Promotion. À l’approche de l’Euro, si les hôteliers sont plutôt rassurés quant aux taux de réservation, certains professionnels du tourisme estiment que trop peu d’actions ont été lancées pour promouvoir la ville et envisager des retombées à long terme.
Par Nicolas Mathé
« Il y a eu des erreurs, notamment de la part de certains qui ont voulu profiter de l’Euro pour augmenter leurs prix, mais il n’y a pas d’inquiétudes à avoir, les hôtels feront le plein pendant la compétition », assure un responsable du club économique toulousain Fil de l’Ô. De quoi mettre fin à un feuilleton qui aura occupé les professionnels du tourisme pendant de longs mois, craignant de voir passer sous leur nez les retombées de cet événement majeur. Des peurs en grande partie dues aux accords passés avec l’agence de voyages Kuoni, désignée partenaire officiel de l’UEFA. « Ils sont venus visiter les chambres dès 2013 et ont effectué des pré-réservations début 2014. Pour nous, c’était l’assurance de remplir l’hôtel deux ans à l’avance mais à 90 jours du premier match, il n’y avait aucune réservation par ce biais », raconte Valérie Piganiol de l’Hôtel Riquet. La directrice a alors récupéré ses chambres pré-réservées pour les remettre à la location et les réservations affluent depuis de la part de supporters russes, gallois, tchèques ou suédois. Difficile d’expliquer une telle défaillance de la part du tour opérateur officiel, même si Valérie Piganiol estime que l’UEFA n’y est pas étrangère : « Nous avons été très surpris de voir à la télévision des publicités annonçant un nouveau partenariat avec Abritel Homeway, une plateforme qui fonctionne sur le modèle d’Airbnb. L’UEFA a en quelque sorte court-circuité Kuoni. » Frédéric Michel, président de l’Umih 31, estime de son côté que les pratiques ont tout simplement évolué : « Les gens se débrouillent par eux-mêmes et réservent de plus en plus à la dernière minute. De toute façon, juin est toujours un très bon mois. L’Euro est une opportunité mais avec l’habituelle clientèle de congressistes qui sera moins présente, il n’y aura pas une si grande différence. »
« Aucune action de communication n’est faite directement dans les pays jouant à Toulouse »
Si les hôtels seront pleins, les acteurs du tourisme pensent à l’après 2016 et estiment que des efforts sont à faire pour donner envie aux supporters de revenir. « Le Stadium a été rénové ainsi que plusieurs endroits de la ville mais on a l’impression que tout est fait en direction des Toulousains. Aucune action de communication pour promouvoir les atouts de la ville n’est par exemple faite directement dans les pays qui joueront à Toulouse », regrette ainsi Valérie Piganiol. Dans les faits, commerçants et professionnels du tourisme toulousains ont tout de même signé, en avril dernier, une charte dans laquelle ils s’engagent à offrir une bonne image de la ville. Un film promotionnel sera également diffusé par les institutions touristiques de la ville et Didier Cujives, directeur du Comité départemental du tourisme assure qu’une grande campagne d’affichage sera lancée pendant la compétition par le Conseil Départemental. Pas suffisant pour certains sachant qu’avec le plus petit stade des 10 sites accueillant les matchs, la ville sera selon le Centre de droit et d’économie du sport (CEST) celle qui aura le moins de retombées avec 66 millions d’euros injectés dans l’économie locale. Le club économique Fil de l’Ô et l’Umih 31 ont ainsi décidé de prendre les devants en invitant leurs collègues des huit pays jouant à Toulouse (supporters issus des métiers de l’hôtellerie ou du tourisme et transports fluviaux) à découvrir la gastronomie locale ainsi que le patrimoine culturel et fluvial, comme le Canal du Midi, via un accueil personnalisé.
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