Trois ans après l’annonce des investissements du Ségur de la santé en Occitanie par Jean Castex, alors Premier ministre, le 1,6 milliard d’euros promis par l’État a été en partie distribué et plusieurs projets d’envergure ont abouti, ou sont en passe de l’être. Le point sur les avancées concrètes dans la région.
En novembre 2021, après la tenue du Ségur de la santé, 1,6 milliard d’euros d’aide à l’investissement avait été promis aux établissements de santé et médico-sociaux d’Occitanie par Jean Castex, alors Premier ministre. Trois ans après, l’enveloppe a-t-elle été distribuée ? A qui ? Et pour quoi faire ? Didier Jaffre, directeur général de l’Agence régionale de Santé (ARS) Occitanie, fait le point et affirme que les sommes prévues ont été correctement fléchées vers les hôpitaux, les centres médico-sociaux et les Ehpad des 13 départements, à commencer par les projets immobiliers.
A ce jour, 42 projets immobiliers d’établissements de santé sur 67 ont été validés en Occitanie, soit une aide de 755 millions d’euros engagée par l’ARS. A ce montant, s’ajoute le co-financement du Conseil régional, à hauteur de 50 millions d’euros. Ainsi, 73% de l’enveloppe globale a d’ores et déjà été promis à plusieurs opérations. Les plus importantes étant la modernisation et l’amélioration des parcours du Centre hospitalier de Montpellier, celui du Grand hôpital régional des enfants au CHU de Toulouse, et la reconstruction des hôpitaux du Centre hospitalier de Tarbes-Lourdes sur un site unique à Lannes. Sans oublier le projet de nouvel hôpital de Montauban, l’extension de l’hôpital d’Auch et le regroupement des centres hospitaliers de Millau et de Saint-Affrique. « Des programmes qui assureront le maintien de l’accès aux soins sur ces territoires. Il s’agit d’un investissement pour les 40 prochaines années », commente Julie Senger, directrice de l’offre de soins et de l’autonomie à l’ARS.
A cela s’ajoutent les projets des établissements médico-sociaux pour lesquels l’ARS a alloué 165 millions d’euros d’aide à l’investissement, un levier qui a permis la participation de certains Conseils départementaux (50 millions d’euros en 4 ans). 90 d’entre eux ont été validés dans le cadre du Ségur de la santé : 40 sont encore en phase d’études, 22 sont en cours de travaux et 25 sont déjà achevés.
Au-delà des projets structurants, les aides de l’État se sont aussi portées sur les investissements dits du quotidien, à hauteur de 155 millions d’euros. « Ils ont permis de financer l’acquisition de divers équipements, de petits matériels et petites opérations de travaux, ayant un impact direct sur la qualité de vie des personnes prises en charge, comme celle des professionnels de nos établissements sanitaires et médico-sociaux », précise Didier Jaffre. Un atout quand il s’agit de rendre les métiers de la santé plus attractifs, l’un des enjeux du Ségur. Ainsi, 360 établissements de santé et 500 Ehpad ont bénéficié de ce financement.
Avec une aide de 250 millions d’euros, le CHU de Montpellier est l’établissement sanitaire le plus subventionné de la région Occitanie. « Notre plan pluriannuel de modernisation du centre hospitalier, arrêté à 2032, tutoie le milliard d’euros », confie Anne Ferrer, la directrice générale du CHU. En détails, la structure hospitalière va investir 730 millions d’euros et percevra 230 millions d’aide de l’État (et 20 millions d’euros de reprise de dette).
« D’ores et déjà, l’ARS a notifié 171 millions d’euros, et le reste sera débloqué fin novembre. Nous avons donc pu avancer dans notre projet grâce à cette subvention », explique Anne Ferrer. Au programme, la modernisation des urgences, du pôle Femme-Mère-Enfant, et du pôle coeur-poumon. Mais aussi le développement de nouvelles activités telles que la chirurgie ambulatoire, la chirurgie robotique et la radiologie interventionnelle du pôle digestif. « Nous avons également effectué des travaux au niveau de la ventilation en anesthésie, acheter du mobilier hôtelier ergonomique, de nouveaux moniteurs de surveillance… » témoigne Anne Ferrer, qui assure que les soins aux patients et les conditions de travail des professionnels de santé en sont grandement améliorés. « D’ailleurs, nos équipes sont désormais au complet au CHU de Montpellier », assure sa directrice générale.
« Montpellier est l’exemple même de la concrétisation du Ségur de la santé », affirme le directeur de l’ARS Occitanie. Mais d’autres projets le confirme : en Lozère, le centre de rééducation fonctionnelle de Montrodat a été réhabilité, tout comme le service des soins palliatifs de la clinique Mas de Rochet à Castelnau-le-Lez (Hérault). Dans le Gers et en Haute-Garonne, un pôle neuro-gériatrique de soins médicaux et de réadaptation a été créé au Centre de rééducation fonctionnelle de Saint-Blancard et à la clinique de Verdaich (Gaillac-Toulza). Des extensions d’Ehpad ont été effectuées à Escatalens dans le Tarn-et-Garonne, à Castillon-en-Couserans dans l’Ariège et à Prades dans les Pyrénées-Orientales. Au total, 9 projets sanitaires et 25 médico-sociaux ont déjà été livrés dans la région en 2024.
Et d’autres sont en cours de travaux comme la reconstruction du Centre hospitalier intercommunal des vallées de l’Ariège-Lavelanet ou celle de l’Ehpad Beau Soleil à Rivière-sur-Tarn en Aveyron.
Des investissements qui permettent de poser les jalons des établissements sanitaires de demain. Car « la santé n’est pas un coût mais une richesse », clame Didier Jaffre. « Dans 10 ans, les hôpitaux sauront prendre soin en étant accessibles, accueillants. Ils seront ouverts sur l’extérieur en se transposant hors les murs, en devenant une plateforme de ressources et une passerelle avec les acteurs extérieurs. Ils seront enfin résilients en réduisant leur impact environnemental et en étant évolutifs », entrevoit Julie Senger. Tout comme les Ehpad, « qui devront être de véritables lieux de vie où les soins aux résidents sont facilités », poursuit-elle. Des structures médicales et médico-sociales qui devront également répondre aux enjeux environnementaux : « Nous soutenons des projets qui prennent en compte l’adaptation au changement climatique, l’atténuation de leur empreinte sur l’environnement et l’amélioration de leur performance énergétique ; qui intègrent le développement durable dans leur gouvernance, la pertinence de leur choix d’investissements, la gestion de l’eau et la santé. »
Des projets qui feront l’objet d’un suivi régional par l’ARS pour s’assurer de leur bon pilotage et ajuster les crédits si besoin.
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