L’élu municipal Samir Hajije aurait été agressé à la Bourse du Travail à Toulouse le vendredi 22 novembre. Mais le parquet a classé la plainte sans suite. Depuis, la controverse ne fait qu’enfler.
Que s’est-il réellement passé dans la soirée du vendredi 22 novembre ? L’élu de la majorité municipale Samir Hajije aurait été agressé à la Bourse du Travail à Toulouse en marge d’une conférence sur la lutte du peuple sahraoui pour l’autodétermination. C’est en tout cas ce qu’avance un communiqué de presse du groupe de la majorité Aimer Toulouse. « Alors qu’il se rendait à une conférence organisée par la CGT, l’accès lui a été refusé avant qu’il ne soit violemment et physiquement pris à partie », écrit le groupe. Sur le réseau social X, Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, déclare même que l’élu « s’est fait violemment tabasser ».
« La multiplication de ces agissements à la Bourse du Travail – je n’ai pas oublié la manière dont une autre de mes collègues, Nicole Yardeni, s’était vue interdite de parler au même endroit l’an dernier – nous indigne autant qu’il nous interroge. Un tel lieu ne peut devenir le fonds de commerce de l’intolérance et de la sauvagerie », estime le maire qui fait ici référence à l’altercation survenue lors d’une conférence “Liberté pour la Palestine” au mois de mai 2023. Nicole Yardeni, adjointe au maire de la Ville rose et ancienne présidente du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) à Toulouse aurait été « entourée, interpellée, menacée, insultée après une prise de parole parfaitement respectueuse, et finalement bousculée et expulsée avec une violence innommable ». Le secrétaire général de la CGT 31, Cédric Caubère, de son côté assurait qu’elle « a été accompagnée hors de la Bourse du travail sous protection, sans violence, ni coups, ni insultes, ni menaces ».
Comme l’année dernière, le syndicat se défend dans un communiqué daté du dimanche 24 novembre. « Il n’y a eu aucun acte de violence à l’encontre de Samir Hajije à la Bourse du Travail vendredi soir. Il n’a été victime d’aucune agression », assure la CGT. Et elle en tient pour preuve le classement sans suite de l’affaire ce dimanche. « L’enquête de la police et l’analyse du parquet confirment notre version », souligne le syndicat qui « regrette que cet individu ait abusé le maire de Toulouse pour l’inciter à s’en prendre à la CGT » et annonce « prendre contact avec Jean-Luc Moudenc » qui demandait justement au syndicat de s’expliquer. D’après les informations recueillies par La Dépêche du Midi, le parquet de Toulouse déclare que « les vidéos n’objectivent pas de coups portés par les vigiles de la CGT qui n’ont fait que repousser quelqu’un qui résiste et souhaite rentrer manu militari dans la Bourse du travail ».
Samir Hajije a justement publié des vidéos tournées par des personnes présentes ce soir-là, sur le réseau social X. Sur celles-ci, l’on peut voir l’élu à genoux au sol, entouré par plusieurs personnes à l’entrée de la Bourse du Travail. Certaines en empêchent d’autres d’entrer dans les locaux. On peut également apercevoir l’élu tomber. Toutefois, l’adjoint au maire Pierre Esplugas-Labatut, lors d’une conférence de presse du groupe Aimer Toulouse, affirme avoir eu accès à d’autres vidéos montrant Samir Hajije être « attrapé par le cou, jeté au sol, maintenu par terre et frappé avec une matraque télescopique ». « Il a été signifié deux jours d’interruption temporaire de travail (ITT). Je suis désolé, on ne signifie pas deux jours d’ITT, si on n’a pas été agressé », déclare Pierre Esplugas-Labatut avant d’indiquer que l’élu a deux dents cassés. « Sur ces vidéos, d’ailleurs, on voit que dès qu’il se relève, son premier réflexe est de mettre la main à la bouche », rapporte-t-il.
« S’il prend acte de la décision du parquet », l’élu trouve donc « dommage qu’il ait classé aussi vite la plainte ». Samir Hajije, qui s’est depuis exprimé dans un communiqué publié ce lundi 25 novembre au soir, est du même avis. En effet, il « regrette un certain manque de considération eu égard à la gravité de ce qui s’est passé ». « Beaucoup de choses ont été écrites au point que mon témoignage est aujourd’hui totalement contesté, la question étant même posée de savoir si j’ai menti à l’issue de mes précédentes déclarations. Ces propos me heurtent », confie l’élu. Il affirme que sa présence était « totalement légale » et qu’il n’a « jamais cherché à provoquer ou perturber les débats ». Toutefois, il reconnait que « cette altercation par sa soudaineté et sa violence, a été psychologiquement traumatisante, au point, que certains qualificatifs employés dans son témoignage soient aujourd’hui contestés, minorés ou ignorés ». Et si les élus du groupe de la majorité sont conscients qu’il a « un petit peu grossi le trait », ils renouvellent leur soutien à Samir Hajije et « ne regrettent pas d’être intervenus » aussi rapidement.
Face à ces événements, l’opposition municipale n’a pas manqué de réagir. D’autant qu’elle avait été interpellée par Aimer Toulouse dans son communiqué : « Notre opposition, proche des syndicats, et du milieu associatif d’extrême gauche a toujours adopté des postures ambiguës, dénonçant du bout des lèvres la violence tout en veillant à ne pas trop fâcher ses soutiens militants. Tout cela doit cesser ! Nous les appelons, une fois encore, à la responsabilité afin de condamner sans aucune équivoque les violences commises ». Mais ce n’est pas ce qu’a fait l’opposition. Au contraire. Maxime Le Texier, co-président du groupe Alternative municipaliste citoyenne (AMC), dénonce ainsi « une manipulation orchestrée d’un événement avec des accusations graves et infondées vis-à-vis d’une organisation syndicale ». « La majorité a tordu la vérité pour créer un amalgame avec la CGT, syndicat que la Mairie veut évincer de la Bourse du Travail. C’est la deuxième fois qu’un tel incident arrive avec des élus de la majorité, et c’est toujours à la Bourse du travail », constate-t-il. L’élu d’opposition demande donc à ceux de la majorité de « retirer leurs propos sur cette affaire et notamment envers la CGT, car ce sont eux qui ont mis le feu aux poudres », mais également à Jean-Luc Moudenc de « clarifier ses intentions quant au bâtiment de la Bourse du Travail » et de se « retirer de X, comme l’a fait le parti Archipel Citoyen, devenu un média de clivage et de propagande des idées d’extrême droite ».
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