Reconnaissant. Chaque semaine, cet été, nous explorons le monde du travail. Dans la peau de ceux qui découvrent pour la première fois “comment gagner son pain à la sueur de son front”. Tom travaille dans une grande surface de Bergerac.
Par Anne Mignard
« Je ne m’attendais pas à ce que ce soit aussi dur ! » C’est le troisième été que Tom passe dans ce magasin de vente en gros de Bergerac. « C’est très physique, on n’a pas le temps de s’ennuyer. Il faut mettre les produits dans les rayons, conseiller les clients, assurer la facturation ». Le travail ne manque pas ! Les restaurateurs et autres entrepreneurs sont nombreux à venir s’approvisionner dans ce magasin de 2000 m². Une très grande surface réservée aux professionnels où 13 salariés travaillent tout au long de l’année. Le premier été, Tom, alors âgé de 18 ans, s’est vu confier « des taches basiques » : évacuer les ordures et déchets ou transporter des produits. « Quand la patronne venait vérifier mon travail, j’étais terrorisé. Elle était froide, directe et savait ce qu’elle voulait. Puis, elle s’est aperçue que j’étais sérieux et faisais bien mon travail. À partir de là, la confiance s’est installée. » Mais pas question d’être privilégié non plus !
Tom a aussi beaucoup souffert la deuxième année. Il était « au frais ». De six heures à midi, il travaillait par -2°C. Il fallait décharger les palettes, répertorier les produits. « Je n’avais jamais vécu ça, c’était vraiment dur physiquement. Je n’avais pas l’habitude de me lever aussi tôt et surtout de travailler dans de telles conditions. L’avantage c’est que ça maintient physiquement, pas besoin de faire du sport au-dehors. » Cette année, surprise, Tom est au rayon épicerie. Il se lève moins tôt et circule au milieu des aliments secs, des épices et des huiles alimentaires. Le rythme est toujours intense, d’autant qu’il est régulièrement appelé en renfort aux alcools ou produits d’entretien. Et puis Tom connait désormais “les ficelles” du magasin. Il est plus efficace.
« Moi, rien qu’un été, je suis lessivé mais eux ne s’arrêtent jamais »
« Je suis impressionné par mes collègues », avoue l’étudiant. « Je ne sais pas comment ils font. Moi, rien qu’un été, je suis lessivé mais eux ne s’arrêtent jamais. Ils sont bienveillants avec moi et n’hésitent pas à faire des blagues. » Tom a aussi tissé des liens avec certains clients. L’an passé, il a même parié avec l’un d’eux. Le patron de l’Euskadi, un restaurant de Bergerac avait rempli deux grands chariots de provisions et mis au défi Tom ne de pas faire d’erreurs de facturation. Malgré la meilleure volonté, l’apprenti vendeur a fait quelques erreurs. Beau joueur, il est allé manger dans ce restaurant et ne l’a vraiment pas regretté. Tom est reconnaissant. Sa famille qui habite Bergerac “ne roule pas sur l’or”. « Mes parents payent mon appartement à Toulouse et de quoi remplir mon frigo. Pour le reste, je dois me débrouiller. » Le jeune homme est étudiant en journalisme à l’Institut des médias (ISCPA). Pour payer son école, il a dû faire un prêt mais est obligé de travailler tout l’été pour pouvoir vivre le reste de l’année. « Je sais la chance que j’ai d’avoir ce job et je suis reconnaissant envers ma patronne de m’avoir gardé. » Preuve en est, il a renoncé cette année au job d’été dont il rêvait : deux mois au sein de la rédaction de Ouest France. « Je m’étais déjà engagé avec le supermarché. Après tout ce qu’ils ont fait pour moi, je ne pouvais pas les lâcher. La presse ce sera pour l’année prochaine. »
Décrocher un job
À Toulouse, pour trouver un job d’été il faut être bien accroché. Normal, la ville compte plus de 105 000 étudiants. Beaucoup travaillent à temps partiel tout au long de l’année et pas question de laisser leur place l’été. C’est donc dès le mois d’avril qu’il faut prospecter selon le Bureau information jeunesse qui organise chaque année des réunions d’information. Histoire que les futurs salariés mettent toutes les chances de leur côté.
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