MARCHE. Pour Pascal Augier, directeur de la Direction rรฉgionale de l’alimentation, de l’agriculture et de la forรชt (Draaf) d’Occitanie, lโavenir des producteurs bio ne doit plus dรฉpendre des aides ร condition de mieux structurer la filiรจre et dโassurer un meilleur รฉquilibre entre les diffรฉrents acteurs.
Alors que lโannonce rรฉcente de la suppression des aides au maintien pour les agriculteurs bio vient questionner la pรฉrennitรฉ du modรจle รฉconomique de ces derniers, pour Pascal Augier, directeur de la Draaf Occitanie, lโobjectif est clair : ยซ Il sโagit de concentrer les subventions sur la conversion. Le secteur bio est en plein essor. Cโest au marchรฉ dรฉsormais dโassurer la valorisation des produits bio et de rรฉmunรฉrer le surcoรปt liรฉ aux baisses de rendement aprรจs conversion. ยป
Effectivement, au sein dโun paysage agricole global enfoncรฉ dans la sinistrose et dans lequel les producteurs peinent ร vivre correctement de leur travail, le bio fait figure de privilรฉgiรฉ. Dโautant plus en Occitanie, quatriรจme rรฉgion europรฉenne dans le domaine avec une filiรจre dense composรฉe de plus de 7000 producteurs, 1300 entreprises de transformation et 560 distributeurs spรฉcialisรฉs.
Pour autant, du cรดtรฉ de la Fรฉdรฉration nationale des agriculteurs biologiques (Fnab), on considรจre cette suppression des aides au maintien comme ยซ un dรฉni des services environnementaux rendus par la bio ยป et on s’alarme de cette latitude laissรฉe au marchรฉ รฉtant donnรฉ les pratiques de la grande distribution. Selon lโassociation UFC-Que Choisir, 46 % du surcoรปt des produits bio prรฉsents dans les rayons des supermarchรฉs provient dรฉjร des “surmarges” rรฉalisรฉes par ces derniers.
ยซ Lโinquiรฉtude est rรฉelle mais il y a une vraie dรฉmarcation et le marchรฉ autant que les consommateurs acceptent de payer la diffรฉrence de prix. De plus, la demande progresse constamment et est loin dโรชtre saturรฉe ยป, assure Pascal Augier.
Pour lui, rendre les producteurs bio moins dรฉpendants des aides passe aussi par une meilleure structuration des filiรจres. Au niveau rรฉgional, un plan dโaction a รฉgalement รฉtรฉ mis en place comportant plusieurs pistes comme l’organisation dโune gouvernance interprofessionnelle, la promotion collective, la recherche de nouveaux dรฉbouchรฉs (cosmรฉtique, alimentation animaleโฆ) ainsi que lโexpรฉrimentation et lโinnovation afin de rรฉsoudre les impasses techniques tant en termes de production que de transformation.
Si pour les petits agriculteurs, les circuits courts sont des modรจles qui fonctionnent, le dรฉveloppement du bio en France nรฉcessitera forcรฉment de sโinterroger sur le rรดle des grandes et moyennes surfaces de distribution. Sur ce sujet, Pascal Augier renvoie au discours tenu par Emmanuel Macron sur la refonte indispensable du systรจme agricole global ร lโissue des รtats gรฉnรฉraux de lโalimentation ร Rungis. ยซ Cโest tout le systรจme qui est ร revoir afin quโun des maillons de la chaรฎne ne prenne pas le dessus sur les autres. ยป Parmi les axes รฉvoquรฉs figurent la contractualisation pluriannuelle : les prix seraient fixรฉs sur trois ou cinq ans et proposรฉs par les producteurs ร partir de leur coรปt de revient et non plus par les acheteurs. Le regroupement des agriculteurs dans des structures commerciales communes est aussi une rรฉponse. Enfin, chaque filiรจre est appelรฉe ร dรฉfinir un plan dโaction avec une stratรฉgie globale. Une loi pourrait รชtre votรฉe dรจs le premier semestre 2018 mais il nโest pas exclu que ces rรฉformes fassent lโobjet dโordonnances pour aller plus vite.
Pascal Augier
Ingรฉnieur gรฉnรฉral des ponts, des eaux et des forรชts, il a successivement dirigรฉ les Draaf de Languedoc-Roussillon et de Midi-Pyrรฉnรฉes avant de prendre la tรชte de la structure rรฉunifiรฉe en janvier 2016.
Dossier ” Occitanie : le bio creuse son sillon ” :
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