Alors qu’Emmanuel Macron a annoncé que l’instruction à domicile serait désormais “strictement limitée”, à Toulouse, les associations de familles concernées s’insurgent. Le témoignage d’une mère qui élève ses deux enfants à la maison, dans la commune de Brax.
À Toulouse, des parents s’insurgent contre la fin de l’instruction à domicile annoncée par Emmanuel Macron CC
L’annonce d’Emmanuel Macron, le 2 octobre dernier, d’une « stricte limitation » de l’instruction scolaire à la maison dès la rentrée 2021, a été un vrai choc pour Lise Arbiol, qui habite Brax, près de Toulouse. « Nous ne nous y attendions pas. C’est une remise en question très violente de notre mode de vie. Et la privation d’une liberté qui est inscrite dans la loi depuis 1882 ». Cette mère de deux enfants de 7 et 11 ans les instruit avec son mari à leur domicile car leur fils aîné souffre de troubles de l’apprentissage. « En le déscolarisant, après le CP, nous avons découvert une nouvelle façon d’apprendre et d’instruire. Et nous l’avons ensuite logiquement appliqué avec notre fille. » Elle ne comprend pas le lien que fait Emmanuel Macron entre l’instruction à la maison et le “séparatisme religieux”. « C’est un amalgame et une stigmatisation de l’Islam. Nous ne connaissons aucune famille qui ait fait cette démarche pour des motifs religieux. C’est toujours pour le bien de l’enfant ».
Problèmes de santé, choix de vie alternatif, respect des rythmes de l’enfant, harcèlement ou phobie scolaire, les raisons qui poussent certains parents à privilégier l’école à domicile sont nombreuses. En France, 50 000 enfants sont concernés, soit 0,4 % de ceux en âge d’être scolarisés. “Si leur nombre a progressé de 14 000 ces deux dernières années, c’est parce que l’école obligatoire a été ramenée de six à trois ans… ce que ne dit pas Emmanuel Macron. Il utilise ce chiffre de manière malhonnête », estime Lise Arbiol. Celle-ci prévient des conséquences que pourrait avoir le retour de ces enfants dans le système scolaire. « Alors que l’école publique manque de moyen et qu’il n’y a déjà pas assez d’enseignants, comment décemment les intégrer ? Et quid de leur bien-être ? »
Au sein de l’association NonSc’Ô Toulouse, elle se prépare à entrer en résistance. « Après la sidération ou l’abattement, les familles s’organisent à présent. Nous n’allons pas nous laisser faire. » Une pétition a été lancée sur mesopinions.com pour le maintien des droits à l’instruction en famille.
Philippe Salvador
Philippe Salvador a été reporter radio pendant quinze ans, à Toulouse et à Paris, pour Sud Radio, Radio France, RTL, RMC et BFM Business. Après avoir été correspondant de BFMTV à Marseille, il est revenu à Toulouse pour cofonder le magazine Boudu.
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Commentaires
Pellat le 16/01/2025 à 23:50
Merci du ton juste de votre article ! Cette mesure autoritaire aux prétextes faussés est un scandale !