Les Halles de la Cartoucherie accueilleront le 25 mai le “Mouvement Restaure” pour une journée de sensibilisation aux violences en cuisine encore très nombreuses en France. Professionnels comme passionnés sont invités à échanger et à se questionner sur cette problématique qui gangrène le secteur.
« Donner la parole aux victimes et apporter des solutions », tel est l’objectif de la journée de sensibilisation aux violences en cuisine qui aura lieu le 25 mai, aux Halles de la Cartoucherie de Toulouse. Cet événement est organisé par le “Mouvement Restaure”, tout juste né en novembre 2024 d’une collaboration entre cinq associations professionnelles, qui accompagnent le secteur de la restauration à évoluer, notamment dans les domaines de l’inclusivité et du bien-être au travail. Au programme de 12h à 19h : un déjeuner végétal à six mains, des ateliers de sensibilisation, une table ronde de témoignages sur les violences en cuisine, ou encore des expositions sonores d’autres récits. En bref, « remettre en lumière ce sujet bien méconnu », explique Iris Liberty, responsable de Mouvement Restaure.
Si les médias relayent largement les pratiques abusives et violentes dans le monde de la restauration au travers de témoignages depuis plusieurs années, aucun chiffre précis n’a jamais été donné. Le chef cuisinier Eloi Spinnler avait, par exemple, fait part publiquement de son expérience personnelle. Ce dernier avait confié avoir été harcelé physiquement et verbalement lors de sa première année d’apprentissage à 13 ans. Le Mouvement Restaure projette donc la réalisation d’une étude afin de mesurer l’ampleur de ce phénomène encore trop présent dans le secteur.
À l’heure où le bien-être au travail est un sujet central, le secteur semble effectivement résister, et ce pour plusieurs raisons selon Iris Liberty. « Depuis l’époque d’Escoffier, l’organisation des cuisines est très hiérarchisée avec des chefs, des sous-chefs, des brigadiers… Nous sommes donc très proches de celle des militaires. C’est un modèle efficace mais impitoyable », explique d’abord Iris Liberty.
Les écoles hôtelières ne bénéficient pas non plus de formations pour gérer le stress important qui accompagne le métier ou de management, comme le déplore la responsable du Mouvement Restaure. « Pourtant, il y a beaucoup de contraintes, comme des horaires décalés, des coups de feu, et beaucoup de pression due à la valorisation du métier dans les médias, sur les réseaux sociaux, à la notation des clients en ligne », ajoute-t-elle.
Le chef du groupe de restaurants Bonaloi, Eloi Spinnler, fait partie de ceux qui ont payé les frais d’une mauvaise gestion du stress : « Lors de mes premières expériences, j’arrivais avec la boule au ventre. Certains chefs peuvent avoir des gestes agressifs comme par exemple taper une casserole très fort sur la table. Et même, faire preuve de violence physique : une réprimande voir des insultes, et parfois un coup de poing », raconte-t-il. Aujourd’hui membre du Mouvement Restaure, ce dernier a pris conscience de la problématique : « Je suis d’un naturel assez susceptible donc j’ai mal vécu ces brimades. Mais ce qui m’a choqué, c’est quand j’ai commencé à répéter les actes que j’avais subi. Je ne voulais pas faire souffrir les gens, cela a été un déclic ! Je ne voulais pas être à l’origine du mal-être de mes collaborateurs. »
À travers la journée de sensibilisation aux Halles de la Cartoucherie, le Mouvement Restaure n’entend pas seulement dénoncer ces diverses violences, mais proposer des solutions aux personnes qui en sont victimes. Cet événement sera donc l’occasion de présenter un dispositif d’accompagnement dédié. « L’objectif est de recenser les différentes ressources à disposition des victimes : rappeler le cadre légal, les aides possibles, et surtout, écouter », précise Iris Liberty.
Pour faire évoluer le métier à la racine, le Mouvement Restaure propose déjà des formations de management « plus juste ». Des formations de sensibilisation aux violences sexistes et sexuelles sont également proposées.
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