Détonante. Le café-théâtre des Minimes accueille en exclusivité la toute dernière création d’Antoine Beauville. Une pièce pertinente et impertinente sur les difficultés d’être une femme dans un monde d’hommes.
Visiblement, Antoine Beauville est déjà dans son personnage. Il fait les cent pas sur la scène, s’assoit sur le canapé installé en guise de décor, se relève…Bref, ne tient pas en place. A deux jours de la grande première, l’auteur et comédien avoue un certain trac. Pourtant, celui qui a écrit sa première pièce à 50 ans a rencontré de jolis succès avec ses précédents travaux, notamment dans de belles salles parisiennes comme la Café de la Gare. C’est que la petite dernière Oulala Lola ! a quelque chose de spécial. « C’est la première fois que je mets autant de temps à accoucher d’un spectacle. Mon envie de départ était d’écrire une pièce pour les femmes. J’ai imaginé cette Lola qui se bat dans un monde fait par et pour les hommes, aidés par la religion qui a à un moment donné posé une chape de plomb sur la société », souligne Antoine Beauville. Le personnage principal est en effet une célibataire flamboyante, hyper-active éprise de liberté, fuyant l’engagement. « Lola incarne les quatre nanas de Sex & The City réunies en une seule personne avec toutes leurs contradictions, la carriériste croqueuse d’homme qui rêve de mariage en robe blanche, l’indépendante qui a envie d’être protégée par un mâle... », précise Carole Barbier qui signe la mise en scène. Après une soirée bien arrosée, la fameuse Lola, interprétée par Virginie Stevenoot, trouve un moine dans son canapé. Une situation cocasse qui sert de base à cette comédie moderne au savant dosage de rire et de sous-texte sociologique.
« On n’est pas dans la dictature du rire, mon but est que les spectateurs rentrent dans l’histoire »
Ce moine bon vivant et malicieux inspiré du Frère Tuck de Robin des Bois est en fait envoyé par un Dieu surprise et avec lequel il communique directement pour aider Lola à se retrouver. « J’ai sciemment opté pour la figure du moine qui a une meilleur image que le prêtre par exemple. Mon Frère Félicien est une sorte de bon copain, généreux et spirituel », raconte Antoine Beauville qui confesse avoir toujours rêvé de porter la robe de bure sur scène et a au passage conféré à son personnage une manière de pratiquer le latin assez déconcertante. Citant comme inspirations des films tels Le Dîner de cons ou encore les comédies anglaises, l’auteur installé dans le Lot-et-Garonne a développé au gré de ses pièces sa propre écriture, à base de répliques souvent piquantes et savoureuses. « Jamais de vannes pour la vanne », nuance-t-il toutefois, « je ne prends jamais autant de plaisir lorsque une blague vient d’une phrase banale, grâce au contexte. On est pas dans la dictature du rire, mon but est que les spectateurs rentrent dans l’histoire ». Après la misogynie (La Biscotte) ou l’absurdité du marketing moderne (La cerise sur le gâteux), Antoine Beauville s’attaque donc cette fois-ci à toute la complexité de la femme. En toute humilité et légèreté. Sans vouloir en dire trop sur le dénouement de l’histoire, il accepte tout de même de lâcher la dernière tirade du spectacle ; une célèbre sentence de Confucius autour de laquelle tourne toute la pièce : « On a deux vies. La deuxième commence lorsque l’on se rend compte qu’on en a qu’une ».
Le café-théâtre Les Minimes a 10 ans
Cela fait déjà dix ans que les spectateurs viennent rire aux Minimes dans cette institution de la ville. Antoine Beauville, qui avait déjà créé sa première pièce à Toulouse il y a 13 ans, apprécie le lieu : «J’ai souvent joué ici et je m’y sens comme à la maison. Jamin (Chtouki, le directeur, ndlr) est une personne rare dans le milieu du théâtre, un mec bien ».
Infos pratiques
Du 4 au 14 mai à 21h, du mercredi au samedi.
Café-théâtre Les Minimes, 6 rue Gélibert, 31000 Toulouse
Prix : 10/20 euros
Réservations au 05 62 72 06 38
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