OUSTALOU – S’il est un mythe toulousain ร la dent dure, c’est bien celui des maisons traditionnelles. Les plus tรฉmรฉraires qualifieront de ยซ toulousaine ยป tout รฉdifice construit en briques de terre cuite et coiffรฉ de tuiles canal, mais la rรฉalitรฉ est un peu plus complexe.
Gabriel Haurillon
Assis ร une terrasse du quartier Saint-Cyprien, des trentenaires dรฉbattent architecture. Je crois que les toulousaines sont les maisons inversรฉes. Celles oรน les chambres sont au rez-de-chaussรฉe et la cuisine ร l’รฉtage, explique Cรฉline. De lโautre cotรฉ de la table, Laure hoche la tรชte et la regarde, navrรฉe : Pas du tout, c’est une maison sans รฉtage en brique, plutรดt longue, avec un corps de ferme derriรจre.
Le premier rรฉflexe pour trouver la fameuse bรขtisse est d’รฉviter l’hypercentre. La maisonnette est typique des faubourgs de la ville. C’est lร qu’ont รฉtรฉ installรฉes ces habitations ouvriรจres, ร la fin des annรฉes 1870. Dans le quartier des Ponts Jumeaux, rue Daydรฉ, les maisons de plain-pied sโalignent : Ce sont toutes des toulousaines. Elles n’ont pas d’รฉtage et prรฉsentent quatre piรจces strictement identiques ร l’intรฉrieur articulรฉes autour dโun couloir, dรฉcrit Claude Marquรฉ, propriรฉtaire dโune de ces bรขtisses, en ouvrant la porte de chez lui.
La dimension des toulousaines originelles est presque toujours la mรชme, c’est ร dire une faรงade de 10 m de large et une profondeur de 8 m. Ils les ont construites sur le modรจle des maisons de maraรฎchers du Lauragais. Les ouvriers pouvaient profiter dโun vaste jardin pour cultiverยป. Sur le mur, une photo des ancรชtres du propriรฉtaire, qui, en 1920, vivaient ร 10 dans la maisonnette.
Autre รฉlรฉment aisรฉment observable, les occuli, ces ouvertures recouvertes de terre cuite, marquent la prรฉsence du galetas, une sorte de grenier. Ces aรฉrations peuvent รชtre de forme ovale ou ronde. Cela permet la circulation de l’air par le haut pour rafraรฎchir la maison l’รฉtรฉ. Et l’hiver, on y faisait sรฉcher la charcuterie, raconte Claude Marquรฉ. Ces maisons n’ont pas pignon sur rue : le faite, crรชte sommitale oรน se rejoignent les tuiles, est parallรจle ร la chaussรฉe.
Nous acceptons les usages rรฉcents des agences immobiliรจres qui appellent โโ toulousainesโโ des maisons dont la date de construction, les dimensions et certains dรฉtailles contreviennent ร la stricte acception du terme, prรฉcise Bernard Auriol, prรฉsident des ยซ petites toulousaines ยป, association de dรฉfense de ces habitations traditionnelles. C’est le cas de celles construites au dรฉbut du XXe siรจcle.
Ces maisons traditionnelles affleurent dรฉsormais timidement entre les faรงades d’immeubles toujours plus imposantes. Nous avons rรฉguliรจrement des coups de fil des promoteurs immobiliers pour racheter le terrain, explique Claude Marquรฉ. Sur les 350 toulousaines construites aux Ponts-Jumeaux depuis les annรฉes 1870, seules 50 sont encore debout. Pour le moment, les riverains rรฉsistent, mais il faudrait que le quartier soit classรฉ pour prรฉserver ce patrimoine.
La rรฉdaction
Le Journal toulousain est un mรฉdia de solutions hebdomadaire rรฉgional, รฉditรฉ par la Scop News Medias 3.1 qui, ร travers un dossier, dรฉveloppe les actualitรฉs et initiatives dans la rรฉgion toulousaine. Il est le premier hebdomadaire ร s'รชtre lancรฉ dans le journalisme de solutions en mars 2017.
Voir les publications de l'auteurร lire aussi sur le mรชme sujet :
Actualitรฉs en continu - Actualitรฉs
Commentaires