Le Conseil constitutionnel vient de publier sa dรฉcision aprรจs avoir examinรฉ la loi relative ร  la gestion de la crise sanitaire qui encadre notamment l’extension du Pass sanitaire. Obligation d’isolement, licenciement, contrรดles et constitutionnalitรฉ du pass, voici les points clรฉs de l’avis des ”sages”.ย 
 
La dรฉcision รฉtait attendue. Ce vendredi 5 aoรปt, le Conseil constitutionnel devait se prononcer sur la conformitรฉ de l’extension du Pass sanitaire, notamment dans certains lieux publics, et de l’ensemble de la loi relative ร la gestion de la crise sanitaire. Dans une dรฉcision motivรฉe qui compte 125 paragraphes, l’instance, que l’on appelle รฉgalement le conseil des sages, admet la conformitรฉ des dispositions relatives au Pass sanitaire mais censure celles qui prรฉvoyait le licenciement de personnels non-vaccinรฉs ou le placement obligatoire des personnes ร l’isolement.
Saisi par le premier ministre ainsi que par plusieurs dizaines de dรฉputรฉs, dans trois recours diffรฉrents, le Conseil constitutionnel devait se prononcer sur l’extension du Pass sanitaire aux grands magasins, centres commerciaux et transports en commun. Les parlementaires qui lui sont opposรฉs reprochaient ร cette mesure d’รชtre ยซ disproportionnรฉe au regard de l’objectif poursuivi ยป, de ne pas avoir ยซ d’intรฉrรชt dans la lutte contre l’รฉpidรฉmie ยป et de porter atteinte ร la ยซ libertรฉ d’aller et de venir, au droit au respect de la vie privรฉe et au droit d’expression collective des idรฉes et des opinions ยป.
Si le conseil des sages reconnaรฎt le caractรจre attentatoire aux libertรฉs et aux Droits de l’Homme de cette disposition, il juge nรฉanmoins que ยซ en l’รฉtat des connaissances scientifiques ยป, il est lรฉgitime de considรฉrer que les risques de circulation du virus sont effectivement rรฉduits, et donc que le lรฉgislateur poursuit bien un ยซ objectif de valeur constitutionnel de protection de la santรฉ ยป. Un jugement qui confirme donc que les dispositions contestรฉes opรจrent bien ยซ une conciliation รฉquilibrรฉe des exigences constitutionnelles ยป.
Si le Conseil constitutionnel a validรฉ le principe du Pass sanitaire, en revanche il s’est opposรฉ ร faire de sa non-prรฉsentation un motif valable de licenciement. Une disposition prรฉvue dans l’article premier de la loi relative ร la gestion de la crise sanitaire qui ne concernait que les salariรฉs jouissant d’un contrat ร durรฉe dรฉterminรฉe et pas ceux en contrat ร durรฉe indรฉterminรฉe. Une inรฉgalitรฉ de traitement que les sages ont jugรฉ, en outre, sans lien avec l’objectif sanitaire poursuivi.
De mรชme, le Conseil constitutionnel a rappelรฉ la nรฉcessitรฉ de limiter le dรฉploiement du Pass sanitaire dans le temps et de limiter son usage, dans les รฉtablissements de santรฉ, sociaux et mรฉdico-sociaux, aux seuls accompagnants et visiteurs. Ceci afin de ne pas nuire ร l’รฉgalitรฉ de l’accรจs au soin. Par ailleurs, les membres du conseil ont prรฉvus quelques ajustement pour garantir la proportion des mesures et l’accรจs aux produits de premiรจre nรฉcessitรฉ. Ils rappellent รฉgalement que le Pass sanitaire ne doit pas constituer une obligation vaccinale de fait, en prรฉservant la possibilitรฉ de le valider par le biais d’un test nรฉgatif ou d’un certificat de rรฉtablissement.
Enfin, les sages ont encadrรฉ les procรฉdures de vรฉrification des Pass ร l’entrรฉe des รฉtablissements concernรฉs. ยซ Le contrรดle de la dรฉtention d’un des documents nรฉcessaires pour accรฉder ร un lieu, รฉtablissement, service ou รฉvรฉnement, ne peut รชtre rรฉalisรฉ que par les forces de l’ordre ou par les exploitants de ces lieux, รฉtablissements, services ou รฉvรฉnements. En outre, la prรฉsentation de ces documents est rรฉalisรฉe sous une forme ne permettant pas de connaรฎtre “la nature du document dรฉtenu” et ne s’accompagne d’une prรฉsentation de documents d’identitรฉ que lorsque ceux-ci sont exigรฉs par des agents des forces de l’ordre ยป.
Par ailleurs, le Conseil constitutionnel a confirmรฉ le caractรจre proportionnรฉ des peines prรฉvues en cas de manquement ร l’application des consignes relatives au Pass sanitaire. En effet, en cas de trois rรฉcidives constatรฉes en moins de 45 jours, les contrevenants ayant fait l’objet d’une mise en demeure s’exposent ร des peines pouvant atteindre 9 000 euros d’amende et un an de prison.
En dernier lieu, le Conseil constitutionnel s’est prononcรฉ contre le principe d’une mesure de placement obligatoire en isolement des personnes faisant l’objet d’un test positif ร la Covid-19. Une disposition qualifiรฉe d’inadaptรฉe et disproportionnรฉe. En effet, les sages rappellent que ยซ nul ne peut รชtre arbitrairement dรฉtenu ยป et que ยซ la libertรฉ individuelle, dont la protection est confiรฉe ร l’autoritรฉ judiciaire, ne saurait รชtre entravรฉe par une rigueur non nรฉcessaire ยป. Les personnes ne respectant pas volontairement cette mesure sanitaire de quarantaine ne pourront donc pas รชtre poursuivies pรฉnalement.
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