Avec tous ses candidats qualifiés dont huit sur dix en ballottage favorable, la Nupes a gagné la première bataille des législatives en Haute-Garonne, devant une coalition Ensemble ébranlée et une droite complètement sonnée. Enthousiasme, circonspection et constat d’impuissance, voici l’état d’esprit des différents représentants locaux des partis politiques.
Avec 25,7 % des votes exprimés à l’échelle nationale, 406 candidats qualifiés au second tour (soit 70 %) sur l’ensemble du pays, 39 en Occitanie (dont 25 en ballottage favorable) et 10 en Haute-Garonne, la Nouvelle union populaire écologique et sociale fait la bonne opération du premier tour des élections législatives. « C’est assurément une victoire pour nous », assène Fred Borras, le coordinateur départemental de la Nupes.
En plus de se féliciter d’avoir qualifié des candidats dans toutes les circonscriptions de la Haute-Garonne, celui-ci insiste sur le fait qu’en intégrant les voix des candidats officiellement investis par la Nupes, mais écartés par le ministère de l’Intérieur, l’alliance de la gauche réalise un meilleur score que la coalition macroniste Ensemble. « Gérald Darmanin met la Nupes en second, mais c’est une petite manipulation pour masquer le mauvais résultat d’Emmanuel Macron. Il ne fait pas 30 % et c’est la première fois qu’un président élu n’est pas en tête du premier tour », analyse-t-il avant d’appeler au rassemblement : « une nécessité face au Rassemblement national ».
« Nous devons confirmer et prendre les dix circonscriptions », Fred Borras, le coordinateur départemental de la Nupes.
Confiant pour le second tour, Fred Borras est convaincu que la gauche sera capable d’aller chercher les sièges de députés même sur les circonscriptions où elle est devancée par le candidat de la majorité présidentielle. « Nous devons désormais confirmer notre bonne dynamique et prendre les dix circonscriptions. Pour cela nous devons continuer de convaincre, sur le terrain, avec notre projet », précise-t-il.
Avec 1 candidat éliminé dès le premier tour et 7 en ballottage défavorable en Haute-Garonne, la coalition Ensemble est renvoyée dans les cordes dès le premier tour. Une situation préoccupante qui se constate également au niveau régional (27 candidats en ballottage défavorable sur 33 qualifiés), mais que les cadres locaux de la République en marche essaient de relativiser. « C’est une tendance nationale. Les électeurs ont moins voté pour le mouvement de la majorité présidentielle qu’ils ne l’avaient fait en 2017. Cette année, les candidats d’Ensemble n’ont pas bénéficié de l’effet de nouveauté qui les avait portés il y a cinq ans. Au contraire, ce sont les candidats de al Nupes qui ont bénéficié de cette prime à la nouveauté », analyse Alice Dausse, la référente locale de la République en Marche.
« Les candidats d’Ensemble n’ont pas bénéficié de l’effet de nouveauté », Alice Dausse, la référente locale de la République en Marche
Au-delà de ce constat général, les militants de la coalition Ensemble se penchent également sur la situation locale et sur la meilleure stratégie à adopter pour renverser la vapeur. Notamment dans certaines circonspections, comme la première, où les scores sont particulièrement décevants. « C’est une situation difficile à comprendre. Comment un candidat anti-avions peut-il être en tête sur cette circonscription », s’interroge Alice Dausse qui décharge de toute responsabilité le candidat Pierre Baudis. « Il a fait beaucoup de terrain et était très présent tout au long de la campagne. Nous devons nous assurer que nous avons rencontré tous les électeurs pour les convaincre », prévoit la référente locale LREM qui veut désormais faire une campagne « projet contre projet ».
Pour Alice Dausse, la consigne de vote dans la 8e circonscription, qui verra s’affronter des candidats de la Nupes et du RN, est claire : « Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national ».
« Il est certain que c’est un résultat décevant, mais ce n’est pas une surprise », confie Pierre Esplugas-Labatut, porte parole Les Républicains en Haute-Garonne, au lendemain de la défaite de son parti qui n’a pas réussi à qualifier le moindre candidat au second tour des législatives en Haute-Garonne (1 seul qualifié au niveau régional). En effet, pour lui, malgré des candidatures locales, ce scrutin mobilise des enjeux nationaux et dépasse donc la notoriété ou les personnalités des différents candidats. « Dans ce contexte d’acculturation politique et de faible culture politique, les électeurs ne connaissent pas les candidats locaux. Ils votent donc en faveur d’une ligne incarnée par un leader charismatique. C’est l’étiquette du patron qui est déterminante », observe-t-il.
« Les électeurs ne connaissent pas les candidats locaux, c’est l’étiquette du patron qui est déterminant », Pierre Esplugas-Labatut, porte parole Les Républicains en Haute-Garonne
Une logique qui a donc, selon Pierre Esplugas-Labatut, coûté cher au parti Les Républicains après le très mauvais score de Valérie Pécresse à la présidentielle. « La dynamique a clairement fait défaut. Nous sommes encore sonnés par le résultat de Pécresse. Il nous a manqué un véritable leader », précise Pierre Esplugas-Labatut avant de se projeter, malgré tout, dans le second tour. « L’importance des scores insoumis est inquiétante et dangereuse. Si nous n’avons pas de candidats au second tour, le danger de l’extrême gauche radicale doit nous pousser, sans états d’âme, à voter en faveur du candidat Ensemble », ajoute-t-il. Dans le cas d’un duel entre la Nupes et le RN, le porte-parole haut-garonnais des républicains préfère renvoyer les électeurs à leur propre responsabilité.
Avec un seul candidat en ballottage très défavorable en Haute-Garonne, le Rassemblement national préfère regarder la situation avec un peu de distance. En effet, le parti de Marine Le Pen est en progression dans tout le pays et pourrait envoyer un nombre historique de députés sur les bancs de l’hémicycle. Pratiquement absent en Haute-Garonne, un territoire que Thomas Barkats, candidat de la 9e circonscription de Haute-Garonne, juge « ancré à gauche », le RN qualifie tout de même 21 candidats dans la région Occitanie, dont 15 sont arrivés en tête du premier tour. « La réalité, c’est que le RN réalise des scores historiques en tout point ! Loin du silence médiatique et de la mauvaise foi de certains, nous gagnons plus de 1,2 million de voix sur 2017 », s’est félicité le candidat sur les réseaux sociaux, malgré son élimination.
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