Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger, Laurent Saint-Martin, sera en visite officielle dans le Gers ce vendredi 2 mai. Un déplacement auprès des viticulteurs et des producteurs d’Armagnac et de Cognac, qui craint les sanctions internationales imposées par la Chine et les Etats-Unis. Les syndicats attendent des mesures concrètes pour protéger le territoire et les producteurs.
Les sanctions financières sur les droits de douane, lancées par la Chine et les Etats-Unis depuis plusieurs semaines, laissent planer un doute aux viticulteurs. Pour leur venir en aide, Laurent Saint-Martin, ministre délégué chargé du Commerce extérieur et des Français de l’étranger, sera de passage, le 2 mai, au domaine du Bilé à Bassoues.
Si le secteur craint pour son avenir, c’est parce que les exportations françaises vers les Etats-Unis des vins et spiritueux tricolores ont atteint 3,8 milliards d’euros en 2024. Dans l’hypothèse où la taxe à hauteur de 35 % de Donald Trump sur les frais de douane soit appliquée, cela causerait une diminution des exportations à hauteur de 800 millions d’euros, selon les estimations de la Fédération des exportateurs de vins et spiritueux de France (FEVS).
« Cette visite matinale ne résoudra pas le problème mais elle permettra d’apporter des nouvelles problématiques et échanger sur des stratégies sur les parts de marché. Notre volonté, c’est de poursuivre les exportations vers la Chine et les Etats-Unis en gardant les taxes douanières à 10% comme aujourd’hui. » explique Olivier Goujon, directeur du Bureau national interprofessionnel de l’Armagnac.
Un marché important pour le secteur mais qui n’apparaît pas comme crucial. « Notre force, c’est que l’on vend la moitié de nos productions en France donc nous n’avons pas les deux pieds dans le même sabot. L’année dernière, nous avons fait +8% sur le marché national. Mais ce qui est sûr, c’est que si les taxes passent à 35%, les clients changeront de produit. Quand un jean passe de 100 euros à 150 euros, les consommateurs vont plutôt choisir un pantalon en toile. »
Outre les producteurs d’Armagnac, Laurent Saint-Martin échangera également avec les viticulteurs, qui s’invitent eux aussi dans les discussions. Alain Desprats, directeur du Syndicat Côtes de Gascogne, rappelle : « Depuis cinq ans, on déplore 30% de pertes sur chaque millésime, à cause des problèmes de gel, de la grêle et de l’humidité. Par conséquence, nous n’avons pas pu alimenter nos clients européens (Royaume-Uni, Pays-Bas, Allemagne, Belgique) et nous avons perdu des parts de marché. »
Le syndicaliste conclut : « Il n’y a aucune certitude mais les Pays d’Oc, les vins italiens, espagnols ou encore ceux d’Afrique du Sud les ont potentiellement récupéré. Ce qu’on attend, c’est de poursuivre l’accompagnement dans une stratégie de reconquête des parts de marchés que l’on a perdu mais aussi préparer une demande pour que l’accès à certaines aides déjà existantes soit encore plus facilité. Nous ne voulons pas non plus être des victimes collatérales des échanges internationaux en étant visé par cette hausse significative des taxes douanières. »
Axel Decuignière
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