À Toulouse, le palais des sports porte le nom d’André Brouat, une figure emblématique de la Ville rose qui a consacré une grande partie de sa vie au rugby et plus particulièrement au Stade Toulousain. Né le 7 avril 1924 à Sainte-Livrade-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne, il a marqué les esprits jusqu’à sa mort le 27 novembre 2002. Voici son histoire.
À Toulouse, le sport fait partie intégrante du paysage culturel de la ville. En effet, nombre de Toulousains se rendent au Stadium ou au stade Ernest-Wallon pour soutenir les équipes du TFC ou du Stade Toulousain lorsqu’ils jouent à domicile. Mais ce ne sont pas les seules équipes qui brillent dans les championnats nationaux et mondiaux. La Ville rose compte également des sportifs de haut niveau dans d’autres disciplines comme au volley-ball et au handball avec les Spacer’s Toulouse Volley et le Fénix Toulouse Handball. Des clubs qui jouent leurs matchs dans le palais des sports André Brouat, situé au 3 rue Pierre Laplace, dans le quartier de Compans-Caffarelli. Mais connaissez-vous cet homme qui se cache derrière le nom du complexe sportif toulousain ?
André Brouat est né le 7 avril 1924 à Sainte-Livrade-sur-Lot, dans le Lot-et-Garonne. Dès son plus jeune âge, il s’intéresse au rugby, un sport qui va ensuite marquer sa vie. Initialement formé au rugby à XIII au SA Villeneuvois XIII, il est contraint de se tourner vers le rugby à XV lorsque le premier est interdit sous le régime de Vichy. La raison ? La Fédération française du rugby à XIII la rappelle dans un communiqué : « Cette interdiction a pour origine la volonté de Vichy de bannir le professionnalisme du sport français à travers la révolution nationale et l’influence des dirigeants du rugby à XV qui s’installent alors dans les arcanes du nouveau régime (Jean Borotra, Jean Ybarnégaray, Joseph Pascot, Paul Voivenel, Albert Ginesty et André Haon). »
Cette interdiction, loin de freiner sa passion pour le rugby, pousse alors le jeune André Brouat à rejoindre le Stade Toulousain lorsqu’il s’installe à Toulouse pour poursuivre des études de médecine. Un mal pour un bien peut-être ? Car, au sein du club des Rouge et Noir, le Lot-et-Garonnais devient un joueur emblématique, évoluant au poste de trois-quarts centre. Il est rapidement surnommé « cul-de-guêpe » en raison de sa capacité à se faufiler entre les défenses adverses avec une agilité remarquable. Et sa carrière le mène sur le devant de la scène lorsqu’il revient vainqueur de la Coupe de France en 1946 et 1947 mais aussi champion de France en 1947.
Parallèlement à sa carrière sportive, André Brouat se consacre à ses études de médecine, qu’il termine avec succès. Il ouvre un cabinet à Toulouse, où il exerce en tant que médecin, tout en travaillant également à la clinique Varsovie, ancien hôpital Joseph Ducuing, dans le quartier de Saint-Cyprien. Cependant, l’influence d’André Brouat à Toulouse dépasse largement le cadre sportif et médical. En 1964, il prend la présidence de la section rugby du Stade Toulousain, poste qu’il occupe jusqu’en 1966. Il continue ensuite à servir le club en tant que président de la section omnisports de 1969 à 1972.
Son engagement pour le sport l’amène aussi à s’impliquer dans la vie politique de la ville. André Brouat se présente aux côtés de Pierre Baudis pour les élections municipales de 1971. La liste l’emporte face au maire sortant, Louis Bazerque. Le rugbyman devient alors conseiller municipal de Toulouse, plus précisément, huitième adjoint au maire en charge des sports et loisirs, équipements sportifs, relations avec les sociétés sportives et les services régionaux et départementaux des sports. Il conservera cette fonction pendant 24 ans, sous les mandats successifs de Pierre Baudis et de son fils Dominique Baudis. À ce poste, le Lot-et-Garonnais joue un rôle déterminant dans le développement des infrastructures sportives de la ville. À noter également que la construction du stade Ernest-Wallon, devenu l’antre du Stade Toulousain, a commencé alors qu’André Brouat était en charge de ce domaine au sein de la municipalité.
Mais son action ne se limite pas aux sports : il participe activement à la création de plusieurs grands espaces verts, tels que La Ramée, Pech David, les Argoulets et Sesquières, offrant à la ville des « poumons de nature » essentiels pour le bien-être de ses habitants. Ces aménagements, il a pu les mettre en place en obtenant des délégations supplémentaires à la Mairie. Dès 1977, Pierre Baudis le nomme en effet 4e adjoint en charge des sports et des zones vertes, puis en 1989, lors de son dernier mandat, André Brouat devient 2e adjoint en charge des sports, des zones vertes et de l’Etat-Civil. Un poste qu’il occupera jusqu’en 1995.
André Brouat est décédé le 27 novembre 2002 à Toulouse, mais son héritage perdure. En effet, en reconnaissance de son dévouement et de son impact sur la ville, la Mairie de Toulouse a baptisé le palais des sports en son honneur. Le complexe sportif actuel n’a pas toujours été celui que l’on connaît aujourd’hui. Il avait d’abord ouvert ses portes à Toulouse en 1983, mais le premier bâtiment n’a pas survécu à l’explosion d’AZF, le 21 septembre 2001. La Ville l’a alors rasé puis en a construit un nouveau au même endroit.
C’est lors du Conseil municipal du 31 mars 2006 que le maire de l’époque, Jean-Luc Moudenc, qui occupe toujours ce poste en 2024, avait alors déclaré : « Je vous rappelle que le nom d’André Brouat, ancien adjoint au maire de Toulouse, est largement associé à la délégation municipale des Sports et à la vie du Stade Toulousain dont il assura les responsabilités de Président de la section Rugby ainsi que de la section Omnisports. Afin d’honorer la mémoire d’André Brouat, je vous propose d’attribuer son nom au futur Palais des Sports de Toulouse qui ouvrira ses portes avant la fin de l’année 2006. » Le complexe sportif continue donc de rendre hommage au Lot-et-Garonnais plusieurs années après sa mort.
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