Le 21 septembre 2001, Toulouse vivait l’une des pires catastrophes industrielles françaises. Sur le site AZF, environs 300 tonnes de nitrate d’ammonium explosait, faisant 31 morts et 2 500 blessés. Depuis, le site était sous scellé et interdit d’accès. Mais l’interdiction vient d’être levée et la groupe TotalEnergie a débuté, ce lundi 17 avril, la dépollution du site.
La Cour d’appel de Paris a acté la levée des scellés du site AZF le 28 octobre 2022. Depuis plus de 18 ans, à l’endroit même de l’usine Grande Paroisse, se trouvait un cratère béant. Désormais les opérations de dépollution du site vont pouvoir débuter. TotalEnergies, le groupe propriétaire de l’usine, procédera en plusieurs étapes. Tout d’abord, il faudra débroussailler et mettre en sécurité la parcelle concernée. S’en suivra une série d’analyses sur l’environnement et sur les sols du site AZF. D’autant que le cratère est maintenant rempli d’eau. Il est donc officiellement devenu zone humide. Une réglementation particulière s’impose donc, puisque ces zones sont protégées.
Dans des propos recueillis par La Dépêche, le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, se réjouit et affirme que c’est une « étape importante et symbolique de la transformation du site. C’est aussi le signe qu’il y a un avenu après et malgré le drame parti d’ici. » La ville Toulouse va donc pouvoir commencer à tourner la page AZF, une catastrophe qui l’aura marqué au fer rouge.
Pour rappel, le 21 septembre 2001, entre 300 et 400 tonne de nitrates d’ammonium explosent à 10h17. Le bilan est lourd, 31 morts et 2 500 blessés. Les dommages matériels le sont tout autant. Toute la partie Sud-Ouest de Toulouse est très endommagée. Le 19 novembre 2009, le tribunal correctionnel de Toulouse relaxe Serge Biechlin l’ex-directeur de l’usine AZF Grande Paroisse, une filiale de Total. Le 24 septembre 2012, il est finalement condamné, en appel, à trois ans de prison dont deux avec sursis et 45 000€ d’amende pour homicide involontaire. Cinq mois plus tard, la cours de cassation casse cet arrêt pour « défaut d’impartialité ». Pour finir, du 24 janvier au 24 mai 2017, un second procès en appel a lieu. Serge Biechlin écopera finalement de 15 mois de prison avec sursis.
Maxime Della Guardia
Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse
Cet article a été écrit par des élèves de l'Institut Supérieur de Journalisme de Toulouse dans le cadre d'un partenariat avec le Journal Toulousain.
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Commentaires
MIGNARD Jacques le 04/10/2024 à 16:30
Parmi toutes les inexactitudes qui ont circulé pendant des années concernant la catastrophe AZF celles portant sur les quantités de produits mises en oeuvre dans l'explosion reviennent sans cesse. Plus de vingt ans après, évoquer l'explosion de 300 à 400 tonnes d'ammonitrates reste sidérant. Tous les véritables spécialistes indépendants et compétents considèrent que c'est environ environ le dixième de cette quantité qui a véritablement détonné, le reste du stock étant dispersé sans véritablement intervenir dans l'explosion. Une indication qui ne change rien à l'étendue des dégâts ni à la gravité de l'accident mais qui vient ajouter encore de la confusion à l'explication de la catastrophe dont les origines, faute d'avoir été véritablement cherchées, restent encore aujourd'hui indéterminées.
GRESILLAUD le 04/10/2024 à 13:11
Merci Jacques Mignard pour cette précision importante. Le rapport d'INERIS a toujours indiqué un impact énergétique de 15 à 40 tonnes de TNT, soit moins de 45 à 120 tonnes maximum de Nitrate d'Ammonium. Les photographies ont bien montré qu'une grande quantité de ce nitrate n'avait pas explosé. Ce point est important puisqu'un tel tonnage d'une explosion au sol est incompatible avec la magnitude de 3.4 mesurée par les réseaux sismologiques internationaux. L'explosion d'AZF n'a pas dépassé la magnitude 2.0 et est survenue en réalité à 10h18'05, soit 9 secondes après ce premier séisme d'origine souterraine de magnitude 3.4 de 10h17'56.6. Il est en revanche navrant de voir que très peu ont remis en cause ce problème sismique et ces problèmes de datation. En tout cas les avocats de l'usine auraient dû le faire et ne l'ont pas fait. Ils ont préféré ne pas contredire les triches grossières du CEA militaire qui a inversé en 2005 l'ordre d'arrivées des ondes sismiques Pg et Pn de la station EPF dans son rapport sismologique pour faire caler l'épicentre sismique principal au niveau du cratère d'AZF. Votre association n'a hélas pas voulu intervenir lors des procès sur ce problème sismique... ne vous étonnez pas maintenant que les journalistes répètent les absurdités explosives au lieu de s'intéresser à l'explosion souterraine des installations militaires aménagées au début des années 90 sous le CHU de Rangueil et sous l'Hôpital Militaire Larrey.