Alors que les opposants à l’A69 continuent de lutter contre le chantier de l’autoroute entre Toulouse et Castres, le tracé se dessine dans le paysage du Tarn. Un peu plus d’un an avant sa mise en service, Martial Gerlinger, directeur général d’Atosca, et Walter Guyonvarch, directeur général du Groupement Conception Construction, assurent toujours que le planning est respecté, répondant ainsi au collectif opposé à l’autoroute, La Voie Est Libre.
Le chantier de l’autoroute A69 reliant Toulouse à Castres progresse de manière significative dans le Tarn. Ce mercredi 20 novembre, Martial Gerlinger, directeur général d’Atosca, et Walter Guyonvarch, directeur général du Groupement Conception Construction, ont présenté l’état d’avancement des travaux et répondu aux critiques du collectif opposé au projet, La Voie est Libre, qui dénonce des retards significatifs, les impacts écologiques et les retombées économiques qu’il juge « illusoires ».
Depuis le lancement des travaux, l’autoroute A69 transforme le paysage du Tarn sur 53 kilomètres, entre Castres et Verfeil. Un an avant la date de mise en service prévue, Martial Gerlinger a souligné que « l’ensemble du foncier est maîtrisé et la trace est dégagée à 100% ». Selon les chiffres du concessionnaire, 70% des terrassements ont été réalisés et entre 45 et 50% des volumes de terre nécessaires ont été déplacés.
En entrant dans les détails, Walter Guyonvarch a précisé que « 200 ouvrages d’art sont en cours, et 70% des travaux ont déjà été réalisés ». Pour rappel, ces structures incluent 90 passages hydrauliques et 56 passages spécifiquement conçus pour la « petite faune » à l’exemple des batraciens cités par Atosca. « Ce chantier est une démonstration de notre engagement à concilier infrastructures et respect de l’environnement », a assuré le directeur du Groupement Conception Construction.
La société Atosca reste ainsi optimiste. Pour autant, ce discours n’a jamais réussi à convaincre les opposants au chantier de l’A69. En effet, le collectif La Voie est Libre remet toujours en doute les arguments avancés par le concessionnaire. A commencer par la prise en compte effective des normes environnementales dans ce projet, qu’il qualifie de « chantier écocidaire ». Selon les militants, « les compensations annoncées ne remplacent pas les habitats naturels détruits, et les impacts sur la biodiversité sont irréversibles ».
En réponse, Walter Guyonvarch affirme que « 100% des déplacements d’espèces protégées ont été réalisés ». De plus, des plantations de végétaux spécifiques et les travaux de réintégration des cours d’eau sont en cours pour réduire les impacts sur la biodiversité.
Le collectif insiste cependant sur les risques à long terme : « Planter des arbres ou déplacer des espèces ne répare pas la destruction d’écosystèmes complexes. Ces aménagements ne sont qu’une façade pour masquer des impacts irréparables. »
La question des retombées économiques du chantier suscite également de vifs débats. Dans un communiqué, les militants opposés à l’autoroute A69 déclarent : « Le bilan LOTI (comparaison de la réalité après la mise en service avec l’évaluation initiale) conduit par le gouvernement en 2018 démontre qu’il n’existe aucun lien direct automatique entre la création d’une telle infrastructure et l’emploi ou l’activité économique. » Pourtant, Martial Gerlinger précise que « près de 50% des 1 000 emplois créés bénéficient aux habitants du Tarn et de l’Occitanie ». Il a ajouté que le projet a permis à 71 personnes éloignées de l’emploi de retrouver une activité professionnelle, représentant 140 000 heures d’insertion, avec un taux de réussite de 80%.
Cependant, pour La Voie est Libre, ces chiffres doivent être nuancés. « Ce type de chantier nécessite du personnel qualifié, rarement issu du territoire concerné par les travaux », déclare le collectif. Les militants dénoncent également des « contrats précaires, habilement appelés “CDI de chantier” », qui ne créeraient pas de véritable dynamique durable pour l’emploi local.
Enfin, le collectif affirme que les retards s’accumulent. « Le dernier planning montre une moyenne d’un an de retard sur une trentaine d’ouvrages depuis le début des travaux », indique La Voie est Libre, qui souligne également des difficultés de recrutement et d’organisation : « Peut-on expliquer ces retards par l’incapacité à mobiliser suffisamment de personnel qualifié localement ? »
Les responsables d’Atosca n’en démordent pas et se montrent confiants quant au respect des délais globaux. Walter Guyonvarch a ainsi assuré que « les travaux suivent leur planning initial, avec une mise en service prévue pour décembre 2025 ». Il détaille d’ailleurs les prochaines étapes : la fin des fouilles archéologiques en janvier 2025, les aménagements paysagers au printemps 2025 et l’installation des équipements nécessaires à l’exploitation, tels que les portiques de péage.
Si l’autoroute A69 se dessine progressivement à travers la campagne du Tarn, les opposants n’ont pas dit leur dernier mot. Pour rappel, trois recours sur le fond sont toujours en attente de jugement. L’audience sur le recours en annulation de l’autorisation environnementale est d’ailleurs prévue le lundi 25 novembre, au tribunal administratif de Toulouse.
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