Vaison-la-Romaine ne s’appelle ainsi que depuis 100 ans, mais pourquoi la commune a-t-elle changé de nom ? Le Journal Toulousain a fouillé dans les archives pour vous répondre.
La commune de Vaison-la-Romaine ne s’est pas toujours appelée ainsi. En effet, jusqu’en 1924, elle se nommait simplement Vaison. Il a donc été ajouté “la Romaine” à son nom, il y a tout juste 100 ans. Mais pourquoi ? En tout cas, cela n’a rien à voir avec un quelconque jumelage. Ce changement de nom n’est effectivement pas un souhait de rendre hommage à une ville à laquelle Vaison-la-Romaine serait associée. D’autant que, si elle est bien jumelée à une commune, c’est avec celle de Martigny, qui se trouve en Suisse, et non à Rome. De même, rien à voir avec sa situation géographique. Pour ceux qui auraient du mal à situer le Vaucluse sur une carte, le département n’a pas de frontière avec l’Italie et Vaison-la-Romaine se trouve à des centaines de kilomètres de sa capitale. En fait, la réponse se trouve tout simplement dans son histoire. Mais pour cela, un petit voyage dans le temps s’impose. Retournons donc au début du XXe siècle, car c’est à cette époque que tout a changé pour cette commune typique de Provence.
Effectivement, Vaison aurait peut-être continué à s’appeler ainsi sans « tous ces hommes qui, il y a un siècle, se sont mobilisés pour changer le destin de notre commune », estime la Ville sur son site. À commencer par l’abbé Joseph Sautel. Passionné par l’archéologie de la région, ce dernier va entreprendre, dès 1907 et à ses frais, des fouilles dans la commune de Vaison. Il faut dire qu’une ruine, au pied de la colline de Puymin, l’a fortement intriguée. C’était alors l’une des seules apparentes, même si quelques fouilles avaient eu lieu lors des siècles précédents. L’abbé Sautel, année après année, va alors mettre au jour les restes d’une véritable cité romaine. Et cela grâce notamment au mécénat de l’industriel Maurice Burrus, qui (et c’est assez remarquable pour le noter) était l’homonyme de Sextus Afranius Burrus. Originaire de Vasio, le nom gallo-romain de Vaison, celui-ci était le “patron” de la Gaule narbonnaise selon une inscription retrouvée lors des fouilles dans la commune. L’aide financière de Maurice Burrus va donc permettre de donner de l’ampleur à ces dernières.
Vont alors être découverts le théâtre antique, témoin de la grandeur de la cité, plusieurs maisons et monuments sur la colline de Puymin. Aujourd’hui, l’on sait que, sur celle-ci, se trouvait un quartier de la ville antique qui abritait des maisons appartenant à de riches familles. La guerre mit fin à cette période de fouilles intenses à Vaison. Mais l’abbé les reprendra, une fois celle-ci terminée, dans le quartier de la Villasse où l’on peut désormais admirer le Forum, la rue des boutiques, un ensemble thermal et des maisons. Au sein de l’une d’elles, un remarquable buste en argent d’un notable a d’ailleurs été trouvé. L’abbé Sautel continuera les fouilles jusqu’à sa mort en 1955. Il y aura donc consacré une bonne partie de sa vie permettant de dévoiler pas moins de 15 hectares de sites archéologiques, dont 8 sont actuellement ouverts au public. D’importants vestiges romains qui poussèrent donc Ulysse Fabre, le maire de l’époque, à changer le nom de la commune et ainsi « à accroître la renommée de la Ville », comme il le déclarait lors du conseil municipal du 13 décembre 1923.
Changement qui a été accepté par décret en date du 10 août 1924 et dont le centième anniversaire a lieu en cette « année romaine », comme l’a défini l’actuel maire, Jean-François Périlhou. Et celui-ci est célébré en bonne et due forme. Il faut dire que la commune n’en est pas peu fière et l’affiche à présent haut et fort puisqu’un drapeau, floqué du logo du centenaire du nom “Vaison-la-Romaine”, a été déployé au-dessus de son château comtal au mois d’avril dernier. Avant cela, un feu d’artifice avait été tiré en l’honneur du centenaire en début d’année. Et c’est tout un programme autour du centième anniversaire, concocté par la Municipalité et les associations qui a ensuite été proposé : des conférences, un week-end romain, un colloque d’archéologie ou encore une exposition. Autant d’animations venant célébrer ce nom qui est « évidemment une formidable vitrine pour la ville, mais aussi pour tout notre bassin de vie », estime le maire dans le mensuel municipal du mois de février dernier.
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