L’Occitanie, qui possède le plus vaste vignoble du monde, recèle des vins d’exception. Du Haut-Languedoc aux contreforts du Roussillon, en passant par le causse lotois : en voici trois exemples issus de domaines engagés dans une viticulture bio ou biodynamique.
Espurna 2014, Domaine Danjou-Banessy, IGP Côtes Catalanes
Depuis qu’ils ont repris en 2001 le domaine familial situé tout près de Rivesaltes, sur la petite commune d’Espira-de-l’Agly, les frères Benoit et Sébastien Danjou sont en quête d’excellence. La cuvée Espurna (qui signifie étincelle en catalan) illustre cette démarche. Ce pur cinsault issu de très vieilles vignes travaillées à la bêche et dont le domaine ne produit pas plus de 500 bouteilles par an est un modèle de délicatesse.
Avec ses notes de guigne, de cerise croquante, avec son profil délié, épuré et aérien, Espurna scotche à l’aveugle la plupart des dégustateurs dont certains croient trouver là un grand Nuits-Saint-Georges. Il y a assurément des accents bourguignons dans la finesse de ce cinsault haute couture. Ce qui n’est pas le moindre des compliments pour un vin qui figure parmi les plus sudistes de l’Hexagone…
2016, Mas del Périé, AOC Cahors Sur les hauteurs du causse lotois, parmi les plateaux les plus élevés de l’appellation Cahors, Fabien Jouves, en son domaine Mas del Périé, incarne, avec une poignée de jeunes vignerons, le renouveau du vignoble cadurcien. À l’inverse de ceux qui cherchent encore à se mesurer au voisin bordelais en élaborant des vins sur-extraits, sur-boisés, tanniques en diable — bref, imbuvables. Fabien Jouves façonne des nectars gourmands, digestes, et fournit au malbec, le cépage phare de l’appellation, l’occasion de révéler tout son éclatant fruité.
Soucieux d’exprimer la diversité de ses sols, ce trentenaire produit principalement des cuvées parcellaires. Parmi elles, B 763, la plus petite parcelle du Mas del Périé (1,3 hectare) se distingue par un terroir de calcaires ferrugineux sur lesquels les pieds de malbec ont entre 50 et 60 ans. Voilà qui donne un vin floral, subtilement épicé, sanguin. Une belle profondeur aromatique soulignée par un élevage de 22 mois en cuves ovoïdes qui confère à la fois ampleur et tension à ce fleuron du vignoble lotois.
Ce ne sont pas les convictions ni le courage qui ont manqué à Olivier Jullien lorsqu’au début des années 1980, il a décidé de produire son propre vin au coeur de l’Hérault profond. À l’époque, la réputation du Languedoc viticole est épouvantable. Coopératives surpuissantes, rendements stratosphériques, crises diverses : le “Midi rouge” passe alors pour une gigantesque usine à piquettes. À rebours du courant dominant, Olivier Jullien bâtit peu à peu son domaine. Il achète des parcelles d’altitude (de 200 à 400 mètres) sur le secteur des Terrasses-du-Larzac.
De ce terroir constitué en majorité de cailloutis calcaires, mais où l’on trouve aussi des sols de silice, de grès, de schiste, Olivier Jullien tire des vins mûrs mais élégants, portés par une belle fraîcheur, à l’image de la cuvée Autour de Jonquières, splendide assemblage de carignan, mourvèdre et syrah. Une âme méditerranéenne, toute en garrigues, dont le charme envoûtant se déploie encore mieux après quelques années de patience.
Nicolas Coulaud
La rédaction
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