Un masque Fang, vendu aux enchères à prix d’or à Montpellier, est réclamé par le Gabon. Une bataille judiciaire oppose l’État africain à un couple de retraités français et à un brocanteur.
Un masque Fang, une œuvre d’art africain du XIXe siècle, fait l’objet d’une bataille judiciaire entre un couple de retraités français, un brocanteur et l’État gabonais. Ce dernier réclame la restitution de l’objet, qu’il considère comme un bien culturel pillé pendant la colonisation.
Ce masque a été cédé aux enchères à Montpellier en mars 2022 pour 4,2 millions d’euros. Il avait été acquis six mois plus tôt par un brocanteur pour 150 euros auprès d’un couple de retraités qui en avaient hérité de leur ancêtre, ancien gouverneur du Gabon colonial.
Le brocanteur et le couple se disputent la propriété de l’objet devant le tribunal d’Alès. Mais l’affaire a pris une autre tournure quand l’État gabonais s’est invité dans le débat il y a un mois. Il porte plainte pour recel et demande la restitution du masque.
Le masque Fang est une pièce rare et précieuse. Il appartenait aux rituels secrets de la société du Ngil, du peuple Fang au Gabon. Le masque servait à rendre la justice et à chasser les sorciers. Il était caché dans la demeure des chefs qui possédait tous les droits pour découvrir la vérité et rétablir l’ordre. Même la torture et la mise à mort des suspects.
Les autorités coloniales françaises ont fini par interdire ces pratiques au début du XXe siècle. Des masques ont été confisqués ou détruit. Il n’en reste aujourd’hui qu’une dizaine dans le monde. Certains sont exposés dans des musées occidentaux.
L’État gabonais se fonde sur le principe du droit des peuples à disposer de leur patrimoine culturel. L’État français ouvre généralement la voie aux négociations permettant le retour de certaines œuvres en Afrique. C’est une question de volonté politique. Mais la situation implique cette fois des particuliers.
Le droit français protège le droit de propriété des particuliers et reconnaît la notion de présomption de propriété en matière mobilière. De plus, la justice pourrait simplement considérer que les faits sont prescrits, car le masque a été rapporté il y a plus d’un siècle. Et le droit international ne régit pas la situation dans laquelle se trouve ce masque Fang.
Bryan Faham
Bryan Faham écrit pour le Journal Toulousain depuis 2021. Formé à l’ISJT, il est passé par le France-Guyane, 20 minutes, La Tribune et Freshr.
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