Que ce soit le projet de RER, la ZFE ou encore le métro, les mobilités divisent fortement les élus de Toulouse métropole, réunis en Conseil ce jeudi 20 octobre. Ils dénoncent notamment le coût de la 3e ligne de métro et la lenteur du dossier du RER toulousain.
La question de la mobilité ne cesse de concentrer les débats à la Métropole de Toulouse. Les enjeux sont effectivement colossaux. L’agglomération toulousaine, qui compte déjà 796 203 habitants, en gagne en moyenne 10 000 nouveaux chaque année. Autant de personnes qui se retrouvent sur les routes déjà engorgées de la métropole.
« Je suis interpellé tous les jours, notamment dans le Nord toulousain, sur la situation gravissime de la circulation. Les habitants de Toulouse métropole n’en peuvent plus des bouchons », rapporte Pierre Lacaze, membre du groupe d’opposition Toulouse Métropole Solidaire de la Gauche Démocrate et Républicaine lors du Conseil métropolitain qui se tient ce jeudi 20 octobre. En effet, selon les données du fabricant de GPS TomTom, les habitants de la Ville rose perdraient presque cinq jours dans les bouchons par an.
Outre les problèmes d’embouteillage, l’urgence climatique pousse aussi à repenser la mobilité dans la Métropole de Toulouse. Les transports représentent 57% des émissions de gaz à effet de serre sur le territoire.
La Zone à faibles émissions (ZFE), mise en place à Toulouse le 1er mars, doit justement permettre de diminuer la pollution de l’air. Comme nous le précisait François Chollet, vice-président de Toulouse Métropole en charge de l’écologie, son périmètre « concerne 430 000 habitants et comprend toute la ville de Toulouse ». Mais la mesure divise. Avec la ZFE, les fourgonnettes, fourgons et poids lourds vignette Crit’air 4 et 5 et non classés ne peuvent plus circuler dans cette zone.
« La ZFE va interdire l’accès de Toulouse aux plus pauvres, aux plus précaires et à beaucoup de professionnels et d’artisans à qui nous n’offrons aucune alternative », dénonce Isabelle Hardy, coprésidente du groupe d’opposition Métropole Écologiste, Solidaire et Citoyenne. Les mobilités entrent donc dans une période charnière à Toulouse. « La Métropole doit maintenant prendre des décisions », estime Pierre Lacaze.
Plusieurs options face à ces problèmes s’offrent à la Métropole à commencer par la 3e ligne de métro. Les travaux viennent tout juste de commencer. Mais certains élus d’opposition, pourtant « pas opposés à une 3e ligne », dénoncent les modalités de sa mise en place et surtout, son « coût démesuré. » Selon le dernier montant avancé par Tisséo, il devrait s’élever à 3,5 milliards d’euros. « Nous avons appris que la 3e ligne allait entraîner un surcoût d’au moins 300 millions d’euros sur les marchés du génie civil et cela sans tenir compte de l’envolée des prix de l’énergie », souligne Aymeric Deheurles, membre du groupe d’opposition Alternative pour une Métropole Citoyenne (AMC).
Pour lui, cette 3e ligne est un « gouffre financier. » Aymeric Deheurles déplore ainsi qu’elle ne soit pas réalisée par tronçon pour « échelonner les dépenses. » Caroline Honvault, aussi membre d’AMC, lance à l’attention de Jean-Luc Moudenc, président de la Métropole : « Nous regrettons que vous vous obstiniez à poursuivre vos projets pharaoniques comme cette 3e ligne. Vous faites preuve d’un acharnement mortifère alors que tous les signes montrent que ce n’est plus tenable. »
En ce sens, Isabelle Hardy demande « une analyse transparente et précise de la soutenabilité financière de la 3e ligne et des solutions pour répondre à l’urgence » comme l’a déjà fait Marc Péré, maire de L’Union. « Cette ligne ne verra le jour au mieux qu’en 2030 voire 2032 », appuie-t-elle. Pierre Lacaze ajoute : « Il ne suffira pas de faire la 3e ligne dans dix ans. Nous devons répondre maintenant aux problèmes urgents. »
Sacha Briand, vice-président de Toulouse métropole chargé des finances, a bien sûr défendu la 3e ligne. « Nous restons persuadés que cette ligne est structurante et qui ne concerne pas simplement Toulouse, le Sicoval, Blagnac ou Colomiers. Avec cette ligne, le travail de rapprochement des territoires va pouvoir s’enclencher. Cette ligne permet de passer d’un tiers à deux tiers de la population de l’aire urbaine à proximité d’un mode de transport en commun », déclare Sacha Briand.
Pour Aymeric Deheurles, la Métropole a tout misé sur la 3e ligne et ne « fait rien » sur les autres projets. « On nous vend notamment un REV (Réseau Express Vélo, NDLR) éveillé, morcelé, sans cohérence alors que tout indique que l’utilisation du vélo est en pleine augmentation », déplore le membre d’AMC. Pour rappel, le REV représente 370 kilomètres de pistes cyclables en Haute-Garonne, dont 240 sur le territoire métropolitain. Sacha Briand convient, mais sans en dire plus : « Il est nécessaire de renforcer le développement des modes de transport doux ».
Le développement du réseau bus est également source d’inquiétudes. Aymeric Deheurles dénonce « une découverture organisée » en faisant référence à la diminution de fréquence de passage notamment. Jean-Luc Moudenc, qui s’est voulu rassurant, a annoncé le lancement d’un groupe de travail sur le réseau bus de la Métropole pour projeter son développement à horizon de la 3e ligne de métro. »
Les élus d’opposition à la Métropole ne pouvaient aborder la question des mobilités sans parler du RER toulousain. « Il y a urgence à proposer des transports en commun qui soient de véritables alternatives à la voiture dans les années qui viennent. C’est la raison pour laquelle nous soutenons depuis longtemps la création d’un RER toulousain », déclare Isabelle Hardy. Certains élus d’opposition ont ainsi proposé un vœu pour lancer « une première phase d’un RER cadencé toutes les 30 minutes de 5h à minuit ».
Isabelle Hardy demande par ailleurs « un éclairage précis sur les modalités techniques et les réels coûts de ce RER ». « En cela, nous soutenons la demande de Georges Méric », informe la co-présidente du groupe Métropole Écologiste, Solidaire et Citoyenne. Le président du Conseil départemental de Haute-Garonne compte effectivement demander la communication de toutes les études réalisées sur le RER toulousain.
Comme Georges Méric, les élus commencent en effet à s’impatienter face à la lenteur du dossier et au « jeu de ping-pong » entre les parties prenantes : la Région Occitanie, la Métropole, le Département et la préfecture de Haute-Garonne. « L’important est que vous trouviez un espace où chacun s’engage et ne renvoie pas sur l’autre la responsabilité de faire », déplore Isabelle Hardy. Sacha Briand a tenu à assurer : « Je me tiens à disposition pour saisir la Région, compétente en matière de TER, et avoir un point concret sur la mise en œuvre de ce projet ».
Le président de Tisséo, Jean-Michel Lattes, a d’ailleurs fait savoir qu’il compte écrire à Carole Delga, la présidente de la Région, pour proposer une réunion avec tous les acteurs du dossier. Si Sacha Briand assure que la majorité n’est « pas contre ce projet », Jean-Luc Moudenc s’est montré clair : « Je serai vigilant à ce que pas un centime d’euro de notre collectivité n’aille financer ce projet qui se situe en dehors de nos compétences. »
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