L’entrepreneure originaire de Montpellier, Vigdis Morisse Herrera, a lancé début avril “Opale” ; un questionnaire en ligne permettant d’informer les personnes sur les violences conjugales qu’elles peuvent subir. Une initiative lauréate du concours “Femmes du numériques 2024 pour l’Occitanie”.
Informer les personnes sur les violences présentes au sein de leur couple. C’est l’objectif de l’entrepreneure Vigdis Morisse Herrera. Cette habitante de Montpellier a lancé début avril son questionnaire “Opale”, qui permet à chacun d’évaluer son exposition aux violences conjugales et se voir proposer des solutions adaptées à sa situation gratuitement. « Quand on parle de violences conjugales, on pense à la femme battue avec son cocard et du maquillage pour camoufler. Sauf que des choses se passent avant. Cela n’arrive jamais qu’une femme aille merveilleusement bien dans son couple, puis qu’elle reçoive un coup de poing du jour au lendemain. Il faut prendre conscience qu’il existe d’autres violences autre que physiques », relate la fondatrice.
Ce questionnaire en ligne est composé de 200 questions. Pendant une quinzaine de minutes, il fait le tour de toutes les sortes de violences ; psychologiques, verbales, physiques, sexuelles, administratives, économiques ou encore les cyberviolences. Pour chacune d’entre elles, un verdict est rendu. « Soit le résultat indique que tout va bien, soit qu’il y a vigilance, soit urgence », explique-t-elle. Vigdis Morisse Herrera souhaite avant tout mettre l’accent sur le « contrôle coercitif ». En clair, le fait de contrôler le quotidien de la victime, ainsi que de limiter son autonomie et sa liberté.
Une fois le questionnaire terminé et le résultat donné, un certain nombre de solutions est proposé aux victimes. Parmi elles, une liste d’associations dédiées à chacune des violences. Une initiative qui permet de « limiter la charge de travail des victimes ». « Car quand on est seul et qu’on est en train d’essayer de sauver sa personne ainsi que son intégrité morale et physique, c’est un effort supplémentaire d’aller chercher l’information nécessaire pour se faire aider », relate Vigdis Morisse Herrera. Des informations juridiques seront aussi transmises aux victimes. La Montpelliéraine détaille : « Selon les réponses, il est précisé lorsque le code pénal français sanctionne certains actes par tel ou tel article de la loi. »
La gratuité du concept sera quant à elle maintenue. Le modèle économique reposera sur les entreprises « qui pourront renseigner les solutions qu’elles proposent à leurs salariés victimes de violences conjugales pour les aider ». « “Opale” leur permet donc de mettre à disposition toutes les informations auprès des victimes tout en réalisant une action de prévention », précise l’entrepreneure.
Pour réaliser “Opale”, la cheffe d’entreprise s’est appuyée sur les travaux des pays plus avancés en terme de violences conjugales et son vécu. « Ces lectures sont le fruit de mon travail sur la compréhension de ce qu’il m’est arrivé. Je me suis questionnée sur ce que je pouvais faire à mon échelle pour que les personnes partent avant que ça soit dévastateur », témoigne la Montpelliéraine.
Vigdis Morisse Herrera se confie : « J’ai été victime. Pendant ma période de reconstruction, je me suis demandé pourquoi je ne m’étais pas rendue compte que je subissais des violences. J’étais mal au point de ne plus me nourrir. Mais pour moi ce n’était pas de la violence car mon ancien conjoint ne me frappait pas. Alors que factuellement, les violences conjugales ne s’arrêtent pas à ça. »
Depuis le lancement de ce questionnaire, 400 personnes y ont répondu en intégralité. Parmi elles, 90 % subissent – selon les résultats obtenus – des violences psychologiques. Viennent ensuite les violences sexuelles. « Ce sondage a beaucoup tourné et a été vu par des psychologues et des partenaires sociaux », se réjouit la fondatrice. “Opale” est même lauréat pour le concours “Femmes du numérique 2024 pour l’Occitanie”, un prix qui récompense les initiatives technologiques portées par les femmes et qui ont un impact pour la société.
Si la première version est genrée au féminin et s’adresse aux femmes en relation avec des hommes, une deuxième version devrait arriver « d’ici un bon mois ». Le questionnaire sera adapté au genre de la victime et au genre de son ou sa partenaire. « Les solutions seront adaptées aussi », affirme Vigdis Herrera avant d’ajouter : « Il y aura des associations pour les hommes, pour les femmes, pour les couples hétérosexuels et homosexuels. Elles seront choisies en fonction des violences et des critères sociaux-démographiques de la personne qui remplit le questionnaire. »
Si vous êtes victime de violences conjugales, vous pouvez contacter le 3919. En cas d’urgence, composez le 17.
Valentine Gaxieu
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