FIN DE SURSISย ? – Reportรฉ ร trois reprises, le procรจs des occupants syriens intentรฉ par Habitat Toulouse doit se tenir le vendredi 8 janvier 2016. Les associations restent sur leurs gardes et des initiatives, comme celle de lโavocate Agnรจs Casero, militent pour la ยซย rรฉquisitionย ยป de lโimmeuble dรฉsaffectรฉ aux Syriens.
Dans le quartier des Izards, prรจs de la place des Faons, un immeuble en forme de L. Construit dans le dรฉbut des annรฉes 1960, cet hรฉritage de la politique des grands ensembles fait partie de la zone identifiรฉe comme ยซย quartier prioritaire de la villeย ยป. Depuis 2013, โโun plan de rรฉnovation urbaine de grande ampleurโโ a รฉtรฉ enclenchรฉ, mais cโest en 2012 quโest actรฉe la dรฉmolition de cet immeuble, a prรฉcisรฉ Habitat Toulouse, le bailleur social propriรฉtaire du grand ensemble, au Journal toulousain. Plusieurs locataires ont dโores et dรฉjร quittรฉ leur appartement suite aux diffรฉrentes propositions de relogement du bailleur social. Vidรฉs de ses anciens occupants, toutes les ouvertures des appartements ont รฉtรฉ emmurรฉes.
Aprรจs quatre annรฉes de guerre civile en Syrie, les premiers rรฉfugiรฉs syriens dรฉbarquent dans la Ville rose ร partir de mars 2015 dans le quartier des Izards. Des appartements rendus insalubres par les derniers locataires et sans eau courante, ni รฉlectricitรฉ ont รฉtรฉ investis par les familles exilรฉes. Pendant plusieurs mois, lโรฉlectricitรฉ a รฉtรฉ rรฉtablie. Voisins et associations comme le Droit au logement de Toulouse (Dal-Toulouse) leur apportent lโaide matรฉrielle de premiรจre nรฉcessitรฉย : Matelas, frigidaire, micro-onde, lave-linge en partage.
En septembre 2015, Habitat Toulouse saisit le tribunal dโinstance pour une demande dโexpulsion des occupants. Au total, 137 personnes sont citรฉes devant le tribunal, soit 22 familles. Une dรฉcision assumรฉe et une position oรน le bailleur social estime assurer ยซย ses responsabilitรฉs en รฉvitant le squat, par quiconque, de logements vouรฉs ร la dรฉmolition.ย ยป Par ailleurs, le bailleur social public ยซย dรฉploreย ยป que ยซ des familles ballottรฉes depuis des mois voire des annรฉes soient incitรฉes au squat par certaines personnes peu scrupuleuses qui abusent de leur crรฉdulitรฉย ยป. En filigrane, ce sont les militants des associations de droit au logement qui sont pointรฉs du doigt par lโoffice public de lโhabitat.
ยซย Environ deux cents Syriens occupent des appartements dรฉsaffectรฉs.ย ยปย
Alors que le procรจs est reportรฉ ร trois reprises, lโun des deux avocats du Dal-Toulouse, Me Agnรจs Casero, a demandรฉ โmi-dรฉcembreโ ร lโรtat de rรฉquisitionner lโimmeuble en question. Dans une lettre adressรฉe au prรฉfet du dรฉpartement et au Premier ministre, la rรฉquisition dโune durรฉe de quinze mois doit permettre aux familles de rรฉpondre auย ยซย besoin impรฉrieuxย ยป dโapporter ยซย un peu de stabilitรฉย ยป. Sans rรฉponse de la part de la prรฉfecture ou de Matignon, Agnรจs Casero dรฉnonce par ailleurs la destruction ร dessein des appartements vides. Sur place, deux vigiles sont chargรฉs de sรฉcuriser en permanence les appartements dรฉlaissรฉs. Des agents sollicitรฉs ร la demande des locataires pour des questions de sรฉcuritรฉ, a prรฉcisรฉ Habitat Toulouse, sur place, les habitants interrogรฉs rรฉfutent la dolรฉance en question. ยซย Ils sont gentils, ils nous aident au dรฉmรฉnagementย ยป, raconte une locataire qui rรฉside dans lโimmeuble depuis plusieurs dizaines dโannรฉes.
Malgrรฉ le turn-over, ยซย il y a environ deux cents Syriens dans lโimmeubleย ยป, estime Franรงois Piquemal, le porte-parole du Dal-Toulouse. ร lโaudience de vendredi 8 janvier, il espรจre quโun ยซย dรฉlai supplรฉmentaireย ยป sera accordรฉ aux occupants syriens. Le must serait que la partie de lโimmeuble soit labellisรฉ par la prรฉfecture comme โโcentre dโaccueil des demandeurs dโasileโโ (Cada). Entre la rue et une habitation des plus prรฉcaires, pour le militant du Droit au logement, le choix est dรฉjร fait.
Kevin Figuier
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