La Trobada (terme occitan signifiant “rassemblement”) est une tradition insolite et chaleureuse qui se tient, une fois par an, au Port de Bouët, un col pédestre situé à 2 500 mètres d’altitude, entre l’Ariège, à l’Est, et la Catalogne, à l’Ouest. Plusieurs dizaines de randonneurs s’y retrouvent chaque été pour échanger des produits régionaux, chanter, danser et profiter du spectacle naturel offert par les Pyrénées.
Cette rencontre transfrontalière estivale trouve son origine dans le pastoralisme. Dès la fin du XIXe siècle, les bergers de la vallée de Vicdessos montaient leurs troupeaux en estive dans ces hauteurs. « Ils étaient parfois tentés d’aller voir les estives, côté catalan », explique Yves Rougès, vice-président de l’association des Amis du parc national des Pyrénées, qui mène l’expédition côté français.
Les pâturages du secteur, riches en gispet, une graminée typique des Pyrénées, offraient une herbe de qualité exceptionnelle pour nourrir le bétail. Cette herbe servait aussi à recouvrir les “orris”, cabanes en pierres sèches utilisées par les bergers durant l’estive.
Bien avant la création, en août 2018, du Parc pyrénéen des trois nations (PP3N), destiné à renforcer la coopération entre les parcs naturels de France, d’Andorre et d’Espagne, les échanges entre ces vallées étaient déjà fréquents.
« Cela permettait à nos aïeux de vendre leurs bêtes et d’échanger des produits que l’on ne trouvait pas de l’autre côté de la frontière », raconte Yves Rougès. Le montagnard aguerri précise que « c’était forcément plus aisé de se tourner vers les voisins de l’autre versant que de se rendre à Foix ou Pamiers ».
Aujourd’hui, la vocation de la Trobada est plus symbolique que pratique. Jusqu’à 250 personnes se « trouvent » chaque année, le dernier samedi d’août, au Port de Bouët, après trois heures de marche et mille mètres de dénivelé. « C’est ouvert à tous, mais il faut quand même être un grimpeur attentif. La descente est parfois rocailleuse », avertit Yves Rougès.
Une fois au sommet, l’ambiance est des plus conviviales. « Chacun monte avec son drapeau catalan ou occitan. Beaucoup ne se connaissent pas, mais partagent quand même un pique-nique. »
Lors des trobadas, il est d’usage d’échanger ce qui manque de l’autre côté de la frontière. Les Français montent avec du fromage et des confitures, tandis que les Catalans apportent du vin et de la charcuterie.
Ces moments donnent aussi lieu à de touchantes retrouvailles. « J’avais un ami d’Artiès (province de Lérida en Catalogne), que je n’avais pas vu depuis des années », se souvient l’octogénaire. « Quand j’ai commencé mon discours, il est apparu d’un coup. Il a fallu grimper là-haut pour qu’on se retrouve ».
Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse
Cet article a été écrit par des élèves de l'Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse dans le cadre d'un partenariat avec le Journal Toulousain.
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