CAP. Après avoir réformé l’accès à l’université, le gouvernement planche désormais sur l’orientation au lycée et envisage la fermeture des centres d’information et d’orientation (CIO) pour répartir les personnels au sein des établissements scolaires. De quoi améliorer un système jugé obsolète ? En attendant de savoir, la rédaction s’est penchée sur cette période décisive de la vie, censée définir l’avenir professionnel. Le JT a donc repris les cours pour mieux naviguer dans le labyrinthe d’offres d’études supérieures, entre réseau social d’entraide, semestres de réorientation et même intelligence artificielle.
En France, on commence à s’orienter très tôt. Dès la sixième et jusqu’à la terminale, le Parcours avenir aide l’élève à élaborer son projet professionnel grâce à des forums, des stages et un suivi individuel. Le dispositif se poursuit ensuite avec le Continuum bac+3/bac-3, destiné à assurer une continuité entre l’enseignement secondaire et l’enseignement supérieur. « Notre système est positiviste, on considère que le choix des études correspondra forcément à la profession exercée, que le jeune ira tout droit vers son objectif. Mais les parcours sont rarement linéaires », avertit Laure Endrizzi, chercheuse à l’institut français de l’éducation. Une étude de 2009 sur le profil des décrocheurs montre en effet que les élèves qui réussissent ne sont pas les meilleurs mais ceux qui ont une capacité à se projeter, anticiper les difficultés et trouver des alternatives.
Bien sûr, la catégorie socioprofessionnelle des parents influence le parcours et les choix à venir : « Il y a un phénomène massif d’autocensure. Les vœux des bacheliers ne sont en effet jamais délirants. Ils ne demandent pas des choses qu’ils pensent ne pas pouvoir obtenir. » Une autocensure plus importante encore chez les filles, qui, à niveau scolaire égal, ont des aspirations moins fortes que celles des garçons. S’appuyant sur les études Pisa, qui comparent les performances des systèmes éducatifs des pays de l’OCDE, la chercheuse estime que davantage de sélection dès le lycée pourrait apporter, paradoxalement, davantage d’équité : « Le mythe de l’égalité accroît les inégalités. En voulant le plus grand nombre de bacheliers et de diplômés, en demandant à tous de fixer leur projet au même moment, en donnant les mêmes informations à chacun, on pénalise les plus faibles. »
Cela concerne les trois quarts de ceux qui font une filière technologique, sans l’avoir voulu. Ceux-là doivent en outre opter très tôt parmi une centaine de formations, « une sorte de double peine pour ces élèves qui ont déjà, pour beaucoup d’entre eux, des parcours chaotiques ». D’ailleurs, ils choisissent leur spécialisation moins par désir que par la proximité géographique des établissements qui la dispense ou que par l’influence de l’entourage. L’expérience du lycée est aussi déterminante : « Plus elle est ressentie comme bienveillante et encourageante, plus les élèves ont d’aspirations. Au contraire, la hiérarchisation et les classements sont mal vécus. Quant au redoublement, il laisse une marque indélébile », constate Laure Endrizzi.
Ainsi, seuls 61% des bacheliers ayant un an de retard au bac poursuivent des études supérieures. Autre tendance phénoménale, l’explosion du nombre de reprises d’étude dans les cinq années qui suivent l’obtention du diplôme. Ce sont en général de bons élèves, qui se sont rendu compte, une fois sur le marché du travail, qu’ils n’avaient pas choisi la bonne voie.
Sources : APB, L’express, ministère de l’Enseignement supérieur
Dossier “Orientation scolaire : des pistes pour trouver sa voie” :
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