Depuis l’entrée en vigueur de la loi “contre le séparatisme”, les familles de l’académie de Toulouse et d’ailleurs, doivent faire une demande pour pratiquer l’école à la maison. Ce changement est vivement dénoncé. Plusieurs familles se sont vues refuser leur demande.
C’est un changement loin d’être anodin. Jusqu’à présent, les familles pouvaient faire l’école à la maison avec seulement une déclaration. Mais tout a changé depuis l’entrée en vigueur de la loi “contre le séparatisme” cette année. Les parents doivent désormais déposer une demande d’autorisation d’instruction en famille (IEF).
« C’est un recul sur les libertés fondamentales. Il y a énormément de refus et une inégalité de traitement d’une famille et d’une académie à l’autre, même le ministre de l’Education nationale l’avoue », dénonce Régis Godec, le co-secrétaire d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) Midi-Pyrénées.
Au 30 août 2022, l’académie de Toulouse avait reçu 3 731 demandes d’IEF et autorisé 3 217. Ce qui représente 86 % de demandes acceptées. Pour autant, 283 des demandes au motif 4 (c’est-à-dire l’existence d’une situation propre à l’enfant motivant le projet éducatif) sur 314 ont été refusées. C’est celui-ci qui pose surtout problème.
Les autres motifs pour faire une demande sont les suivants : l’état de santé de l’enfant ou son handicap, la pratique d’activités sportives ou artistiques intensives, l’itinérance de la famille en France ou l’éloignement géographique de tout établissement scolaire public.
« La plupart des demandes au motif 4 portent sur des enfants nés en 2019 donc des enfants concernés par l’obligation d’instruction à trois ans. Elles ont été refusées car il n’y avait pas de situation propre à l’enfant », indiquait Mostafa Fourar, lors d’une conférence de presse le 30 août.
Le recteur de l’académie de Toulouse précise : « Pour le motif 4, il faut arriver avec un argument valable, par exemple un enfant qui éprouve un mal-être à l’école. Cela prouve qu’il y a eu tentative de scolarisation et pas un évitement ».
Régis Godec juge ainsi ce motif 4 « problématique ». « Des familles se sont vues refuser la demande pour leur enfant de trois ans alors que pour le grand-frère ou la grande-sœur cela a été accepté », rapporte-t-il avant d’ajouter : « Comment considérer ce qui est acceptable ou non ? ».
Face à ces refus, plusieurs familles ont déposé un recours devant le tribunal administratif. Il y en avait 69 au 30 août. « Les tribunaux administratifs donneront des éléments d’harmonisation. Nous y verrons plus clair lorsque nous aurons leur retour », estime le recteur. Mais Régis Godec n’est pas de cet avis. « Le juge du tribunal administratif ne peut pas évaluer l’intérêt de l’enfant », soutient-il.
Le co-secrétaire d’EELV Midi-Pyrénées demande ainsi la révision de l’article 49 de la loi contre le séparatisme et un retour au régime déclaratif « en place pendant près de 150 ans ». « Revenons à la raison. Nous sommes dans une situation aberrante. S’il y avait beaucoup d’enfants en difficulté, de phénomènes sectaires et de séparatisme, il faudrait faire attention. Cela existe, mais il n’y a pas de menace », souligne Régis Godec.
Pour faire entendre leur voix, des familles ont prévu de se mobiliser. Elles se rassembleront le 15 septembre prochain à la prairie des Filtres à Toulouse en protestation.
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