Déjà quatre fois revu à la hausse, le coût de la 3e ligne de métro à Toulouse ne cesse de cristalliser la colère et l’incompréhension de l’opposition métropolitaine. Celle-ci vient de prendre connaissance de l’étude de soutenabilité budgétaire mise à jour : le montant des investissements prévus pour le projet s’élève désormais à 3.5 milliards d’euros, contre 2.6 milliards l’année dernière. S’ils comprennent l’augmentation des matières premières et l’inflation, ils se demandent jusqu’où pourra grimper la facture finale. Et s’interrogent sur la manière de la financer.
3,5 milliards d’euros. C’est le dernier montant avancé par Tisséo, après réévaluation, pour le coût de la 3e ligne de métro à Toulouse, le projet emblématique du mandat de Jean-Luc Moudenc. Un chiffre que les élus métropolitains d’opposition disent découvrir avec stupeur. Pourtant, l’opérateur de transports publics, qui s’était engagé à présenter la mise à jour de l’étude de soutenabilité budgétaire (ESB) régulièrement, s’est bien prêté à l’exercice. En effet, Sacha Briand, vice-président de Toulouse métropole en charge des finances, a convoqué, la semaine dernière, les maires des 37 communes composant l’agglomération et les présidents des groupes politiques constituant le Conseil métropolitain. Il leur a fait part de la dernière réactualisation du budget “3e ligne du métro”, soit la quatrième, par rapport au contexte inflationniste du moment, aux conséquences de la crise sanitaire et à la guerre en Ukraine.
Seulement, les élus d’opposition, dont fait partie Marc Péré, le maire de L’Union, affirment que ce chiffre ne leur a jamais été communiqué : « A la place de l’étude de soutenabilité budgétaire, on nous a présenté un document de quatre pages où il était question de 300 millions d’augmentation pour couvrir les surcoûts sur les marchés du génie civil », se souvient-il. L’élu s’attendait à une augmentation des investissements que nécessiterait le projet de Jean-Luc Moudenc. Mais, il se dit surpris, et même choqué, de recevoir ce lundi 17 octobre, sans qu’elle ne soit présentée en Conseil de Toulouse métropole, l’ESB tant attendue, sur laquelle l’augmentation est bien supérieure. « On est à presque 1 milliard d’euros de plus que les 2,7 milliards qui nous avaient été présentés en Conseil métropolitain », fustige Marc Péré.
Ainsi, l’étude de soutenabilité budgétaire n°4, que le Journal Toulousain a pu consulter, fait bien état d’une enveloppe de « 3,519 milliards d’euros pour les “opérations Métro” ». « Mais jusqu’où grimpera la facture », s’interrogent indignés les élus du groupe Alternative municipaliste citoyenne (AMC). « Où trouverons-nous les recettes nécessaires pour couvrir ces augmentations de budget ? », poursuivent-ils. « C’est totalement irresponsable de se lancer dans un projet tel, en ne sachant pas ce qu’il va coûter ! Alors, nous le redemandons : combien va coûter exactement et réellement cette 3e ligne de métro ? », s’impatiente Marc Péré.
Ce à quoi, Sacha Briand répond qu’il n’est pas possible aujourd’hui d’arrêter un montant. « La dernière ESB pose plus de questions qu’elle n’amène de réponses. Nous sommes encore en attente notamment des contractualisations avec Tisséo Voyageurs ou des retours du gouvernement quant à la prise en charge des surcoûts de l’énergie… », précise le grand argentier de Toulouse métropole. Les dernières mises à jour budgétaires sont donc pour l’instant intermédiaires. L’élu annonce toutefois que la prochaine ESB sera, elle, stabilisée car de nombreuses incertitudes auront été levées par des décisions. Celle-ci devrait être prête courant 2023, « et présentée en Conseil métropolitain, si cela est demandé », précise Sacha Briand.
Mais pour le groupe Alternative municipaliste citoyenne, qui demande un moratoire, estimant qu’il faudrait mettre ce projet en attente pour prendre les bonnes décisions, il est urgent de proposer « une solution de transports en commun crédible et accessible à tous ». Car, l’ESB révèle également que le budget dédié au bus a lui, considérablement été raboté : « Il passe de 328 millions d’euros à 63 millions », lit Marc Péré. « Ainsi, il est demandé aux habitants de la métropole qui n’auront pas accès au métro, de payer pour ce dernier sans en bénéficier, mais en plus, de ne pas voir les offres de bus se développer pour desservir leur commune », commente Odile Maurin, élue AMC.
« Il est urgent de proposer aux gens un service de transport en commun performant. Plus performant que la voiture si l’on veut opérer un report modal », développe-t-elle. Et de poursuivre : « C’est pour cela que nous déposerons un vœu lors du Conseil métropolitain qui a lieu ce jeudi 20 octobre : nous souhaitons lancer la première phase du RER toulousain. » L’idée serait d’élargir la fréquence des trains, qui passeraient toutes les demi-heures, heures pleines, comme heures creuses. Et ce, de 5h du matin à minuit. « Cela coûterait une dizaine de millions d’euros, serait bien plus efficace, et bien plus rapide », compare Odile Maurin, qui rappelle l’urgence.
Urgence une nouvelle fois démontrée, suite à la condamnation de l’État par le Conseil d’État à payer 20 millions d’euros pour ne pas avoir agi assez rapidement contre la pollution de l’air. « Toulouse est citée comme l’une des villes où les engagements en termes d’actions contre les gaz à effet de serre (GES) ne sont pas respectés », constate Odile Maurin. Elle fait allusion au Plan climat-air-énergie territorial (PCAET) de Toulouse, qui permettrait de réduire de 25% les GES dans la ville. « Bravo ! Seulement, l’exécutif français a fixé à 40% la réduction des GES d’ici 2030… », laisse-t-elle en suspens.
Commentaires