La nouvelle école Casa 93 Mirail, qui vient d’ouvrir ses portes à Toulouse, forme aux métiers de la mode des jeunes issus de quartiers prioritaires de la politique de la ville ou en décrochage scolaire. Gratuite et sans condition de diplôme, la structure a pour objectif de les insérer sur le marché du travail.
Une école de mode d’un nouveau genre a ouvert fin octobre à Toulouse. Casa 93 Mirail, c’est son nom, est gratuite et sans condition de diplôme. Il n’est même pas nécessaire de savoir coudre pour y entrer. Les seuls critères d’admission : avoir entre 18 et 25 ans et être créatif. Cette école est en fait l’antenne toulousaine de Casa 93, créée par Nadine Gonzalez en 2017 à Montreuil en Seine-Saint-Denis.
Cette ancienne journaliste de mode a voulu exporter son concept face à la forte demande. Son école attire en effet de nombreux jeunes à travers la France. « Nous recevons entre 800 et 1 000 candidatures par an, dont beaucoup proviennent du Sud », indique Anne Péchoux, la coordinatrice générale du projet toulousain. Nadine Gonzalez a ainsi décidé d’ouvrir une seconde école dans le quartier du Mirail à Toulouse.
Si l’ancienne journaliste a choisi le Mirail, ce n’est pas par hasard. « Il est l’un des plus grands quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) de France », souligne Anne Péchoux. Casa 93 n’est en effet pas une simple école de mode. La structure porte aussi un projet social. Elle se veut un véritable tremplin professionnel pour ceux qui ne trouvent pas leur place dans le système scolaire.
« Notre objectif est de détecter, former, promouvoir et insérer des jeunes sur le marché du travail », précise la coordinatrice générale de l’antenne toulousaine. Des jeunes aux profils atypiques rejoignent ainsi les bancs de l’école de mode. « Ils sont pour la plupart en difficulté financière, en perte de repères, en décrochage scolaire et issus des quartiers prioritaires », détaille Anne Péchoux.
C’est notamment le cas pour plusieurs des 14 jeunes qui constituent la première promotion de Casa 93 Mirail, parrainée par les stylistes français Marithé et François Girbaud. Au total, ces élèves vont suivre une formation de 500 heures sur 12 mois. Certifiée, mais pas certifiante, elle se déroule en trois étapes : la découverte, l’expérience, l’insertion. Les élèves découvrent pour le moment les outils de création et les différents métiers de la mode.
Lors de la seconde étape de leur formation, ils devront créer ensemble une collection de vêtements qui sera présentée en juillet à l’occasion d’un défilé de mode dans les locaux de l’école. Certaines de leurs créations voyageront ensuite jusqu’à Paris. Elles seront effectivement intégrées à la collection officielle de Casa 93 qui sera dévoilée au Palais de Tokyo, à Paris, en septembre.
Les jeunes toulousains vont aussi décorer une vitrine des Galeries Lafayette et réaliser des projets pour des entreprises locales, notamment de petites collections. « Nous allons entre autres collaborer avec Laines Paysannes, Atelier Tuffery et le Stade Toulousain », annonce Anne Péchoux. Grâce à ces partenariats, les élèves pourront se familiariser avec les filières textiles régionales comme la laine, le pastel et le chanvre.
Ils vont par ailleurs s’entraîner à l’upcycling. « Avec la loi AGEC (Anti-gaspillage pour une économie circulaire, NDLR), les entreprises ont interdiction de détruire leurs invendus. Elles doivent donc trouver quoi faire de leur production restante. L’upcycling est une des solutions que peuvent leur apporter les jeunes de Casa 93 », estime la coordinatrice générale.
Enfin, l’école guidera les élèves de la promotion toulousaine dans leur orientation lors du troisième et dernier cycle de la formation. « Sur deux mois, nous les accompagnerons dans leur recherche de structures et d’entreprises au sein desquelles ils pourront poursuivre leurs études, réaliser un stage ou être embauchés », explique Anne Péchoux. Ces jeunes peuvent avoir de l’espoir.
Le concept de Casa 93 semble porter ses fruits. « Un tiers des jeunes formés reprend des études, un autre tiers entreprend en créant sa marque ou en rejoignant un collectif et le dernier tiers est inséré sur le marché du travail », révèle la coordinatrice générale. Nadine Gonzalez avait aussi obtenu de bons résultats avec son école de mode au Brésil. Elle n’en est effectivement pas à son coup d’essai avec Casa 93.
L’ancienne journaliste avait en effet monté une première école de mode, Casa Geração, dans une favela à Rio. « Elle a formé des femmes des quartiers défavorisés, notamment des prisonnières et des prostituées, aux métiers de la mode », raconte Anne Péchoux. Après avoir testé ce concept au Brésil, Nadine Gonzalez décide de continuer l’aventure en France.
En 2017, l’ex-journaliste implante son modèle d’école de mode en Seine-Saint-Denis, mais vise cette fois les jeunes de 18 à 25 ans. À Toulouse, Casa 93 a reçu le soutien des collectivités locales, notamment de Toulouse Métropole, du Département de la Haute-Garonne et de la Région Occitanie, mais aussi de plusieurs entreprises privées.
Commentaires
Brachi Laurence le 16/02/2025 à 15:24
Un très beau reportage qui a retenu tte mon attention.
Des jeunes ambitieux et passionnés par la mode. Un nouveau souffle qui leur est offert !
Bravo