Le bras de fer continue entre Atosca, le concessionnaire de l’A69, et le collectif La Voie est Libre, qui s’oppose à la construction de l’autoroute ; tandis que le premier assure que la mise en service aura bien lieu à la fin de l’année 2025, le second dénonce des retards significatifs des travaux.
Le projet de l’autoroute A69, reliant Castres à Toulouse, est au cœur de vives controverses depuis plus d’un an entre Atosca, concessionnaire et exploitant, et La Voie est Libre, un collectif opposé au chantier. Cette fois-ci, les deux camps sont en désaccord sur l’avancement et la transparence des travaux. En effet, selon les opposants de l’A69, le chantier est en retard, tandis que le concessionnaire reste optimiste et assure que l’autoroute sera livrée fin 2025.
Dans un communiqué de presse du mardi 25 juin dernier, La Voie est Libre accuse Atosca de mentir sur l’avancement des travaux de l’A69. Selon le collectif, le concessionnaire aurait exagéré les progrès réalisés pour, dans le cadre du recours déposé par les opposants, « influencer les politiques et le tribunal administratif, sachant qu’il serait remboursé en cas d’annulation de l’Autorisation environnementale. »
« La moitié du chantier n’est pas commencée ! » affirme La Voie est Libre, soulignant que « 17 des 43 kilomètres d’infrastructure neuve sont exempts de toute activité de terrassement. » De plus, ils soutiennent que « près de 50% du tracé est épargné par les travaux, » contredisant ainsi les déclarations d’Atosca lors d’un point sur l’avancée du chantier fait au début du mois de juin.
Pour rappel, Martial Gerlinger, directeur général d’Atosca, avait alors affirmé : « Le chantier bat son plein ! » Avant de souligner que 60% des ouvrages étaient déjà engagés ou réalisés. De son côté, Walter Guyonvarch, directeur de projet chez NGE (constructeur de l’A69), avait ensuite annoncé que 100% des 53 kilomètres de linéaires en construction étaient en travaux, avec des avancées notables comme le franchissement de la voie ferrée déjà achevé et le viaduc de l’Agout en bonne voie d’achèvement d’ici la fin de l’année.
Seulement, certains de ces chiffres semblent un peu trop optimistes. La Voie est Libre, ayant consulté les plannings des travaux de l’A69 datant d’avril 2023 et ceux d’avril 2024, avance alors que, contrairement à ce qu’avait annoncé le concessionnaire, « plus de 70% des 88 ouvrages d’art listés dans les plannings ont des mois, voire un an de retard, par rapport aux prévisions initiales. »
De son côté, Atosca admet une certaine confusion lors de la communication publique. « Lors de la conférence de presse, il y a eu une incompréhension sur le pourcentage des terres prêtes et des ouvrages en cours. 100% des ouvrages sont en cours de réalisation. Cela concerne donc les ponts, les tunnels et les échangeurs. En revanche, pour ce qui concerne la route, 80% des terrains sont prêts pour les terrassements, et 30% des déblais/remblais ont été réalisés », détaille la société.
Atosca poursuit en expliquant que le projet avance selon le planning prévu. Le concessionnaire reconnaît tout de même que le calendrier fait face aux défis posés par les conditions météorologiques, les manifestations et les acquisitions de terrains, mais affirme qu’elle s’adapte à ces obstacles, quoi qu’il arrive.
« Ce planning, bien que théorique, est piloté avec agilité, » a déclaré un représentant d’Atosca. En effet, le premier calendrier datant du mois d’avril 2023 correspond à un document provisoire que toute société de construction réalise au début d’un chantier. « Ce planning, élaboré par notre “cellule méthode”, composée de six personnes, est ajusté quotidiennement en fonction des aléas. Par exemple, en cas de mauvaises conditions météorologiques, nous réorganisons les tâches pour avancer sur d’autres fronts », explique le concessionnaire. Il poursuit : « Si un ouvrage prévu en avril n’a pas été achevé, cela ne signifie pas que le chantier n’a pas progressé ailleurs. Et ce n’est pas grave. Notre objectif reste une mise en service fin 2025. »
Il reste encore quelques obstacles sur le tracé de l’autoroute. Mais rien de bien alarmant pour la société : « Certains jalons restent incontournables, comme les diagnostics archéologiques près de la ZAD. En cas de manifestations, nous arrêtons le chantier ou travaillons sous la protection des forces de l’ordre. Concernant les propriétés non acquises, nous négocions actuellement à l’amiable avec les propriétaires, bien que des procédures d’expropriation soient en cours. Mais tout se passe plutôt bien pour le moment. »
Parallèlement, les militants anti-A69 continuent de lutter contre le projet. Pour eux, « Atosca ment sur l’avancement des travaux et sur les dépenses engagées, pour laisser croire à l’irréversibilité des travaux. » Ils annoncent : « Nous exigeons qu’ils communiquent sur la réalité du chantier ! Nous demandons à nouveau la suspension des travaux jusqu’au jugement du recours en annulation de l’autorisation environnementale et le temps d’une expertise socio-économique de l’Inspection générale de l’environnement et du développement durable (IGEDD), pour préserver les nombreux kilomètres d’espaces non impactés à ce jour. L’opposition ne faiblira pas, il est temps de suspendre enfin ce projet rempli de mensonges. »
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