Depuis près d’une semaine, des soignants du CHU de Toulouse sont en grève pour dénoncer un manque de moyens ainsi qu’une logique de ”fermeture de lits” censée pallier l’absentéisme. Une solution ”ponctuelle et concertée” pour la Direction des ressources humaines qui veut renforcer ses effectifs de suppléants.
Des départs et des absences non remplacés. Un personnel qui s’épuise à force d’heures supplémentaires et de changements de plannings pour combler une absence. Depuis ce jeudi 8 avril, des soignants de l’unité de Soins intensifs du pôle de cardiologie (Usic) du CHU de Toulouse sont en grève pour dénoncer une dégradation de leurs conditions de travail et un manque de personnel.
« Actuellement, il manque huit personnes au sein du service et trois autres vont s’arrêter. Nous avons des cas de burn-out et de collègues qui veulent partir. Pendant des années, le CHU a mené, à marche forcée, une politique d’austérité pour réduire son déficit. Aujourd’hui, nous en payons le prix et nous fonctionnons au jour le jour et avec des bouts de ficelle », alerte Victor Alava, infirmier au sein de l’Usic et responsable du syndicat Sud santé-sociaux. Une situation qui, selon lui, provoque une désertion progressive de ce service spécialisé. « Ce qui nous fait peur, c’est la démotivation du personnel. Car les conditions ne poussent pas à rester au sein de ce service », ajoute-t-il.
Pour répondre à ces difficultés, le syndicat demande un renforcement de l’effectif de l’USIC ainsi que des pools de remplacement du CHU. Mais, suite à une première réunion de concertation qui s’est tenue avec la direction, le mercredi 7 avril, les soignants grévistes ont manifesté leur déception. « Aucune solution ne nous est proposée. Si ce n’est de fermer des lits. Ce qui est inacceptable en pleine crise sanitaire. Et, le plus grave, c’est que nous atteignons un tel degré d’épuisement que cela devient nécessaire », déplore Victor Alava.
Une proposition visant à faire des capacités d’accueil une variable d’ajustement qui surprend la Direction des ressources humaines. « Ce n’est pas du tout la solution privilégiée par la direction », réagit Ornella Bruxelles, directrice des ressources humaines. Si celle-ci concède qu’un lit a bien été fermé pour faire face au manque de personnel, elle précise que cette décision a été prise de manière ponctuelle et concertée. « Nous avons fermé un lit et seulement durant trois heures. Cette décision a été prise en accord avec les équipe soignantes pour sécuriser la prise en charge sans impacter les soins », explique la responsable qui reconnaît toutefois un « problème de tension globale sur cette spécialité ».
Sur la question de l’absentéisme, la direction assure prendre en charge les remplacements à long terme, qu’il est possible d’anticiper, mais admet rencontrer des difficultés sur la question des absences inopinées. « C’est un service peu connu qui requiert des compétences particulières et très prisées. Le recrutement est compliqué, mais nous travaillons sur un plan d’attractivité », précise Ornella Bruxelles.
Ainsi, afin de mieux faire face à ces absences de dernière minute, la direction des ressources humaines privilégie la piste du renforcement des pools de remplacement plutôt que celle d’un recrutement au sein du service. « Nous allons évidemment maintenir ses effectifs afin de garantir le confort et la qualité de la prise en charge. Mais le problème est plus conjoncturel que structurel. L’Usic est une unité spécialisée où le ratio de soignants est encadré de manière très précise par les textes de loi pour sécuriser les soins et les services. Or le pôle concerné est pourvu au-delà de ce qui est défini légalement. Nous avons jusqu’à trois aides-soignants supplémentaires la nuit », assure la directrice des ressources humaines.
Une solution qui, toutefois, ne semble pas satisfaire les personnels grévistes qui ont décidé d’organiser, ce jeudi 15 avril à 14 heures, une marche symbolique dans les couloirs de l’hôpital.
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