Plus de 1 000 pneus usagés ont été découverts sur un terrain en friche à Saint-Benoît-de-Carmaux, dans le Tarn, à deux pas de la rivière Cérou. Une pollution massive dénoncée par les écologistes locaux, qui alertent sur les risques environnementaux et l’inaction des autorités.
C’est une découverte choquante que dénoncent aujourd’hui les membres du collectif environnemental Urgence Cérou : 1 063 pneus usagés ont été retrouvés abandonnés sur un terrain en friche à Saint-Benoît-de-Carmaux, dans le Tarn, à proximité immédiate de la rivière Cérou. Un acte de pollution massive que les militants n’hésitent pas à qualifier de « crime contre la nature ».
Le site, situé à quelques mètres seulement d’un garage automobile, contenait également des bidons d’huile usagée, des pièces mécaniques rouillées et des déchets plastiques. Une pollution grave, d’autant plus préoccupante qu’elle menace un cours d’eau sensible, déjà fragilisé par d’autres atteintes environnementales.
« C’est inadmissible et ça n’est pas la première fois », s’indigne Thierry André Cintjas, membre du collectif Urgence Cérou. « Il y a des milliers de kilos de déchets abandonnés, si on ne fait rien, la rivière sera polluée pendant des décennies, voire des siècles. »
Les bénévoles se sont rapidement mobilisés pour limiter les dégâts. Un premier tri des déchets a été effectué : les pneus ont été regroupés par types et empilés, prêts à être pris en charge. Si une partie du terrain a aujourd’hui été nettoyée par l’association, les volumes restent colossaux et nécessitent une évacuation encadrée par les services compétents.
La Mairie de Saint-Benoît-de-Carmaux a ainsi été contactée par le collectif, mais à ce jour, aucune opération d’enlèvement des déchets n’est prévue selon Thierry André Cintjas. Contactée, la Municipalité affirme en effet être au courant de la situation, mais pour l’instant, aucune mesure d’évacuation des pneus n’a été prise.
Interrogé par l’association, le nouveau gérant du garage voisin, installé depuis janvier 2025, affirme ne pas être responsable de ce dépôt de pneus. Selon lui, les pneus étaient déjà sur place lors de sa reprise de l’activité. Il met en cause son prédécesseur qui devrait être entendu par la justice à ce sujet.
Au-delà de ce cas particulier, les militants écologistes pointent un problème récurrent : l’abandon de déchets industriels ou automobiles dans des zones naturelles, souvent sans sanction. Thierry André Cintjas a créé son collectif en 2021 après de forte crues dans la rivière du Cérou. Il était choqué par la quantité de déchets qui remontaient dans la rivière : « Certains étaient vieux de plus de 50 ans, des vélos, des pneus, des télévisions ou encore des machines à laver. »
Thierry André Cintjas a été rapidement rejoint par d’autres militants. Aujourd’hui, ils sont cinq à agir quotidiennement pour le bien-être de la rivière. Le collectif a aussi lancé l’opération #1heureparjourpourlecérou. Le but, nettoyer régulièrement les différents dépôts sauvages autour du Cérou. En moyenne, près de 300 litres de déchets sont collectés à chaque session. Sur le mois d’avril 2025, ce sont donc 9 000 litres qui ont été triés, sans compter les nombreux encombrants. « Les riverains et les pécheurs nous disent que l’état du cours d’eau s’est nettement améliorée et qu’il y a beaucoup moins de déchets. Ces retours sont la meilleure des récompenses. »
Pour le collectif Urgence Cérou, cette affaire pourrait bien être un accélérateur. Une plainte a été déposée, et les membres demandent des poursuites exemplaires, ainsi qu’un plan local de surveillance des zones sensibles.
Enzo Chatel
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