, à la demande. Mais les deux restent complémentaires. » Grâce à cette initiative, la culture devient un terrain inclusif, offrant à chacun la possibilité de s’immerger dans le monde artistique, indépendamment de ses capacités visuelles.
La création de ce service est issue d’un constat. Victor Dobin raconte : « Ce dispositif répond à une demande d’accès aux lieux de culture par les publics en situation de handicap visuel. » Des sollicitations renforcées par une étude publiée récemment. « En février 2023, l’étude Homère s’est penchée sur la consommation culturelle des publics en situation de handicap visuel. Elle dévoile alors les principaux obstacles à l’accès à la culture. Les personnes interrogées ont pointé du doigt l’absence d’audiodescription (ou de mauvaise qualité), les difficultés d’accès aux lieux culturels ou l’inaccessibilité numérique des contenus en ligne. Elles soulignent également l’absence de formation du personnel d’accueil. »
L’association Souffleurs de sens préexiste à cette étude et s’est toujours focalisée sur l’accessibilité des lieux culturels. Mais les données dévoilées en 2023 confortent ses ambitions. Victor Dobin précise : « Nous allons donc nous intéresser à ce que nous appelons les besoins spécifiques et la manière dont nous pouvons apporter une réponse à cette demande. Et cela varie d’une personne à l’autre. » Depuis plusieurs années, l’association forme ainsi des étudiants en art, des artistes ou encore des professionnels de la culture au guidage et au soufflage afin de parfaire l’accompagnement.
L’association a d’abord été sollicitée par la Mairie de Toulouse dans le cadre de son dispositif “Ville pour tous”, en 2022. Souffleurs de Sens y a ainsi formé des volontaires et sensibilisé des professionnels et des personnes malvoyantes. « Nous avons au total 65 bénévoles sur le territoire toulousain qui sont capables de faire des accompagnements dans les lieux culturels partenaires. »
Puis les 29 et 30 septembre derniers, l’association a lancé un premier appel aux bénévoles toulousains afin d’assurer des accompagnements au Pavillon Blanc Henri Molina à Colomiers dans le cadre de l’exposition “Beau jeu, mauvais genres”. C’est la directrice de l’établissement qui a contacté Souffleurs de Sens afin d’améliorer l’accessibilité des lieux. Les volontaires ont alors répondu présents pour cette phase de test. Deux jours concluants puisque la Ville de Colomiers a ensuite validé le partenariat avec l’association lors du Conseil municipal en date du mercredi 8 novembre.
Pour en bénéficier, rien de plus simple. Une personne malvoyante doit d’abord réserver sa place pour une exposition ou un concert au choix auprès d’un lieu partenaire, en précisant qu’elle sera accompagnée par un souffleur d’images. Elle n’aura qu’une place à payer, celle de l’accompagnant étant prise en charge par l’établissement culturel. Il ne lui reste plus qu’à solliciter l’association : « Ensuite, nous lançons un appel à bénévole qui se positionne sur l’événement. Puis, nous lui donnons les contacts du bénéficiaire afin qu’il puisse préparer la sortie. »
Le bénévole doit alors s’interroger sur les besoins et les envies de la personne et sur sa capacité visuelle. « Avant la visite, nous lui demandons si elle préfère que nous lui décrivions la mise en scène, la scénographie, les costumes ou les décors… Nous faisons en sorte de lui apporter ce qui l’intéresse vraiment », précise Victor Dobin. Le souffleur d’images va alors décrire tout ce qui se passe soit sur scène, soit dans l’exposition pour que la personne accompagnée puisse se faire sa propre interprétation des œuvres.
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