Par Mathieu Mรฉric
Le chorรฉgraphe-danseur israรฉlien Arkadi Zaides proposait jeudi 5 et vendredi 6 fรฉvrier au studio du CDC pour son festival international de danse une oeuvre corรฉalisรฉe avec des activistes du Centre israรฉlien d’information pour les droits de l’homme dans les territoires occupรฉs fournissant le matรฉriel vidรฉo du spectacle. La dรฉmarche de Zaides pour “Archive” est trรจs didactique et, aprรจs une prรฉsentation des images qui suivront, les contraintes de sรฉlection (c’est seulement des israรฉliens apparaissent ร l’image) de ces archives, nous assistons lentement, trop lentement, ร une composition sur plusieurs niveaux. Tout d’abord, le dispositif du spectacle propose un espace vide de dรฉcor avec un รฉcran blanc excentrรฉ sur la droite du spectateur. Sur notre gauche, un ordinateur portable, des branchements, un micro. Cette nuditรฉ de l’espace scรฉnique permet de faire รฉclater ร nos yeux les vidรฉos projetรฉes par le danseur lui-mรชme, ce qui dans le mรชme temps nous installe dans un rythme inconfortable d’attente de la projection avec le danseur, si bien que nous pensons assister ร une rรฉpรฉtition publique tellement l’interprรจte se place en observateur des images et du plateau. Ces images montrent diverses situations de colons israรฉliens s’en prenant ร des habitations oรน au cheptel de familles palestiniennes dans la rรฉgion d’Hรฉbron ou en Cisjordanie. Dans ce paysage biblique envahit par le soleil, les instants captรฉs par les activistes montrent des jets de pierres, des prรฉparatifs pour un assaut visages camouflรฉs, des enfants ivres tapant sur des maisons et insultant ceux d’en face, quelques soldats complices. Des cris, des insultes, de la haine, dans toutes les images. Ce spectacle de danse-documentaire rend inquiet pour l’avenir de cette rรฉgion, nous le savons tous, qui est le nลud des relations Orient-Occident.
ยซย Des cris, des insultes, de la haineย ยป
ย ย ย ย ย ย ย ย ย ย ย Zaides, s’il rรฉussit ร s’emparer peu ร peu, dans sa composition trรจs didactique encore une fois, des images pour s’arrรชter un instant sur l’un des protagonistes de la scรจne filmรฉe , comme ce ballet d’un soldat en faction ou lorsqu’un colon avec de grands gestes expulse d’un terrain des moutons appartenant ร un berger palestinien, ne propose pas une vision, une interprรฉtation de ces images. On a l’impression qu’il reste choquรฉ autant que nous de ces images, ce qui n’est pas suffisant pour politiser son propos, pour apporter une contradiction, une complexitรฉ ร sa dรฉmarche. Sa chorรฉgraphie suit le sens trรจs violent des images avec cris, gestes tendus, rรฉpรฉtitifs, veut-il retranscrire ce qu’on voit dรฉjร ร l’รฉcran ? Pourquoi? Pourquoi pas de contre-proposition ร cette horreur, de l’utopie ?
Au final, Zaides ne porte pas de propos sur son spectacle, il apporte un tรฉmoignage certes, mais ne se l’empare pas, n’y touche pas. Dommage car ร l’image de ses dรฉplacements sur le plateau, il n’arrive pas ร se placer devant ses images. Elles sont lร , elles lui font mal, il est en colรจre mais il ne propose pas d’alternative, justement ce que nous attendons tous.
La rรฉdaction
Le Journal toulousain est un mรฉdia de solutions hebdomadaire rรฉgional, รฉditรฉ par la Scop News Medias 3.1 qui, ร travers un dossier, dรฉveloppe les actualitรฉs et initiatives dans la rรฉgion toulousaine. Il est le premier hebdomadaire ร s'รชtre lancรฉ dans le journalisme de solutions en mars 2017.
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