Les Dรฉferlantes ร Argelรจs et bientรดt le Garorock ร Marmande. Comme dโautres grands groupes internationaux, Vivendi rachรจte des festivals ร tour de bras. Pendant ce temps, lโรฉquilibre financier des indรฉpendants est de plus en plus fragile. Les festivals dโOccitanie peuvent-ils survivre sans vendre leur รขme ?
En avril dernier, le festival Les Dรฉferlantes faisait parler de lui. Pas pour sa programmation ! ย Il passait sous le giron dโOlympia Productions, la filiale de Vivendi spรฉcialisรฉe dans la production dโartistes et lโorganisation dโรฉvรฉnements. Le groupe de Vincent Bollorรฉ a dรฉjร investi dans le Brive Festival et le Live au Campo, ร cรดtรฉ de Perpignan. Et Vivendi nโest pas le seul ร se positionner sur ce marchรฉ. Depuis lโarrivรฉe en 2007 de l’amรฉricain Live Nation, leader mondial des concerts, les festivals attirent lโappรฉtit des multinationales. ยซย Ils sโy intรฉressent pour leur image et parce que cela peut รชtre trรจs rentable ยป, explique Eric Duffau, le prรฉsident du festival Tempo Latino dans le Gers.
En 2015, deux festivals de Live Nation, le Main Square ร Arras et I Love Techno ร Montpellier ont gรฉnรฉrรฉ 372 000 euros de bรฉnรฉfices. Les propositions se multiplient. Dรฉbut juillet, l’hebdomadaire ”Le Rรฉpublicain” annonรงait ainsi le rachat de Garorock par Vivendi pour en faire ยซย le premier festival de Franceย ยป. Dโautres ont choisi de dire non, comme Pause Guitare, organisรฉ ร Albi par lโassociation Arpรจges et Trรฉmolos. Dans une rรฉcente interview accordรฉe ร nos confrรจres de ”La Dรฉpรชche du Midi” aprรจs avoir dรฉclinรฉ lโoffre de Vivendi, le directeur du festival, Alain Navarro, en explique les raisons : ยซย Sur les 90 concerts de l’รฉvรฉnement, 14 les intรฉressent. Nous, ce sont les 76 autres, avec les scรจnes dรฉcouvertes, les concerts dans les quartiers ou ร la maison d’arrรชt.ย ยป
Or, ces scรจnes sont ยซย forcรฉment ร perteย ยป et nul doute que lโarrivรฉe dโun acteur commercial serait synonyme de clap de fin pour tous ceux qui ne sont pas des tรชtes dโaffiche. Les festivals qui rรฉsistent ont peur de voir les grosses sociรฉtรฉs crรฉer des รฉvรฉnements concurrents aux mรชmes dates mais avec des moyens bien plus consรฉquentsโฆ Ils sont dโautant plus mis sous pression que leur รฉquilibre financier est fragilisรฉย : en plus de la baisse des subventions, les cachets des artistes, les coรปts techniques et de sรฉcuritรฉ ont grimpรฉ en flรจche depuis trois ans. ยซย A Tempo Latino, les aides publiques reprรฉsentent 12% du budget. Le plus gros, cโest la billetterieย : notre survie se joue sur quatre joursย ยป, explique Eric Duffau.
Pour perdurer, les festivals gรฉrรฉs par des associations (70% en France) peuvent compter sur la fidรฉlitรฉ du public et des collectivitรฉs, notamment grรขce aux valeurs quโils vรฉhiculent. Dans le Lot, Ecaussystรจme se revendique ainsi de lโรฉconomie sociale et solidaire tout en rรฉunissant 42 000 personnes. Certains vont encore plus loin, tel Rabastock, un festival gratuit dans le Tarn qui refuse de considรฉrer la culture comme une marchandise. Pour soutenir les indรฉpendants, reste aux festivaliers ร savoir ร qui ils ont ร faire, ce qui nโest pas toujours รฉvident. Par exemple, Les Dรฉferlantes ne mettent absolument pas en avant leur รฉtiquette Vivendi, et lors de Garorock, les journalistes du “Rรฉpublicain” ayant rรฉvรฉlรฉ la transaction ont รฉtรฉ interdits de concertโฆ
Maylis Jean-Preau
La rรฉdaction
Le Journal toulousain est un mรฉdia de solutions hebdomadaire rรฉgional, รฉditรฉ par la Scop News Medias 3.1 qui, ร travers un dossier, dรฉveloppe les actualitรฉs et initiatives dans la rรฉgion toulousaine. Il est le premier hebdomadaire ร s'รชtre lancรฉ dans le journalisme de solutions en mars 2017.
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