Cap sur Rochefort et La Rochelle pour une escapade d’art (de vivre) et d’Histoire qui ouvre l’horizon comme au temps des grandes expéditions.
Tour de la Chaîne ou Corderie Royale ? Grand Pavois ou Hermione ? Upcycling ou Musée des commerces d’autrefois ? Moins de cinquante kilomètres séparent La Rochelle et Rochefort, que l’Histoire et l’océan ont marqué de leurs empreintes mais qui offrent deux ambiances très différentes à (re)découvrir.
Entre Loire et Gironde, l’Aunis fut une province puissante grâce au sel, à la vigne, à la pêche et à son littoral protégé par les îles de Ré, d’Oléron et d’Aix formant le Pertuis d’Antioche. La Rochelle, au Nord, cité millénaire, marchande et maritime, commerçait par delà l’océan. Ce qui fit sa richesse, comme en témoigne l’histoire tumultueuse de la ville, très tôt affranchie du féodalisme, haut-lieu du protestantisme, assiégée et détruite puis à nouveau florissante avec l’épopée des Amériques, le commerce du sucre, de l’indigo et la traite négrière. Plus tard, La Rochelle poursuit son déploiement grâce à l’arrivée du chemin de fer, à la création du port de la Pallice, puis en pionnière du développement durable.
Quarante kilomètres plus au Sud, dans un méandre de la Charente, Rochefort est une “Ville nouvelle” du XVIIe siècle, incarnation de pierre du Grand Siècle et d’une volonté de Louis XIV : construire le plus bel arsenal maritime et militaire du royaume. Près de 550 navires de guerre ont été construits entre 1666 et 1927 dans ce “Versailles de la mer”, dont la fameuse Hermione qui conduisit La Fayette vers l’Amérique en lutte pour son indépendance. De ce passé, les deux villes conservent un héritage chargé d’embruns.
À La Rochelle, ville universitaire et branchée, on se balade au fil des siècles et des quartiers : le photogénique Vieux-Port, protégé par la Tour de la Chaîne et la Tour Saint-Nicolas, et plus loin celle de la Lanterne, les rues à arcades typiques des villes commerçantes, les hôtels particuliers des riches armateurs entre préfecture et marché ou le charmant quartier Saint-Nicolas, où les modestes marins-pêcheurs ont cédé la place aux bobos. L’architecture passe du gothique flamboyant au pur Renaissance, les maisons à colombages sont recouvertes d’ardoise pour se protéger des embruns, les gargouilles simulent des navires perchés.
D’un coup de vélo Yelo, on atteint les quais du Gabut, aux faux airs de friche industrielle avec graffs et guinguettes, puis les anciens entrepôts du bassin des chalutiers qui abritent désormais autant de bateaux que de designers dans le vent. Dans cette ville résolument marine, la plage des Bains Marie-Thérèse – alors réservés à la haute société – et celle de la Concurrence s’invitent en ville. Le soir venu, on se dépayse au petit port du Plomb dans le village de l’Houmeau, pour déguster des “coquillages et crustacés” dans le restaurant éponyme.
Coincée entre fleuve et anciens marais, Rochefort est une ville singulière que l’on découvre au cours d’une balade entre hôtels particuliers, jolies boutiques et marché. L’Arsenal est bien sûr un incontournable avec la magnifique Corderie Royale, 374 mètres de pierre de taille où se fabriquaient les cordages pour la Marine. Il fait aussi bon flâner en bord de Charente dans le Jardin des Retours, à moins que l’on ne préfère embarquer sur la réplique de L’Hermione ou tester l’accro-mâts dans la cale de radoub. Pour une bouffée de nature, on file en vélo vers la station de lagunage, écostation devenue observatoire d’oiseaux aquatiques, et on admire le spectaculaire (et dernier en France) Pont Transbordeur, inauguré en 1900 et qui reprendra du service en 2020 pour une traversée digne des “Demoiselles de Rochefort”. Ville thermale réputée, Rochefort s’ouvre également vers l’océan par son histoire navale mais aussi par sa proximité avec Fort Boyard ou la petite Île Madame, site naturel classé que l’on atteint à marée basse par la Passe aux bœufs, en partant du bien nommé village Port-des-Barques. Rochefort réserve bien des surprises et est d’ailleurs nommée au concours “European Best Destinations” 2020.
La Rochelle, capitale de l’upcycling marin
Esprit Voiles : transats, coussins et objets déco frappés d’un 17 et élaborés à partir de voiles de bateaux recyclées www.espritvoiles.fr
Matlama : des sacs à mains en toile de spy ou bâche à bulles, en hommage à la mer et à la Charente www.matlama.com
Farol : le premier couteau fait par et pour des marins, en forme de baleine www.farol.fr
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