Complémentarité. Chacun investi dans un domaine particulier, nos invités ont su amener leur regard sur l’actualité. Le changement promis par François Hollande est-il en marche ? Les chiffres du chômage et le ‘‘choc de simplification’’ vont leur donner de quoi réfléchir… En revanche, du côté du Stade Toulousain, le changement c’est pour maintenant avec le départ de Guy Novès. A l’attaque !
Par Coralie Bombail et Aurélie Renne
Ponctuels et synchros, nos trois convives du jour prennent place en même temps à la terrasse de la Pergola de Lardenne. Xavier Spanghero, secrétaire départemental adjoint des Républicains 31, Catherine Piguet d’Eugenio, dirigeante de la société Stakanovia spécialisée en optimisation des coûts en entreprise et Emilie Teyssedre, porte-parole d’Osez le féminisme 31, sont prêts à débattre sur les sujets que nous avons pioché dans l’actu nationale. Le premier fait particulièrement écho à leurs préoccupations : les nouvelles mesures du choc de simplification, annoncées lundi matin. « Il y a tellement de mesures, que dans le nombre on peut craindre qu’un certain nombre de choses soient noyées dans la masse », réagit d’emblée Catherine Piguet, en référence notamment à la suppression d’obligations environnementales dans le secteur industriel. Dans le même sens, Emilie Teyssedre avance un autre exemple : « La suppression du rapport de situation comparée entre les femmes et les hommes dans l’entreprise », regrette-t-elle, « l’égalité est déjà très difficile à mettre en place, on supprime le seul moyen de constater les inégalités de salaire et de poste. » Xavier Spanghero, qui est également chef d’entreprise d’une PME dans le secteur automobile a une autre vision du problème : « le problème des PME, est qu’il faut sans cesse produire des rapports ce qui représente une perte d’énergie considérable par rapport aux contrôles effectués en entreprise. » Il remarque également que beaucoup de mesures de simplification concernent la dématérialisation des tâches administratives (pour l’entreprise, comme pour le particulier).
Xavier Spanghero : C’est une évolution naturelle des choses et non un choc de simplification.
Catherine Piguet : Le mot choc est un peu fort…
Xavier Spanghero : C’est une nouvelle formule, tout comme la ‘‘boîte à outil’’, le ‘‘pacte de responsabilité’’… Le vrai choc serait de repenser le code du travail.
Emilie Teyssedre : Aujourd’hui, on fait beaucoup de choses sur internet, si on peut réaliser plus de démarches administratives, tant mieux.
Xavier Spanghero : Il faut tout de même penser aux laissés-pour-compte de l’informatique.
Emilie Teyssedre : Mais aussi à ceux qui n’ont pas accès à internet sur certains territoires !
Si tous, sont favorables à l’évolution numérique des formalités, Catherine Piguet se méfie du ‘‘tout internet’’ : « Je ne veux pas être parano, mais quand on voit la loi sur le renseignement, on se rend compte que tout est traçable… » soulève-t-elle. « Si on a un smartphone, c’est déjà le cas », estime Emilie Teyssedre. Si pour Xavier Spanghero, le choc de simplification se résume à des « mesurettes », il se demande tout de même « est-ce que le gouvernement est vraiment en capacité de réformer dans un contexte où il n’a pas la majorité dans l’opinion et quasiment plus à l’Assemblée nationale ? » Pour lui, « on est dans une impasse politique ». Le deuxième sujet ne sera pas l’occasion pour nos invités de se montrer beaucoup plus optimistes : les chiffres du chômage du mois d’avril, attendus dans la soirée de ce lundi soir (jour du déjeuner-débat). Alors que le mois de mars a battu des records, le gouvernement attend une embellie pour la fin de l’année 2015. « Je pense que l’embellie aura plutôt lieu en 2017 ! » lance d’emblée Xavier Spanghero, « depuis 3 ans le chômage monte, alors qu’aujourd’hui le contexte international est au beau fixe pour créer de l’emploi et de la croissance ». Il s’explique : « La baisse durable du baril de pétrole, la baisse de l’euro par rapport au dollar, et les taux d’intérêt quasiment à zéro favorisent les autres pays européens et pas nous ». « Visiblement, cela ne favorise pas vraiment l’Espagne, la Grèce, le Portugal… » rétorque Emilie Teyssedre. Pour Catherine Piguet, « il ne faut pas regarder que les chiffres du chômage mais aussi la précarité des emplois, très grande en Grande-Bretagne notamment, dont on ne parle pas. En France, c’est la même chose, si on rajoute les catégories B et C on dépasse les 10 millions de demandeurs d’emploi ! » La militante féministe rebondit : « La précarité dans l’emploi touche en priorité les femmes, qui souvent après un congé maternité ne reprennent le travail qu’à temps partiel ; c’est un choix subi car il faut garder le plus fort salaire du foyer, donc celui de l’homme dans la plupart des cas », rappelle-t-elle. De manière plus générale, la dirigeante de Stakanovia remarque que la catégorie la plus touchée est « les 25-49 ans, alors que c’est justement la tranche d’âge où l’on est le plus productif. » Elle dénonce une politique économique et sociale « sclérosante », tandis que Xavier Spanghero surenchérit : « Il y a un manque d’investissement dans l’innovation notamment ; les gens ne se lancent pas dans des projets car il n’y a pas de ligne politique claire et par conséquent, pas de confiance ». « Si la droite et la gauche ne s’attachaient pas à détruire tout ce que les précédents ont fait, on en serait pas là ! » lance Catherine. Mais son interlocuteur politique n’est pas convaincu : « Si on revient au pouvoir en 2017, je ne vois pas comment on pourrait faire autrement que de revenir sur la réforme territoriale », cite-t-il en exemple. Avant de dévier sur un autre sujet, nous lançons le dernier thème qui arrive comme un cheveu sur les coupes de fraises : la nomination de Guy Novès au XV de France en tant que sélectionneur. « Ce n’est pas du tout une surprise, c’est dans la logique des choses », entame Catherine Piguet. « Je suis un fan absolu de Guy Novès », poursuit l’homme politique, qui préfère pourtant le ballon rond, « il est hors-norme et l’équipe de de France a besoin de quelqu’un d’hors-norme ». Pour autant, pas de nostalgie chez nos invités : « Il était arrivé au bout d’une dynamique au Stade Toulousain, la magie, l’osmose ne se faisait plus avec les joueurs », reconnait Catherine Piguet. C’est tout de même « la fin d’une ère, et l’héritage sera difficile à porter », nuance Xavier Spanghero. Ugo Mola, entraîneur d’Albi, pressenti pour succéder à l’entraineur emblématique doit relever un challenge de taille, « mais je pense qu’il a les qualités pour réussir » affirme la dirigeante d’entreprise. Emilie Teyssedre, jusque-là absente du débat, reconnait ne pas suivre de près les aventures des rouge et noir, mais pour elle l’enjeu est tout autre : « Si on parlait autant du sport féminin que masculin, on avancerait davantage sur le sujet des femmes et du sport, il y a un vrai problème de médiatisation », souligne-t-elle. Un sujet qui finit d’alimenter la conversation, tandis que chacun finit son café ou son thé.
Mini-Bios :
Emilie Teyssedre : Porte-parole d’Osez le féminisme 31 depuis 2013, elle est impliquée dans l’association depuis la création de l’antenne locale en 2010. Une association qu’elle définit comme « féministe généraliste ». De profession elle est coordinatrice accueil de loisirs à la ligue de l’enseignement 31.
Catherine Piguet d’Eugenio : Après un début de carrière comme assistante de direction et attachée de direction, elle décide de voler de ses propres ailes et crée sa société « Stakanovia » il y a 3 ans. Elle cible les petites et moyennes structures qu’elle aide dans leur optimisation des couts. Son leitmotiv : « être au cœur de l’entreprise ».
Xavier Spanghero : A 37 ans, il est secrétaire adjoint des Républicains en Haute-Garonne et délégué des jeunes actifs du mouvement local depuis 2011. Il est également directeur général d’une PME familiale dans l’automobile.
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