À la fin du mois, de nouveaux étudiants, fraichement débarqués du lycée, prendront place sur les bancs de la fac de médecine. Une priorité en tête : réussir une première année très sélective. Organisés au sein du Tutorat associatif toulousain, leurs camarades des promotions précédentes retroussent les manches de leur blouse blanche pour les aider dans leur quête.
« Je ne pense pas que j’aurais aussi bien géré sans tuteur » raconte Mélissa, 20 ans, tout juste admise au concours pour passer en deuxième année de médecine. Comme beaucoup d’étudiants, c’est en redoublant qu’elle a enfin réussi à traverser l’épreuve décisive du PACES, la première année commune aux études de santé. Et pour cause, seuls 19 % des élèves ont obtenu l’examen cette année sur les trois sites toulousains, Purpan, Rangueil et Maraîchers.
« Quand on arrive à la fac, on sait que cette année est compliquée et qu’on va avoir besoin d’un soutien moral », explique Mélissa. Cet accompagnement, certains le trouvent dans des classes préparatoires privées qui coutent de 5 000 à 10 000 euros l’année. Mais la jeune femme a décidé de faire autrement : « Je ne voulais pas que mes parents payent pour avoir de l’aide ». Elle s’est donc inscrite au Tutorat associatif toulousain : 450 étudiants tuteurs y proposent leur soutien aux nouveaux arrivants. Pas question d’argent ici, les mentors ne sont rémunérés qu’en ECTS, des points donnés par l’université pour valider leur semestre.
Pour guider les étudiants dans les couloirs parfois sinueux de la réussite universitaire, le plan de bataille est solide. Une semaine de pré rentrée est d’abord organisée pour transmettre une base de connaissance aux nouveaux arrivants. Une sorte de mise à niveau express pour ne pas louper le train au démarrage. Puis, tout au long de l’année, des résumés de cours et des QCM avec fiches de correction sont distribués. Il y a aussi les « colles », des contrôles continus hebdomadaires dont l’énoncé est écrit par les tuteurs et relu par des professeurs, et des concours blancs. Enfin, les élèves les plus doués dans une matière assurent une permanence à la pause-déjeuner pour répondre aux points incompris des cours.
« Ce qu’on veut c’est avant tout rétablir l’égalité des chances face aux prépas privées. Elles proposent le même service que nous, la convivialité étudiante en moins », explique Quentin Laune, le vice-président du Tutorat Associatif. Chaque élève adhérant au TAT est mis en lien avec un parrain. Ce tuteur personnel lui offre un accompagnement méthodologique mais l’aide aussi à gérer son stress au quotidien. Mélissa précise : « Parfois, c’est tout simplement quelqu’un qui va nous inviter à manger le temps de discuter de nos petits problèmes ». Cette « relation d’égal à égal » permettrait plus d’efficacité selon l’organisateur. « C’est plus facile de se confier à quelqu’un si on sait qu’il a déjà traversé ces épreuves », assure la jeune fille.
Pour devenir tuteur, il faut s’inscrire à une matière optionnelle spécifique proposée par la faculté. Pour la valider, les étudiants doivent tenir leur rôle d’accompagnateur tout au long du semestre, ce qui équivaut à minimum 30 heures de travail. Mais de nombreux élèves donnent plus, car ils reçoivent aussi beaucoup de cette expérience humaine. Pour Quentin Laune, le tutorat prend, par exemple, des allures d’entrainement à la vie professionnelle : « On est vraiment dans une relation soignant — soigné avec des problématiques comme : comment aider quelqu’un ? Qui prévenir quand il y a un vrai problème ? » Mélissa, elle aussi, voit les avantages de cette mission et a décidé de rejoindre les rangs cette année : « J’ai surtout envie de rendre ce que l’on m’a donné ».
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