CONNECTION. En Occitanie, tous les jours, 56 000 voyageurs choisissent de prendre le train. Un moyen de transport pas adapté ? Pas si sûr si l’on en croit certains usagers croisés à Toulouse. Ceux qui l’utilisent au quotidien donnent des pistes pour améliorer le réseau et son usage.
©Franck Alix
«Je prends le train pour aller travailler parce que c’est bien moins cher». Alexandre n’est plus à convaincre. Tous les jours, ce quadragénaire, attrape son vélo et s’engouffre dans un wagon direction Montauban. S’il aime le train, c’est avant tout pour ses avantages économiques. D’après ses calculs, son forfait mensuel lui revient à 89 euros au lieu de 450 euros s’il faisait les trajets en voiture. «Tout compris avec gasoil et changement de pneus» précise-t-il. Le Toulousain assure donc être globalement satisfait du service. « Mis à part le fait que le soir, entre 18h et 19h, le train est bondé », poursuit-il. Pour répondre aux problématiques d’affluence sur les trajets domicile-travail,le Codev (Conseil de développement) préconise notamment : « la mise en place de trains cadencés toutes les 15 minutes, sur les six branches de l’étoile ferroviaire, de grande capacité aux heures de pointe ».
Bernard, un des passagers quotidiens du train de 6h10 pour Montrabé, est un fervent défenseur du multimodal. « Allier train et vélo, c’est l’avenir ! » lâche-t-il. Sans le savoir, il expérimente tous les jours dans le TER, ce qui devrait être commun dans quelques années : plutôt que la voiture, il privilégie l’association de plusieurs transports écologiques et embarque, lui aussi, son vélo dans le train. Depuis 2013, 678 places de stationnement vélo, dont 600 sont exclusivement réservées aux usagers du TER et du Réseau routier régional, sont proposées au public en gare de Toulouse-Matabiau.Mais le dispositif ne convient pas au cycliste qui a besoin de son vélo avant et après son trajet en train et l’emmène donc avec lui. «Ça n’est pas dans l’intérêt de la SNCF de mettre plus de crochets à bicyclette. Il n’y aurait plus de place dans le train » ajoute-t-il, compréhensif.
« Allier train et vélo, c’est l’avenir ! »
En posant la question de la place des deux-roues, Bernard pointe donc du doigt une question beaucoup plus large :comment mettre en relation de différents moyens de transport ? Jean Luc Gibelin, vice-président de la Région en charge des transports, va dans son sens : « Le train de demain, ça n’est justement pas que le train.Il faut penser à l’intermodalité, à l’articulation des réseaux. » Ainsi, en région Occitanie, 44 projets de création ou d’amélioration de pôle d’échange seraient prévus en 2017-2018 comme à Lunel, Sète, Carcassonne, Tarbes ou Albi.
“Le train de demain, ça n’est justement pas que le train”
Le Codev prône également un développement urbain dit en “archipel”. Selon lui, Matabiau ne doit pas être le seul nœud multimodal et, le conseil appelle à ce que les principales gares soient facilement accessibles à pied, en deux-roues ou en covoiturage.Il plaide donc pour « l’aménagement de gares supplémentaires pour desservir la première couronne avec de véritables connexions avec les transports en commun ». À ce titre,Le Codev pointe du doigt le contre-exemple d’une autre gare toulousaine, celle desArènes. Entre les différents transports, les déplacements des usagers n’y seraient pas optimisés. Sur place, Hugo, 29 ans, attend son train et confirme: « Il faudrait intégrer cette ligne comme un véritable transport toulousain. Il faudrait plus de publicité et de communication, peu sont au courant qu’elle existe».
Juste avant de rentrer dans le train pour Ramassiers, il ajoute « en revanche, je suis satisfait de la fréquence des passages, même si cela me demande un peu d’organisation». Et pour cause, le Codev cite la ligne Arènes comme exemple : une des rares de la métropole à être cadencée. Ses membres préconisent que cette organisation soit mise en place « partout où cela est possible ». Un peu plus loin sur le quai, Nadiya, 22 ans, ajoute « pour des raisons écologiques, tout le monde devrait prendre le train, mais il faudrait motiver les gens en en mettant plus ».
Si ce jour-là, sur les quais des gares de Matabiau et des Arènes, personne ne parle des retards de train, 38 % des usagers interrogés lors des États généraux du rail s’en plaignent encore. Entre novembre 2015 et octobre 2016, les TER affichaient en effet une ponctualité de 89.5 % en moyenne. Pas satisfaite, la Région Occitanie s’est fixé l’ambition d’atteindre un taux de ponctualité de 91 %. Le vice-président de la Région en charge des transports assure ainsi travailler «avec la SNCF pour améliorer les grilles horaires et les temps de transport ». En 2030, le Codev prévoit 500 000 déplacements journaliers supplémentaires par jour dans la métropole. Pour motiver les Toulousains à privilégier les transports en commun, le train doit donc prendre une longueur d’avance.
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