Change.org ou Mesopinions.com pour les plus connus… Ces sites de pétitions en ligne ont la cote auprès des internautes, notamment à Toulouse. Qu’il s’agisse de défendre les droits de minorités, de soutenir un lieu culturel, de protester contre un projet structurant de la ville ou encore de demander l’arrêt d’une pratique controversée, de nombreuses pétitions concernent la Ville rose. Voici celles qui ont eu le plus de retentissement à Toulouse.
Alpha est Guinéen. Il est étudiant à l’université Toulouse-Jean-Jaurès où il prépare une licence de cinéma et audiovisuel. Mais il se trouve en situation irrégulière. Arrivé en France en 2018, il a vu sa demande d’asile rejetée par la préfecture. Pour rester dans l’Hexagone, il a ensuite demandé un titre de séjour étudiant. Une requête qui a été examinée par le tribunal administratif de Toulouse le 6 octobre dernier. Pour le soutenir dans sa démarche, le collectif étudiant anticapitaliste et révolutionnaire “Le Poing levé” du Mirail lançait un appel au rassemblement, devant la salle d’audience, par le biais d’une pétition qui a rassemblé 11 668 signatures.
Dans une pétition diffusée le 22 janvier 2021, le collectif toulousain d’artistes Mix’Art Myrys demandait à la Mairie de Toulouse d’effectuer des travaux de mise en conformité des locaux mis à leur disposition, au 12 rue Ferdinand Lassalle. Une requête qui a été déboutée par la collectivité et qui est pourtant la raison évoquée pour justifier la fermeture administrative du lieu. La municipalité estimait alors que le bâtiment « était dangereux tant au quotidien pour les membres du collectif, que pour le public accueilli lors de spectacles (…) et pour les pompiers en cas de sinistre ». Malgré le soutien de 12 115 internautes, l’association n’a pas pu se maintenir dans ses locaux. Elle s’est vue depuis proposer un potentiel déménagement à Ramonville-Saint-Agne.
Le 23 septembre 2021, le collectif “Pride 2021 en danger” interpellait les Toulousains quant à une décision préfectorale visant à interdire la Marche des Fiertés dans le centre de la Ville rose. En effet, la préfecture de Haute-Garonne avait souhaité que le défilé emprunte les boulevards extérieurs “pour des raisons de sécurité publique et sanitaires”. Vent debout contre cette décision, les organisateurs publiaient une pétition en ligne qui a recueilli 12 784 signatures, parallèlement aux discussions entamées avec les services de l’État. Des actions concomitantes qui ont permis d’obtenir gain de cause puisque la Marche des fiertés a bien eu lieu en centre-ville de Toulouse le 9 octobre 2021.
Le 23 mars 2021, se tenait à Toulouse le procès de 16 militants défendant le droit des personnes en situation de handicap. Ils étaient accusés d’avoir entravé la circulation aérienne en envahissant les pistes de l’aéroport de Blagnac, et d’avoir bloqué le départ d’un train en gare de Toulouse-Matabiau. Ces actions menées en 2018, reconnues par les prévenus, visaient à dénoncer le non-respect de la règlementation en matière d’accessibilité. Des manquements qui ont à nouveau été constatés au tribunal où la situation de handicap des militants n’avait pas été prise en compte. Dès le lendemain du procès, une pétition a été publiée pour réclamer “une justice accessible à tous”. Elle a été signée par 20 577 internautes.
Au matin du 10 mai 2020, une famille toulousaine, habitant avenue de Lardenne, a découvert avec horreur que ses animaux domestiques avaient été tués dans la nuit. “Des personnes se sont introduis dans notre propriété”, constate Isabelle. Au-delà de la perte de ses fidèles compagnons, elle interpelle les internautes quant au problème plus large de l’insécurité dans son quartier. “Que ce serait-il passé si nous étions sortis? Ces barbares s’en seraient-ils pris à nous? Le sentiment d’insécurité progresse et nous nous sentons désemparés face à des agressions de plus en plus fréquentes”, poursuit-elle. Pour les dénoncer, elle a lancé une pétition sur le site mesopinions.com qui a récolté 20 651 signatures.
Infirmière à l’hôpital des enfants de Toulouse depuis 2007, Élodie s’est vue notifier son licenciement pour “abandon de poste” par la direction du CHU en novembre dernier. Soutenue par la CGT, qui a lancé une pétition en ligne ayant reçu 46 216 soutiens, elle affirme être en arrêt maladie suite à un épuisement professionnel. Une bataille judiciaire s’engage alors entre l’infirmière et son employeur. En décembre 2021, le tribunal administratif de Toulouse suspendait l’exécution de la décision de radiation, mais le centre hospitalier a annoncé faire appel. L’affaire est toujours en cours.
Arrivé en France en 2011 en provenance du Sénégal, Jean bénéficiait d’une carte de séjour “vie privée et familiale” obtenue suite à son mariage avec une ressortissante française. Mais, après son divorce, son autorisation n’est pas renouvelée. Alors en situation irrégulière, il perd son emploi d’agent des services hospitaliers dans un Ephad et, est sommé de quitter le territoire. Mais Jean souhaite rester en France et demande un nouveau titre de séjour “salarié”, en fournissant une promesse de son ancien employeur de le réintégrer dès sa régularisation effectuée. Autorisation refusée en 2016 par la préfecture de Haute-Garonne. Pour demander à cette dernière de revenir sur sa décision, une pétition en ligne est publiée le 13 octobre 2016. Elle récolte 52 803 signatures. L’histoire ne dit pas si cette action aura influencé les services de l’État mais, en 2019, Jean a obtenu son titre de séjour.
Le 8 février 2020, une pétition intitulée “Non au déboisement dans la forêt de Bouconne” est publiée en ligne par des “citoyens engagés”. Ces derniers s’y indignent des nombreux abattages d’arbres qui y ont lieu. “Nous constatons que d’importantes coupes de bois sont effectuées dans le massif forestier de Bouconne et observons que ce phénomène s’intensifie. De plus en plus d’immenses zones au milieu de la forêt sont entièrement déboisées, les coupes ne sont pas sélectives, les sols sont endommagés par les engins”, expliquent-ils. Ils dénoncent alors une action “irresponsable” devant l’urgence climatique, la destruction d’habitats naturels et le préjudice patrimonial. Cet appel a été entendu par 54 882 internautes qui ont signé la pétition.
La parution, il y a un mois du livre “Les Fossoyeurs” de Victor Castanet, ouvrait publiquement la question de la maltraitance des personnes âgées dans les Ehpad. Mais cette problématique ne date pas d’hier. En juillet 2017, Malika Tlemsani postait une pétition sur la plateforme change.org au sujet de suspicions de sévices ou de graves négligences dont sa mère aurait été victime. Cette vieille dame, alors âgée de 91 ans, qui aurait, selon sa fille, subi des mauvais traitements, et ce dans plusieurs établissements de la région toulousaine. Malika Tlemsani en donnent les détails dans la pétition, qui a suscité un regain d’intérêt chez les internautes ces dernières semaines, pour atteindre les 58 049 signatures. Et le compteur ne cesse de grimper…
Et c’est finalement la défense des animaux qui remporte le plus de plébiscites. En effet, deux pétitions ont été mises en ligne sur mesopinions.com pour dénoncer les cirques exploitant des animaux ou pour demander des cirques sans animaux à Toulouse, c’est selon. La première, postée en février 2020, est adressée au maire de la ville, Jean-Luc Moudenc, pour exiger “un arrêté municipal interdisant les cirques avec des animaux sauvages sur le territoire de Toulouse”. La seconde, publiée en avril 2016, exhorte Françoise Roncato, alors adjointe au maire de Toulouse, en charge de l’animal dans la ville, de “prendre instamment toutes mesures permettant l’interdiction progressive de l’exhibition des animaux sauvages dans les spectacles itinérants”. Elles ont respectivement récolté 46 194 et 40 725 signatures. Soit un total de 86 919 soutiens.
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