Rentrée littéraire : les 5 meilleurs romans selon la librairie Ombres Blanches de Toulouse
En cette rentrée littéraire, le Journal Toulousain est allé à la rencontre de Nicolas, libraire à Ombres Blanches de Toulouse. Il dévoile ses cinq romans coup de cœur pour vous aider à choisir vos futures lectures parmi les 466 ouvrages dont la sortie est prévue d’ici octobre.

La rentrée littéraire est un moment très attendu par les bibliophiles. Tous les ans, des centaines de romans font leur apparition dans les librairies entre août et octobre. Cette année, ce sont 466 livres que les lecteurs vont pouvoir dévorer. Du côté de Toulouse, la librairie Ombres Blanches, située à quelques pas de la place du Capitole, en propose une quarantaine. Et pour l’occasion, Le Journal Toulousain a rencontré Nicolas, libraire dans l’établissement. Ce passionné a fait une sélection subjective des meilleurs romans français à ne pas rater.
“Pauvre folle” de Chloé Delaume, un livre féministe pour la rentrée littéraire
Cette année, le thème majeur de la rentrée littéraire est celui des relations amoureuses, comme l’explique Nicolas d’Ombres Blanches. « Mais ces romans sortent des histoires ordinaires. Ils revisitent l’essence même du couple », précise le libraire. C’est le cas notamment du livre “Pauvre folle” de Chloé Delaume. La romancière française apporte une vision féministe « douce » tout en proposant « de la finesse et du rythme ». « J’ai retenu cet ouvrage, car il est plus facile pour moi, un homme cinquantenaire, de comprendre le féminisme de Chloé Delaume que celui d’écrivaines plus jeunes, qui cherchent à bousculer avec agressivité. Elle offre vraiment un regard accessible sur le féminisme », ajoute le libraire.
Synopsis : Dans toutes les histoires d’amour se rejouent les blessures de l’enfance : on guérit ou on creuse ses plaies. Pour comprendre la nature de sa relation avec Guillaume, Clotilde Mélisse observe les souvenirs qu’elle sort de sa tête, le temps d’un voyage en train direction Heidelberg. Tandis que par la fenêtre défilent des paysages de fin du monde, Clotilde revient sur les événements saillants de son existence. La découverte de la poésie dans la bibliothèque maternelle, le féminicide parental, l’adolescence et ses pulsions suicidaires, le diagnostic posé sur sa bipolarité. Sa rencontre, dix ans plus tôt, avec Guillaume, leur lien épistolaire qui tenait de l’addiction, l’implosion de leur idylle au contact du réel. Car Guillaume est revenu, et depuis dix-sept mois Clotilde perd la raison. Elle qui s’épanouissait au creux de son célibat voit son cœur et son âme ravagés par la résurgence de cet amour impossible. La décennie passée ne change en rien la donne : Guillaume est toujours gay, et qui plus est en couple. Aussi, Clotilde espère, au gré des arrêts de gare, trouver une solution d’ici le terminus.
“La foudre”, un roman de Pierric Bailly
Le roman suivant, “La foudre” de Pierric Bailly, amène le lecteur dans les estives des Alpes où le personnage principal est berger. Celui-ci vit entre deux mondes : celui des plateaux montagneux l’été et sa vie de famille en plaine l’hiver. Mais un jour, une vieille connaissance refait irruption dans sa vie. Les fantômes du passé, voilà un sujet intéressant selon Nicolas. Le libraire précise : « J’ai lu le livre en une journée, je ne pouvais plus m’arrêter. L’écriture est fluide et on a l’impression d’être ami avec le personnage principal. Ce roman est fascinant parce qu’il amène à réfléchir à nos propres expériences et nos appréhension du passé. On se met facilement à la place du personnage principal. »
Synopsis : Il est quand même tard pour appeler, je me rabats sur un SMS. Je dis à Nadia que je viens d’apprendre pour Alexandre et que je suis stupéfait, c’est le mot que j’emploie, il ne convient peut-être pas très bien mais j’ai du mal à trouver une formule adaptée. S’il était mort ou s’il avait subi un accident, ça viendrait facilement. On sait comment s’adresser à l’entourage des victimes, on sait quoi dire à ceux qui vont mal, à ceux qui souffrent. Mais qu’est-ce qu’on écrit à la femme d’un assassin ?
Un roman politique avec “Que notre joie demeure” de Kévin Lambert

Le roman suivant est un ouvrage social et politique. Dans “Que notre joie demeure”, Kévin Lambert dépeint l’aristocratie québécoise en suivant le personnage d’une femme puissante. Celle-ci est reconnue dans le monde de l’architecture. Et dans son univers, elle ne côtoie que des familles qui font partie des 1% les plus riches, imbus de leur personne et peu enclin à la compassion ou à l’altruisme. L’écriture de Kévin Lambert a séduit le libraire : « Ces personnages-là, l’écrivain les rend sympathiques. Pourtant, du point de vue des classes moyennes ou inférieures, ce sont des “ordures”, qui empochent des millions sur le dos de ceux qui travaillent. L’auteur entretient une certaine fascination pour ce milieu. »
Synopsis : Architecte millionnaire partie de rien, Céline Wachowski a sa série sur Netflix et des contrats dans le monde entier. Égérie de la modernité, elle est convaincue d’apporter de la beauté au monde. Mais voilà, son projet le plus ambitieux est stoppé net par une polémique : accusée de favoriser la gentrification, elle voit condamnées sa stratégie et ses méthodes de travail. En quelques jours, elle est renvoyée de sa propre entreprise, et amorce une traversée du désert qui l’amène à une méditation sur la culpabilité. Quand l’élite perd pied, quel récit conçoit-elle pour justifier ses privilèges et asseoir sa place dans un monde dont elle a elle-même établi les règles ? « Il faut rester attentifs aux rayons noirs qui parviennent du fond des âges et continuent d’obscurcir notre monde trop blanc, trop clair, Céline sait défendre la nécessité de l’opacité, c’est un réflexe naturel, presque vital chez elle. »
Le coup de cœur à Ombres Blanches : “L’enfant dans le taxi”, Sylvain Prudhomme
Le roman, “L’enfant dans le taxi” de Sylvain Prudhomme, a fait l’unanimité des employés de la librairie Ombres Blanches à Toulouse grâce à son histoire sincère et humaine. Celle-ci prend place plusieurs années après une aventure entre une jeune fille de la campagne et un jeune homme. Le petit-fils de ce dernier découvre tardivement l’existence d’un enfant né de cette idylle. Mais le sujet est tabou dans sa famille. « Après avoir découvert l’existence de ce fils illégitime, le personnage principal se pose pleins de questions. Le roman est ainsi construit autour de ce secret de famille et de l’exploration de l’inconnu », raconte le libraire. « C’est touchant, c’est juste, et les personnages sont attendrissants. C’est toute la richesse de Sylvain Prudhomme », sourit Nicolas.
Synopsis : « Je sais seulement que cela fut. Que ces deux bouches un jour de printemps s’embrassèrent. Que ces deux corps se prirent. Je sais que Malusci et cette femme s’aimèrent, mot dont je ne peux dire exactement quelle valeur il faut lui donner ici, mais qui dans tous les cas convient, puisque s’aimer cela peut être mille choses, même coucher simplement dans une grange, sans autre transport ni tendresse que la fulgurance d’un désir éphémère, l’éclair d’un plaisir suraigu, dont tout indique que Malusci et cette femme gardèrent longtemps le souvenir. Je sais que de ce plaisir naquit un enfant, qui vit toujours, là-bas, près du lac. Et que ce livre est comme un livre vers lui. »
Démêler le vrai du faux avec “N’ajouter rien” de Fabrice Chillet

Autre roman de la rentrée littéraire : “N’ajouter rien” de Fabrice Chillet. « Cette histoire est incroyable », s’exclame le libraire en présentant l’ouvrage, avant d’ajouter : « Ce livre entretient un espèce de flou entre la vraisemblance et la fiction. » En effet, à travers une histoire de vol de livre, les lecteurs font la connaissance des protagonistes Christian Costa et Guillaume Daban. Tous deux sont des personnes réelles que Fabrice Chillet met en scène dans une histoire romancée. « Mais la narration et l’intrigue sont ainsi faites que le lecteur en arrive à se demander : qu’est-ce qui est vrai ? » s’amuse Nicolas. « Bien tenu », le roman laisse ainsi planer le doute.
Synopsis : Fabrice Chillet se fait voler un livre dans une brasserie, “L’Été, deux fois”, publié aux Éditions de Minuit, fin des années 1980. Notre auteur part en quête pour retrouver ce roman qui se révèle aussi évanescent que fascinant. Entre portes closes et chausse-trappes, tout semble un temps se dénouer grâce au mystérieux Daban. Gardien du temple et ultime détenteur d’un roman unique et introuvable dont l’auteur semble sans cesse se dérober. Ainsi naît une fascination littéraire, ainsi naissent les fétiches dans ce jeu de mise en abîme.

Mention spéciale pour “Trust” le roman de l’auteur américain, Hernan Diaz
“Trust” de Hernan Diaz est un roman tiré de la littérature américaine que Nicolas recommande fortement. L’auteur, né en Argentine, casse les clichés de l’écriture romanesque d’outre-Atlantique selon le libraire. En effet, l’écrivain présente d’abord un récit qui prend place lors du crack boursier de Wallstreet. Le lecteur découvre ainsi l’histoire d’un homme ayant fait fortune. « C’est un homme profondément seul, qui rencontre une fille étant son total opposé. Passionnée par la littérature, la musique et les arts en général, elle est rongée par la mélancolie. Ce qui la mènera dans un sanatorium », raconte Nicolas. Mais, l’ouvrage est découpé en trois partie dans lesquelles chaque personnage devient tour à tour le narrateur. La même histoire est ainsi contée de trois points de vue différents. « On dévore le livre parce qu’à chaque fois que l’on entame une nouvelle partie, on ne sait pas à quoi s’attendre. L’auteur créé la surprise et remet en question tous les codes de la fiction. Il déplace sans cesse le curseur de la réalité », explique Nicolas.
Synopsis : New York enflait de l’optimisme tapageur de ceux qui croient avoir pris de vitesse le futur”. Wall Street traverse l’une des pires crises de son histoire. Nous sommes dans les années 1930, la Grande Dépression frappe l’Amérique de plein fouet. Un homme, néanmoins, a su faire fortune là où tous se sont effondrés. Héritier d’une famille d’industriels devenu magnat de la finance, il est l’époux aimant d’une fille d’aristocrates. Ils forment un couple que la haute société new-yorkaise rêve de côtoyer, mais préfèrent vivre à l’écart et se consacrer, lui à ses affaires, elle à sa maison et à ses œuvres de bienfaisance. Tout semble si parfait chez les heureux du monde… Pourtant, le vernis s’écaille, et le lecteur est pris dans un jeu de piste. Et si cette illustre figure n’était qu’une fiction ? Et si derrière les légendes américaines se cachaient d’autres destinées plus sombres et plus mystérieuses ?
Toute la sélection des romans la rentrée littéraire est disponible dans les rayons de la librairie Ombres Blanches à Toulouse.
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