Lors d’une conférence “Liberté pour la Palestine”, organisée à la Bourse du travail à Toulouse, une altercation avec des élus, dont Nicole Yardeni, ancienne présidente du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France), a eu lieu. Cette dernière dénonce « une violence innommable » à son encontre. Mais la CGT de Haute-Garonne, co-organisatrice de l’événement, rapporte une autre version des faits.
Elle dénonce « une violence innommable. » Nicole Yardeni, adjointe au maire de la Ville rose et ancienne présidente du Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) à Toulouse, et Thierry Sentous, conseiller municipal en charge notamment du mobilier urbain, étaient présents lors d’une conférence “Liberté pour la Palestine”, organisée par deux associations pro-palestiniennes et la CGT Haute-Garonne à la Bourse du travail à Toulouse, à l’occasion de la venue de Salah Hamouri, avocat franco-palestinien.
Mais selon elle, ils n’étaient pas les bienvenus. « Dès notre arrivée, en tant qu’élus de la majorité municipale, mon collègue Thierry Sentous et moi avons été l’objet de pressions, d’intimidations », estime Nicole Yardeni. Elle ajoute : « Nous avons été pris en photo comme des animaux de cirque. Des personnes se sont mises autour de nous en disant qu’ils étaient là pour nous empêcher de dire un mot à quelque moment que ce soit. »
La situation s’est ensuite envenimée lorsque l’élue a interpellé l’invité d’honneur de la conférence, Salah Hamouri. Cet avocat franco-palestinien est accusé par Israël d’avoir tenté d’assassiner le Grand-rabbin d’Israël et a été expulsé en France. « Lorsque Salah Hamouri a pris la parole et a délibérément choisi le terme de “déporté” et non d’expulsé pour parler de sa situation, je me suis levée pour, simplement, corriger ce terme », admet-elle.
L’élue poursuit : « Hélas, je n’ai même pas pu terminer mon propos puisque la violence de certains membres des organisations à l’initiative de cette soirée a conduit à une avalanche de coups reçus par ceux qui m’ont protégée et que je remercie très sincèrement. » Nicole Yardeni estime effectivement avoir été « entourée, interpellée, menacée, insultée après une prise de parole parfaitement respectueuse, et finalement bousculée et expulsée avec une violence innommable. »
Mais le secrétaire général de la CGT 31 n’est pas du même avis. « Madame Yardeni a été accompagnée hors de la Bourse du travail sous protection, sans violence, ni coups, ni insultes, ni menaces. Notre service d’ordre l’a même protégée contre les bousculades, provoquées et finement organisées à dessein par le Crif et la LDJ (Ligue de Défense Juive), afin qu’elle gagne la sortie en toute sécurité », appuie Cédric Caubère dans un communiqué. D’après lui, le Conseil représentatif régional des institutions juives de France aurait en effet « organisé des provocations dans la salle pour tenter d’empêcher la conférence de se tenir. »
« Ce sont plus d’une quarantaine de fauteurs de troubles qui a tour de rôle ont créé le chahut en vitupérant, invectivant, refusant de sortir et bousculant le service de sécurité », rapporte le secrétaire général qui regrette que Nicole Yardeni « ait été partie prenante de ces agissements, allant jusqu’à les organiser » et trouve « inacceptable que des groupes organisés tentent d’empêcher le débat politique par des méthodes qui visent à museler la démocratie et l’émergence de la vérité sur un sujet qui concerne toute la communauté internationale. »
De son côté, Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, a apporté son soutien à Nicole Yardeni. « Cette violence, ce refus du débat, de toute parole différente et du moindre dialogue piétinent les valeurs élémentaires de respect et de la démocratie. On a mille fois le droit de défendre “la cause palestinienne”, mais certainement pas de se comporter ainsi », déclare le maire de la Ville rose qui espère que « cet inquiétant fait de violence » ne sera pas laissé impuni.
Il poursuit : « Le rôle des groupes organisateurs de la conférence, le soutien de plusieurs partis de notre opposition municipale à Salah Hamouri plutôt qu’à notre collègue bâillonnée dans son expression et agressée physiquement, le silence de certains et la défausse couarde d’autres, tout cela témoigne du grave délitement de notre démocratie. »
De leur côté, La France insoumise (LFI), Europe Écologie Les Verts (EELV) Midi-Pyrénées, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA) et le Parti de gauche (PG) se disent étonnés de « voir le maire de Toulouse soutenir une élue de sa majorité, qui s’est vautrée ici dans un comportement indigne de sa fonction, et blâmer la victime, c’est-à-dire la CGT, pour l’action des agresseurs. »
« Le débat démocratique exige en premier lieu la libre confrontation des opinions, sans violence », jugent-ils dans un communiqué avant d’ajouter : « Notre détermination reste intacte à permettre d’informer de tous les sujets notamment dans l’enceinte de la Bourse du travail, maison syndicale et citoyenne au service du mouvement ouvrier et démocratique. »
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