Lors du conseil de Toulouse métropole qui se tient ce jeudi 23 juin au MEETT, les élus communautaires ont acté les résultats des élections législatives. L’occasion d’exprimer leurs inquiétudes face aux incertitudes qu’ils génèrent, notamment sur de gros chantiers comme la troisième ligne de métro ou encore la mise en œuvre de la loi “Climat et résilience” visant à lutter contre l’étalement urbain…
Quelques jours avant le conseil de Toulouse métropole, délocalisé au MEETT d’Aussonne ce jeudi 23 juin, ont eu lieu les élections législatives. Les élus communautaires ont ainsi pris acte des résultats nationaux et de la perte d’une majorité absolue par le parti présidentiel. Une situation d’instabilité politique qui se profile pour certains, l’expression de la volonté des Français de répondre aux urgences sociales et climatiques pour d’autres. Mais sans savoir encore comment l’Assemblée nationale va se comporter, de nombreuses interrogations émergent. Car, comme le souligne Joseph Carles, membre du groupe des Indépendants, « ce qui est sûr, c’est que nous assisterons au ralentissement des décisions ! ». Il implore ainsi ses homologues « de ne pas rajouter de l’inertie » au processus déjà rallongé.
Un vœu également émis par Jean-Luc Moudenc qui attend de voir si, à l’échelle nationale, « chacun va camper sur ses positions et organiser la paralysie du pays, ou si un dialogue est possible ». De son côté, le président de Toulouse métropole se dit prêt à travailler avec les députés de Haute-Garonne fraîchement élus, pour que les dossiers concernant la métropole avancent au plus vite. Parmi ces derniers, la troisième ligne de métro.
Car à la potentielle « instabilité politique engendrée par la nouvelle composition de l’Assemblée nationale, s’ajoute les répercussions de la crise sanitaire et de la guerre en Ukraine », fait remarquer Karine Traval-Michelet, présidente du groupe Métropole solidaire écologique et démocratique. Une conjoncture qui implique une vigilance accrue des budgets engagés sur des projets structurants et qui seront amenés à être réajustés, comme celui de la troisième ligne de métro. « D’où l’importance de l’organisation d’un séminaire budgétaire que nous avons appelé de nos vœux », poursuit-elle. Requête acceptée par la majorité et qui aura lieu en fin d’année comme le confirme Sacha Briand, vice-président de la collectivité, en charge des finances.
L’occasion de re-chiffrer le projet phare du mandat de Jean-Luc Moudenc, dont l’enveloppe ne cesse d’augmenter. Marc Péré, du groupe d’opposition, Alternative pour une métropole citoyenne, demande d’ailleurs à la majorité de présenter l’étude de soutenabilité budgétaire de la 3e ligne. « Quel est son coût réel ? Et quel sera son impact sur les finances de Toulouse métropole quand on sait que l’index des tunneliers a augmenté de 30% en trois ans, celui du béton de 20% en deux ans et que les produits sidérurgiques se sont envolés de 70% ? » demande-t-il.
Mais Sacha Briand se veut rassurant : « Le projet reste solide grâce à la reprise de la fréquentation du réseau et aux ressources de Tisséo. Notre vigilance se porte plus sur les taux d’intérêt qui tendent à augmenter, tout en restant modérés. »
Une instabilité politique qui aura également un impact sur la mise en place de l’objectif “Zéro artificialisation nette” (Zan) en 2050, imposée par la loi “Climat et résilience” selon Joseph Carles. Celui-ci souhaite faire valoir les particularités des territoires afin que cette mesure ne soit pas uniformisée mais personnalisée : « Toutes les communes n’ont pas les mêmes problématiques de réindustrialisation, de démographie… » Mais quel sera notre interlocuteur dans cette situation floue politiquement , s’interroge-t-il. « D’autant que, dans un même temps, l’on nous demande de construire des logements. Les injonctions sont contradictoires : comment créer 6 000 habitats supplémentaires par an sans artificialiser les sols ? »
Pour répondre à cette préoccupation, la Métropole « mène un travail intense auprès des maires des 37 communes pour identifier les zones urbanisées et leur potentiel de densification », précise Karine Traval-Michelet, vice-présidente de la collectivité, en charge du logement. « Parce que l’on sait que les sources d’urbanisation se situent en périphérie de Toulouse : il est nécessaire de réhabiliter le foncier existant pour construire de nouveaux logements », rajoute Sacha Briand.
Une logique qui justifie notamment le maintient du projet urbanistique aux Pradettes et le refus du projet associatif pour la construction d’une ferme urbaine, au grand dam d’Isabelle Hardy, du groupe Métropole écologiste, solidaire et citoyenne : « Comment refuser d’accompagner un projet qui répond en tout point aux urgences climatiques : un espace d’agriculture urbaine en plein cœur de Toulouse, un lieu d’éducation pour les enfants et de sensibilisation des adultes, un lieu de verdure et de biodiversité, un îlot de fraîcheur indispensable pour la régulation du climat dans une zone fortement urbanisée. »
Une position qui surprend Jean-Luc Moudenc, ne comprenant pas comment l’opposition peut dans un même temps « déplorer l’étalement urbain, et soutenir un projet qui empêcherait la création de logements intra-muros ». Le président de Toulouse métropole affirmant que pour atteindre les objectifs de la loi “Climat et résilience”, il faudra forcément densifier la ville centre du territoire. Mais pour Isabelle Hardy, il ne s’agit pas temps de répondre aux exigences de la mesure ZAN, que de « refuser systématiquement toute proposition de l’opposition ». Une accusation qui tient lieu de preuve pour Jean-Luc Moudenc, que ses opposants politiques étaient bien à l’initiative de ce projet de ferme urbaine aux Pradettes…
Commentaires
David Fabre le 11/09/2024 à 21:59
"Une accusation qui tient lieu de preuve pour Jean-Luc Moudenc, que ses opposants politiques étaient bien à l’initiative de ce projet de ferme urbaine aux Pradettes… "
Il s'agit de mauvaise foi absolue. Rappelons les faits.
- Le projet de ferme urbaine a tout d’abord été proposé au cours d’une consultation citoyenne lancée par la mairie en mai 2019.
A l’issue de celle-ci la mairie a accepté de financer la construction d’un jardin partagé qui ne constituait que l’un des trois
pôles du projet global (les deux autres étant la ferme maraîchère et le jardin pédagogique).
- En 2020, l’association NATURES a été constituée par un groupe de citoyens habitants du quartier sans aucune affiliation politique.
L'association a entrepris une démarche de consultation des habitants, notamment au travers de rencontres en porte-à-porte,
qui a montré que le projet est plébiscité par la très grande majorité des habitants.
- En décembre 2020, l’association a proposé à la mairie une démarche de co-construction du projet.
La mairie a accepté de laisser à l'association NATURES un délai de 18 mois pour élaborer un projet viable, et proposé
d'accompagner ce projet en mettant en place un comité de pilotage présidé par le maire de quartier C. Alves, et en
Indiquant des interlocuteurs dans les différents services municipaux.
- Au cours de l’année 2021, bien que le projet ait été plebiscité par un appel à projet de la région ou une subvention de 150 k€
a été accordée, la mairie s’est désinvestie de l’accompagnement proposé, en annulant le comité de pilotage.
- En avril 2022, un dossier présentant un projet complet a été présenté à la mairie, conformément à l’engagement pris
en décembre 2020. Le maire de quartier C. Alvez et le maire adjoint délégué aux espaces verts C. Riquet
ont répondu négativement à ce projet et leur réponse montre qu’il n’ont en réalité même pas lu le dossier
qui leur a été transmis.
- En mai 2022, l'association NATURES a écrit directement au maire J-L Moudenc, pour répondre point par point aux
arguments erronés évoqués pour justifier le refus, et demander son arbitrage.
M. Moudenc a répondu qu’il maintenait ce refus, en justifiant celui-ci
uniquement sur le manque à gagner de 3,8 millions d’euros sur les projets immobiliers prévus qu’impliquerait le projet.
Argument que l'association NATURES trouve bien évidemment parfaitement inacceptable au vu de l’urgence des enjeux climatiques,
redémontrée ces derniers jours par les épisodes de canicule.