[BQE] Que deviennent les courriers envoyés par les Toulousains à Jean-Luc Moudenc ?
Le maire de Toulouse Jean-Luc Moudenc reçoit en moyenne 50 lettres par jour. Qu’il s’agisse de courriers de réclamation ou de remerciements, de menace ou de félicitation, l’édile met un point d’honneur à répondre à chacun. Voici comment il y parvient.
Assis derrière son bureau de la mairie de Toulouse, Jean-Luc Moudenc met la dernière touche à une lettre de plusieurs pages qu’il adresse au ministre de l’intérieur Gérald Darmanin. « Mon cabinet m’avait proposé une première mouture, à laquelle j’ai ensuite apporté de multiples corrections, avec une couleur d’encre différente. Et là je suis en train de vérifier que celles-ci ont bien été intégrées à la version finale ». Puis l’édile signera le courrier, de sa main, comme il le fait à chaque fois qu’il écrit à un responsable politique, un préfet ou une de ses connaissances.
« Il y a tellement de lettres à envoyer ! »
La plupart du temps, c’est une machine qui appose automatiquement sa signature sur la missive, accompagnée d’une formule de politesse. « Elles ont été enregistrées lorsque je suis devenu maire. Il y a tellement de lettres à envoyer ! ». En effet, Jean-Luc Moudenc en reçoit en moyenne 50 par jour ouvré. L’an dernier, plus de 11 100 lui ont été adressées. Et il met un point d’honneur à ce que chacune obtienne réponse. Un travail de titan qui mobilise une vingtaine d’agents au service du courrier. Ceux-ci proposent des réponses rédigées qui sont ensuite transmises au maire dans des parapheurs : des grands classeurs dans lesquels se trouvent les documents à relire et à signer.
« J’ai la chance de pouvoir faire deux choses en même temps »
« Parfois plusieurs dizaines de parapheurs s’empilent sur mon bureau. Je peux aussi me les faire remettre lorsque je préside un conseil municipal ou métropolitain. Je suis les débats, j’interviens… et en même temps je remplis le courrier. J’ai la chance de pouvoir faire deux choses en même temps », se félicite Jean-Luc Moudenc. Celui-ci consacre en moyenne 14 heures par semaine à ses tâches épistolaires. Le soir, après 22 heures, ou le samedi matin, à partir de 7 heures. « Ce sont des moments où il n’y a plus personne au Capitole. Je me fais ouvrir la grille, par derrière… et je retrouve ici une certaine tranquillité, seul, sans être dérangé, avec toute la concentration nécessaire à cet exercice. J’ai aussi la chance d’avoir une grande capacité de travail ».
« Je vous salue avec mes sentiments les plus choisis »
Sans surprise, 80% des lettres envoyées au maire sont des réclamations ou des demandes d’informations. Pour les sujets les plus techniques, l’avis de l’élu le plus compétent est nécessaire. Et lorsqu’il y a de nombreux points à éclaircir, alors la réponse peut dépasser le délai de deux mois fixé par Jean-Luc Moudenc. Dans ce cas, une ”réponse d’attente” est envoyée, « afin que le destinataire ne s’imagine pas qu’on l’a oublié ». Les courriers ou les mails de menace ou anonyme sont rares, « pas plus d’une dizaine par an ». Et, dès que le ton employé manque de courtoisie, le maire de Toulouse n’hésite pas à le faire remarquer et à glisser dans sa réponse une formule de politesse soignée, telle « Je vous salue avec mes sentiments les plus choisis ». Les 20 autre pourcents des lettres concernent des remerciements ou des marques de satisfaction.
« Je suis de la vieille école, celle de Dominique Baudis »
Et puis il y a encore quelque 1500 courriers qui sont à l’initiative de Jean-Luc Moudenc lui-même. Des encouragements ou des félicitations, pour l’ouverture d’un commerce, les bons résultats d’une entreprise, l’obtention d’un prix ou des résultats sportifs. « Je les sélectionne en épluchant chaque jour la revue de presse que l’on me prépare. Ensuite, je signe personnellement chacune des lettres. Je me dois d’être attentif aux initiative des Toulousains ». L’actuel maire de Toulouse estime que ses deux prédécesseurs, Pierre Cohen et Philippe Douste-Blazy « ne traitait pas le sujet de la même manière. Moi je suis de la vieille école, celle de Dominique Baudis, dont je fut l’un des collaborateurs de cabinet. Je le voyais prendre beaucoup de temps à traiter le courrier des Toulousains ».
« Ma femme me demande pourquoi j’y passe autant de temps ! »
« Ma femme me demande pourquoi j’y passe autant de temps ! » poursuit le maire de Toulouse. Ce n’est pas uniquement sa culture littéraire qui l’y pousse. « C’est aussi parce qu’il n’y a pas de meilleur sondage. J’ai là une photographie quotidienne – et gratuite – de l’opinion publique, sur la base d’un échantillon tout à fait représentatif. Elle me permet de comparer les réelles préoccupations des gens avec les sujets qui animent la presse ou l’opposition. Ce sont rarement les mêmes. » Mais la principale raison pour laquelle Jean-Luc Moudenc accorde autant d’importance à son courrier, c’est que cela lui permet de « préserver des relations humaines. Dans une ville de 490 000 habitants, on courre le risque de s’éloigner des gens. C’est une façon de demeurer à leur portée ».