MIETTES. Alors que lโon a longtemps estimรฉ que les pertes en restauration collective ou dans les restaurants รฉtaient une fatalitรฉ, plusieurs acteurs ont dรฉcidรฉ de se retrousser les manches pour dรฉmontrer le contraire. Avec lโaide dโintermรฉdiaires, ils rivalisent dโinitiatives, de la conception des repas jusquโร la redistribution des restes. ยฉ DR
Les mardis et vendredis soirs ont comme des airs de fรชte ร la citรฉ de la Madeleine, structure gรฉrรฉe par le Secours catholique. Ces jours-lร , une fourgonnette รฉlectrique livre des repas issus de la cantine du Cnes. Ce dispositif, appelรฉ en interne la “Brigade Anti Gaspi”, a vu le jour en 2015 suite ร la mise en place d’un groupe de travail. ยซย Il nโest pas si simple de donner ses restes en raison du cadre rรฉglementaire. Nous avons donc dรฉcidรฉ dโacheter un camion รฉquipรฉ spรฉcifiquement et de dรฉgager une personne de lโรฉquipe pour aller livrer lโassociationย ยป, raconte Frรฉdรฉric Debauchez, gestionnaire du restaurant du Cnes. 6 000 plats, 2 000 entrรฉes et 1 500 desserts ont ainsi รฉvitรฉ de finir ร la poubelle depuis le lancement de lโopรฉration.
Acteur important de la restauration collective, la mairie, elle aussi tente de trouver une deuxiรจme vie aux excรฉdents issus de la cuisine centrale. En 2016, plus de 12 000 euros de nourriture ont รฉtรฉ reversรฉs aux Restos du Coeur. Un dispositif qui a รฉtรฉ รฉtendu au Secours catholique et ร la Banque alimentaire mais qui repose sur la capacitรฉ de ces associations ร rรฉcupรฉrer elles-mรชmes la nourriture et ร assurer la chaรฎne du froid.
Car pour les acteurs de la restauration, les contraintes liรฉes au don sont nombreuses et beaucoup prรฉfรจrent recourir ร des intermรฉdiaires. Via la start-up parisienne Eqosphรจre, le traiteur toulousain Gimm est par exemple mis en relation avec des associations รฉquipรฉes pour venir rรฉcupรฉrer les restes issus de rรฉceptions. ยซย Chaque collecte nous coรปte 180 euros et nous devons reconditionner les plats pour les donner. Mais tant en interne quโau niveau des clients, la dรฉmarche est trรจs fรฉdรฉratriceย ยป, assure Gรฉrard Calvet, fondateur de Gimm Traiteur. Depuis 2015, 1 200 repas ont รฉtรฉ redistribuรฉs par ce biais.
Quant aux restaurants classiques, les alternatives ร la poubelle se nomment Gourmet Bag, du nom du kit de communication de Toulouse Mรฉtropole pour emporter ses ventes ou encore To Good To Go*, application permettant de sauver les invendus. ยซย ร peu prรจs tous les jours, je propose deux ou trois packs avec un plat du jour, une part de tarte salรฉe et un dessert pour seulement 6 โฌ. Cela marche trรจs bien mais To Good To Go nous incite ร baisser encore plus les prix, sachant quโils prennent dรฉjร 1 euro par transaction. Il y a du positif et du nรฉgatifย ยป, tรฉmoigne Cรฉline responsable de l’รฉtablissement Aux gourmandises de Cรฉline.
Mais pour lutter contre le gaspillage, les restaurants, quโils soient collectifs ou commerciaux, peuvent aussi agir en amont. ยซย Il y a รฉnormรฉment de leviers ร activer pour anticiper les restesย : en agissantsur les portions servies, en les aliments peu apprรฉciรฉs, en pesantles restes des assiettes chaque jour ou encore en sensibilisantles usagers, les gains peuvent รชtre considรฉrablesยป, affirme ainsi Florence Flies, crรฉatrice de lโassociation Pro-Portion qui accompagne les restaurants dans leur dรฉmarche anti-gaspillage. ร Auzeville, le Restaurant universitaire de lโINP-Ensat sโest engagรฉ dans cette voie depuis plusieurs annรฉes en mettant par exemple les lรฉgumes en libre-service ou en proposant des pains de grammage infรฉrieur. En avril, il a obtenu la garantie Mon Restau Responsable dรฉlivrรฉe par la fondation Nicolas Hulot. Une dรฉmarche dans laquelle devraient prochainement sโengager lโensemble des restaurants gรฉrรฉs par le Crous.
*Application permettant de gรฉolocaliser les restaurants qui proposent leurs invendus ร prix rรฉduit.
Commentaires